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Par   •  15 Décembre 2022  •  Étude de cas  •  1 897 Mots (8 Pages)  •  1 449 Vues

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  1. ARPP n°1 :

« Entre, ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie d’entendre, ce que vous croyez entendre, ce que vous entendez, ce que vous avez envie de comprendre, ce que vous croyez comprendre, ce que vous comprenez, il y a dix possibilités que l’on ait des difficultés à communiquer, Mais essayons quand même... »
                                                                                
Bernard WERBER

Présentation du patient : 

                   Mr L. est un homme âgé de 44 ans. Il est célibataire et vie seul en appartement. Il travaille dans une usine agroalimentaire et officie en tant que sexeur de poussin. Il est actuellement en arrêt depuis 2020. Il est pris en soin au sein du service de Médecine Physique et de Réadaptation, dans le cadre d’un suivi en Hôpital de jour. Mr L. est suivi par l’équipe pluridisciplinaire à cause d’une cervicalgie et de douleurs lombaires chroniques. En effet, ses douleurs lui provoquent principalement un retentissement sur sa vie quotidienne et des restrictions de participation dans les tâches telles que : les tâches ménagères, le port des courses alimentaires, les tâches demandant de se baisser afin d’atteindre le sol, etc. De plus, il est aussi impacté dans sa productivité occupationnelle, notamment lié à son travail qu’il ne peut plus exercer depuis l’apparition de sa cervicalgie.

Le patient est vu en séance d’ergothérapie dans le but de lui permettre d’exécuter ses activités de vie quotidienne en ayant conscience et en appliquant les principes d’économie gestuelle du rachis afin de faire les mouvements sans risques accrus : cet objectif est en lien avec les objectifs du patient qui veut pouvoir réintégrer ses activités et par-dessus tout, son travail.

Situation problématique : 

Je reçois donc Mr L. lors de la première séance en salle d’ergothérapie avec son ami, Mr K. qui est présent car Mr L. ne communique pas en français. En effet Mr L. parle essentiellement le chinois, il ne comprend et ne prononce que quelques mots en français. Son ami est donc présent en qualité d’interprète afin de faciliter l’échange entre les thérapeutes et Mr L. tout au long de sa prise en soin. Cette situation m’a quelque peu déstabilisé. En effet, j’étais au courant de la situation et j’ai choisi volontairement de suivre ce patient dans le but de pouvoir me confronter à cette problématique.
Cette situation donc, m’a posé des problèmes et a soulevé chez moi un questionnement à plusieurs niveaux.

Recherche de réponses à l’aide de la littérature : 

Avant de commencer, il faut savoir que la communication est un processus par lequel des informations sont échangées entre des individus à l’aide d’un système commun (symboles, signes ou comportements). Elle se présente sous 2 formes distinctes :  la communication verbale et la communication non-verbale. Le modèle de Shannon et Weaver (1949) définit la communication comme un modèle linéaire simple de transmission de l’information avec un émetteur -> un canal de communication -> un récepteur. [pic 1]

Dans le cas de ce modèle, les auteurs nous expliquent qu’il existe une déperdition de l’information entre le codage de l’information par l’émetteur, le passage dans le canal de diffusion et le décodage de l’information par le récepteur. La déperdition peut être dû à :

  • un mauvais codage de l’information par l’émetteur lié à des facteurs tels que l’état émotionnel, la difficulté d’élocution, des présuppositions des connaissances du récepteur, une mauvaise formulation, une mauvaise conception des idées, etc.
  • des perturbations dans le canal de communication lié principalement à l’environnement (bruit ou non) et à la communication non-verbale (posture, ton de la voix, attitude, etc.)
  • un mauvais décodage du récepteur lié à des connaissances moindres, des différences culturelles, des troubles de compréhension (lésions neurologiques affectant la compréhension, troubles psychiques etc.)

Dans le cas de notre situation, le problème principal est lié à la compréhension de Mr L. (le récepteur) qui, par sa culture, ne connaît que très peu la langue française. Dans ce sens la communication est difficile à mettre en place, c’est pourquoi Mr K. est venu pour faire l’intermédiaire en traduisant les propos de chacun.

 [pic 2] [pic 3][pic 4]

Cependant, en ajoutant une nouvelle personne, on double le modèle de communication, ce qui augmente les biais de communication de façon considérable. En effet, cela entraîne une déformation conséquente de l’information que je veux transmettre à Mr L. car je dois d’abord la transmettre à son ami qui peut alors mal comprendre ou interpréter mes propos etc. Il peut ne pas avoir les connaissances pour traduire les propos plus techniques du langage médical et, lors des explications, mal les comprendre. Il peut ensuite mal les transmettre en les mêlant à ses idées, sa perception des propos et ainsi donner une version tout autre de ce que j’ai transmis de base.

Le biais qui m’a fait le plus réfléchir fût la conception des idées de Mr K., car il est une des clés de la bonne communication avec le patient. S’il n’adhère pas à mes propos et aux différents axes de la prise en soin, il peut tout à fait ne pas vouloir traduire les informations de la meilleure des façons en dénigrant les explications apportées, en les vulgarisant.

Un autre biais peut être lié à la traduction elle-même, car l'usage des mots et des expressions diffère selon les cultures et donc entre le français et le chinois. 

Rappelons tout de même que ces biais vont dans les deux sens. Il y a une perte d’information entre les propos de Mr L. et ce que je perçois, ce que je pense et ce que j’interprète. Par exemple, lors de la séance, je m’adresse aux deux hommes sur une question ouverte concernant les retentissements des douleurs cervicales dans les activités de la vie quotidienne. Mr K traduit cela, et Mr L s’exprime longuement en chinois à son ami. Lorsque Mr K prend la parole pour traduire les dires de son ami, il me répond simplement “oui, il a mal quand il se penche”. Il paraît alors évident qu’il y a eu une perte importante d’informations permettant de construire une prise en soin adaptée pour Mr L et que Mr K à voulu raccourcir afin de ne retenir que l’essentiel (selon lui). 

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