Voyager
Fiche de lecture : Voyager. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 6 Février 2014 • Fiche de lecture • 433 Mots (2 Pages) • 1 787 Vues
es immobiles, purement imaginaires, qui vous emmènent au loin. […] J’ai longtemps, à la vérité, voyagé ainsi, de chez moi, rêvant sur un récit ou sur une carte. […] Mais cette façon de voyager est pour moi révolue : elle appartient à une vie antérieure qui, je le comprends maintenant, n’a fait qu’exacerber mon désir de l’ailleurs. Il me faut désormais des voyages concrets, bien réels, des voyages que je vivrai directement et non plus par procuration : mes rêves devraient donc être complétés par des sensations. […] Voyager, c’est forcément chercher à vérifier un rêve, et la rencontre avec un ailleurs concret.
Ce périple m’a ébloui et révèle la vanité de ces voyages immobiles qui ne débouchent sur rien, si ce n’est sur une sorte de consolation. Je n’aurais jamais pu imaginer tout ce que j’ai vu, tout ce que j’ai vécu là-bas. Mais je sais aussi que l’intensité de mes rêveries est sans doute pour beaucoup dans cette apothéose. [...] C'est pourquoi il faut voyager. Dans un premier temps, on goûte aux délices de l'imagination qui, forcément, travaille et idéalise la destination : elle exacerbe le désir de partir. Dans un second temps, on va sur place, et l'on s'émerveille devant l'infinie richesse d'un monde qui réussit le tour de force de dépasser les rêveries de l'imagination.[...]
Voyager, c'est donc imaginer un lieu, s'y rendre effectivement, et en revenir. Mais la définition est encore incomplète; j'ai certes repoussé le voyage immobile, ainsi que le simple déplacement; mais il manque, me semble-t-il, un élément. Pourquoi allons-nous là-bas? Je crois que c'est la rencontre avec la singularité d'un lieu et d'une culture que l'on attend du voyage, de tout voyage. C'est pour voir quelque chose d'autre que l'on voyage, et rester au bar ou à la piscine d'un hôtel, ce n'est pas voyager. Justement : cette quête d'un ailleurs différent suppose, de la part du voyageur, un état d'esprit bien spécifique sans lequel son périple sera raté. Il s'agit essentiellement de laisser de côté ses préjugés, ses habitudes, ses convictions, d'ouvrir son esprit et ses sens à la radicale nouveauté de ce qui se présente, bref d'être curieux, bien disposé, ou encore disponible pour toutes sortes de rencontres. Se dépouiller de ses certitudes, accepter la remise en question d'une vie antérieure dont on saisit la relativité, et enfin s'étonner : voilà, peut être, les devoirs du voyageur.[...] Il ne s'agit pas, à la vérité, de douter de tout, ce qui serait stupide, mais d'essayer tant bien que mal de suspendre son jugement, de n'être le partisan de rien, de n'être, comme l'historien idéal selon Fénélo
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