Le développement du sport en France au début du XXe siècle

Le développement du sport en France au début du XXe siècle

Dans la lignée des jeux traditionnels multiséculaires, influencés par la tradition anglaise et les sports américains nouvellement créés, une large palette de sports individuels ou collectifs voient le jour en France au début du XXe siècle.

Progressivement chaque sport s'organise, des championnats apparaissent, de fédérations se créent et les règles se standardisent.

De 1890 à 1910, dans un temps relativement court, le sport passe d’un milieu fermé de privilégiés au milieu populaire, et devient un phénomène social total (pour reprendre les termes du sociologue Marcel Mauss).

Former des citoyens robustes: de la gymnastique aux sports

Avant de s'imposer, le sport suscite d'abord la méfiance (surmenage, danger, subversion, aspect désordonné, dérives pédagogiques, résistance des parents face au risque corporel encouru…)

Différents types d'exercices physiques connaissent un bel engouement avant qu'on puisse parler de sport.

Les militaires donnent les premiers un statut officiel à la gymnastique: l’école de Joinville-le-Pont, fondée en 1852, propose un ensemble cohérent et institutionnalisé de pédagogie corporelle.

Au début des années 1880, le ministre de l'Instruction publique, Jules Ferry, considère la gymnastique comme inséparable de l’éducation militaire qui doit être présente dans les écoles. La défaite de 1870 a marqué les esprits: il faut reconstruire les corps pour redevenir une nation forte.

Les médecins s'intéressent également beaucoup aux pratiques corporelles, tantôt comme défenseurs, tantôt comme farouches opposants. Les diverses formes de gymnastique sont globalement perçues comme d'excellents moyens de lutter contre la dégénérescence d’une race et de protéger des excès qu'on fait subir aux corps.

La référence dans le milieu scolaire est la gymnastique hygiénique (méthode suédoise). Dans les milieux militaires, on penche davantage pour la méthode naturelle, selon laquelle le corps doit être exercé régulièrement dans des situations de la vie courante pour être fort et utile. Enfin, le sport effectue une percée dans la société civile bourgeoise, comme phénomène de mode. En l'absence de contrainte institutionnelle (école, armée), c'est le plaisir du jeu et de la nouveauté des sports qui suscite l'adhésion.

L'influence anglaise

Au crépuscule du XIXe siècle, le baron Pierre de Coubertin donne une nouvelle envergure au sport en lui associant certaines valeurs: effort, discipline, entraînement, endurcissement... ouvrant à une large culture musculaire du corps et du caractère.

Coubertin s'inspire de ce qu'il a pu voir lors de ses multiples séjours en Angleterre où le sport permet de:

• former des hommes d’action

• favoriser la prise d’initiative

• développer l’esprit d’émulation

• se contrôler

Les paris et le turf, limités à une élite se développent. Puis, dans les villes touristiques et les grandes villes (Deauville, Vichy, Biarritz, Nice…), la mode sportive se répand.

Le fait sportif va s’installer de manière éclatée et différente suivant le lieu de pratique:

• Milieu fédéral (USGF: union des sociétés gymnastique de France…)

• Entreprise (FSAS: fédération sportive athlétique socialiste)

• Sport catholique (par exemple FGSPF: fédération gymnastique et sportive des patronages de France)

• Ecole (USFSA: Union des sociétés française des sports athlétiques, dans ses premiers temps...)

Créée en 1887, l'USFSA lance en1892 un premier championnat interscolaire. Les associations et clubs vont progressivement

...