Analyse de situation: la mort d'un proche.

ANALYSE DE SITUATION

STAGE S2 N°1

Description de la situation :

J’effectue mon stage dans une unité de surveillance continue. Ce service contient 5 chambres qui accueillent des patients post opératoire de chirurgies diverses ainsi que des patients en sortie de réanimation. L’équipe soignante est composée d’une interne en médecine, d’une infirmière, d’une aide soignante, d’un étudiant en soins infirmiers et de moi-même.

Ce vendredi, je prends mon service de 12h à 19h. En entrant dans le service je suis tout de suite interpelé par l’autre étudiant qui me dit qu’il y a un patient qui nécessiterai d’être en service de réanimation mais qui faute de place est présent dans notre service. Il me présente le dossier du patient et le nom me parait tout de suite familier. Je me rends dans la chambre du patient  et constate immédiatement que je connais cette personne, il s’agit du père d’un ami, dont je savais qu’il était atteint d’un cancer du poumon mais qui aux dernières nouvelles allait mieux. Il se serait présenté de lui-même aux urgences la veille suite à des épisodes d’hématémèse. Son état se serait compliqué dans la nuit et aurait nécessité  son intubation et sa sédation, aucune interaction n’est donc possible avec lui. L’autre étudiant me précise que la famille devrait passer lui rendre visite. Je me rends ensuite vers l’infirmière, lui explique que je connais cette personne et lui demande quelle posture devrai-je adopter face à mon ami qui va sans doute passer dans la journée. Elle me répond : « c’est très personnel, cela m’est déjà arrivé et je pense qu’il n’y a pas de bonne ou mauvaise conduite, tu dois le faire comme tu le sens. »

Vers 13h mon ami rentre dans le service accompagné de sa fille. Il est surpris de me voir et me demande de le conduire à la chambre de son père. A la vue de son père intubé mon ami explose en larmes, mais se ressaisit rapidement et me questionne sur l’état de santé de son père. Je lui explique ce que je sais puis je pars chercher l’interne pour qu’il puisse avoir des informations plus précises. Après avoir discuté avec l’interne mon ami vient me dire au revoir et s’en va.

Plus tard dans la journée, une place s’étant libérée en réanimation, le père de mon ami y est transféré. Je finis mon service et rendre chez moi. Lorsque je reviens deux plus tard, je me rends en réanimation pour prendre des nouvelles de son père. L’infirmier en charge de lui m’explique que les poumons sont très touchés, qu’une opération serait vaine et qu’il devrait discuter dans la journée avec la famille d’un arrêt des soins. Le lendemain je suis de nouveau en service et mon ami vient me voir pour m’annoncer que son père est décédé, je lui présente mes condoléances, mais je suis mal à l’aise, j’ai l’impression de ne pas trouver les mots justes. Après avoir tant bien que mal discuté avec lui, mon ami repart et je reprends mon service.

Analyse :

J’ai choisi cette situation car elle m’a laissé pendant plusieurs jours dans un questionnement permanent :

-  Est-ce que j’ai bien fait ?

- Comment aurai-je pu aider encore un peu plus mon ami ?

- J’aurai du dire telle ou telle chose ?

J’ai aussi souhaité aborder ce thème car même si les services tels que la réanimation sont des services où la mort est fréquente, l’infirmier peut être confronté au décès d’un patient dans n’importe quel autre service de soin.

Plusieurs questions se posent :

Pourquoi les soignants sont-ils démunis face à l’accompagnement d’une famille suite au décès?

Quel est le rôle de l’infirmier dans cette prise en charge de la famille ?

Quelles formations possèdent l’infirmier pour répondre à cette prise en charge ?

Quels moyens l'infirmier peut-elle mettre en place afin d'accueillir et de prendre en charge au mieux la souffrance de l'entourage et amorcer un processus de deuil?

Devant toutes ces questions, j’ai voulu soulever un questionnement sur le rôle de l’infirmier devant la mort.

Mon analyse se constituera en trois parties, dans un premier temps quel est le rôle de l’infirmier lors de l’annonce du décès à la famille, puis  quels sont les premiers gestes à effectuer après la mort du patient, enfin l’accompagnement des familles endeuillées.

L’annonce du décès :

Suite à mes recherches, aucun texte légal ou réglementaire ne traite spécifiquement de l’annonce d’un décès dans le cadre d’un établissement de soins. En particulier, il n’existe pas de disposition précise quant à la personne chargée d’annoncer le décès à la famille.

Cependant dans sa circulaire datant de décembre 2001, le CLIN^[1]  Paris Nord précise que «  la notification verbale, de préférence par le personnel médical, est vivement conseillée. »^[2]

En l’absence de texte spécifique aux décès, il me semble également possible de se référer aux recommandations de la HAS^[3]  sur l’annonce d’un dommage associé aux soins qui présentent une problématique assez proche. Il est indiqué que « dans la situation habituelle, c’est le médecin chargé du patient et ayant noué la relation la plus suivie avec ce dernier qui est la personne la plus apte à effectuer l’annonce et à mener l’entretien »^[4].

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