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Vagues migratoires italiennes après 1945 : L’étrangeté italienne à travers les limites du belge familier

Étude de cas : Vagues migratoires italiennes après 1945 : L’étrangeté italienne à travers les limites du belge familier. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  17 Septembre 2019  •  Étude de cas  •  2 566 Mots (11 Pages)  •  706 Vues

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Faculté de philosophie et sciences sociales

Anthropologie du proche SOCA-D-323

Examen Août 2019

Vagues migratoires italiennes après 1945 : L’étrangeté italienne à travers les limites du belge familier

Professeur : Sacha Newell

Orlando Elisa (BA3-SOCA-A)

000443315

Année académique 2018 - 2019

  1. Introduction

A plusieurs reprises au cours du temps, l’histoire de la Belgique s’entremêle à celle de l’Italie. Néanmoins, cette combinaison de deux cultures différentes ne sera pas toujours synonyme d’amour et d’accueil.

Conséquences de nombreux actes terroristes perpétrés dans le monde entier ainsi qu’au climat actuel des migrations de masse, une certaine forme de racisme s’est développée au fil des décennies jusqu’à se faire appeler « racisme ordinaire ». J’ai trouvé qu’il était alors intéressant de replonger dans le passé afin de constater que l’Histoire ne pouvait être qu’un cycle capable de se répéter éternellement si nous ne prenions pas en compte et analysions les erreurs commises par nos aïeux.

L’un des objectifs de cet essai est alors d’apporter des explications et exemples anthropologiques à des faits historiques.

Lors de mes recherches, une seule question me revenait toujours à l’esprit : « Quel a été l’impact des vagues migratoires italiennes en Belgique sur le  comportement  des  Belges  envers  les  Italiens ? » Plus précisément, comment s’est déroulée la cohabitation entre ces deux cultures, quels stéréotypes et perceptions se sont créés, et que cela a-t-il engendré sur la société ?

Afin de structurer mes recherches, je me suis concentrée sur la période du 20e siècle, là où les habitants de la Péninsule ont commencé à arriver en masse et à déranger les habitudes du Royaume. Ma source principale d’information pour cette période est issue du livre « Histoire des Italiens en Belgique : De César à Paola » de Arcangelo Petranto’, rédigé en l’an 2000.

Dans un premier temps, mon sujet commencera par un bref rappel historique afin de remettre la situation que nous allons analyser en contexte. Par la suite, je compte explorer, au travers de la théorie de Lila Abu-Lughod - sur les groupes subalternes marqués en opposition aves les groupes non marqués, - la construction de l’autre à travers la construction du soi, en prenant comme appui  le texte de Jane Hill « Language, Race and White Public Space ».

Dans un deuxième temps, j’énumérerai plusieurs stéréotypes sur les Italiens qui se sont construits à cause des conditions sociales dans lesquelles ils ont été accueillis et sur les perceptions engendrées en m’appuyant sur Gramsci et la théorie de Oscar Lewis sur la culture de la pauvreté.

Dans un troisième temps, j’établirai un lien entre l’échange de don expliqué par Mauss ainsi que le don comme création du lien social expliqué par Levi-Strauss, et les bénéfices apportés grâce aux interactions entre les Italiens de Belgique et les Belges pour la société.

Dans un dernier temps, je présenterai le rituel de passage, d’abord établi par Van Gennep, et puis repris et développé par Turner, pour expliquer ce qu’ont vécu les Italiens de Belgique qui ont été envoyés pour travailler dans les mines de charbon.

  1. Rappels historiques

  1. Du 19e siècle à la deuxième Guerre Mondiale

Une communauté italienne, bien que restreinte, était déjà bien établie en Belgique. Ils sont arrivés au fil des siècles grâce à leurs parents, grand-parents et ancêtres, qui ont vu en cette terre - qui, le 21 juillet 1831, accueilli le Roi Léopold I, premier roi des Belges - des possibilités et opportunités inouïes.

Cependant, à l’aube de la Grande Guerre, des millions d’Italiens ont quitté leurs pays. En effet, l’Italie, qui ne sera totalement unifiée qu’en 1870, vivra par la suite sa révolution industrielle  tardive ainsi qu’une crise agricole et de nombreux autres désagréments. L’Italie, en retard sur les grandes puissances industrielles européennes, n’arrivait pas à les rattraper. Cela est dû au fait que, et ce détail détermina grandement l’avenir des migrations italiennes en Belgique, la péninsule  italienne manquait terriblement de charbon, indispensable à l’époque.

En 1914, malgré des accords avec la Triplice, l’Italie se déclara neutre avant de combattre quelques mois plus tard aux cotés de la Triple-Entente. Cette victoire mutilée1 amènera les Italiens du monde entier à une profonde frustration. C’est alors qu’une révolte nationaliste s’éleva, où nombreux suivirent le président du parti fasciste, Benito Mussolini.

Mai 1945 résonna à travers l’Europe comme la libération du mouvement fasciste. Néanmoins, entre les Italiens de Belgique ayant rejoint les rangs du Duce2 et ceux, considérés comme antifascistes et donc communistes, ayant combattu aux coté des alliés, une animosité encore plus grande se créa envers ces émigrés venus de la Méditerranée. En effet, « la communauté italienne, paya un très lourd tribu pour prix de son insoumission au nazisme, mais, après la guerre, la Belgique ne lui témoigna aucune reconnaissance. » (Morelli, 1988, p196) Ces personnes ont alors subi une marginalisation déjà présente et le rejet de la part des Belges, d’autres ayant vécu jusqu’à l’expulsion de la Belgique.

  1. La reconstruction : le pacte belgo-italien

La Belgique comme l’Italie ont subi les ravages de la guerre et cherchèrent tous deux à se reconstruire. Alors que le premier pays était confronté à une pénurie de charbon à cause du refus catégorique des ouvriers belges de travailler dans les mines, (dues aux conditions de travail désastreuses et au fait qu’ils avaient acquis la sécurité sociale et d’autres avancées quelques temps auparavant)3 le second pays vivait de graves crises politiques et économiques (dont le référendum de 1946 mettant fin à la monarchie). C’est alors que le 20 juin 1946, la Belgique et l’Italie conclurent un accord : 2000 Italiens en âge de travailler seront envoyés en Belgique afin de travailler dans les mines de charbon, en échange de 200 kilos de charbon par jour et par homme.

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