L'infirmière Face Au Refus De Soins D'hygiène

1. INTRODUCTION

Pour réaliser mon travail de fin d’études, je suis partie d’une situation que j’ai rencontrée à de nombreuses reprises lors de mes trois ans de formation, mais également lors de mon expérience professionnelle en qualité d’aide-soignante, à savoir le refus de soins d’hygiène de la personne âgée. J’ai pu effectivement observer les difficultés rencontrées par les soignants dans l’optimisation des soins lors de la prise en charge de patients les refusant. C’est pour cela que j’ai choisit d’élaborer mon travail sur ce thème afin de mieux comprendre ces situations et d’en analyser les causes pour améliorer la prise en charge dans ma future profession. Je tiens à souligner que les soignants sont confrontés à toutes sortes de refus (refus de s’alimenter, refus de traitement…), mais je me suis plus particulièrement intéressée aux soins d’hygiène car pour moi il allie à la fois soins techniques et soins relationnels.

J’axerais notamment mon travail sur la personne âgée résidant en EHPAD , car la prise en charge des personnes vieillissantes demande des connaissances et aptitudes spécifiques qui sont selon moi souvent méconnues par les soignants. De plus, cette population étant présente dans pratiquement toutes les unités de soins, je pense qu’il est très important de connaitre cette approche afin de pouvoir apporter des soins de qualité.

2. PRESENTATION DE LA SITUATION D’APPEL

Au cours de ma première année de formation en soins infirmiers, j’ai effectué un stage de cinq semaines dans un cabinet libéral composé de cinq infirmières. Lors de ma deuxième semaine de stage en horaires 7h-14h, l’infirmière m’informa que nous devions nous rendre chez Monsieur C, ancien agriculteur âgé de 75 ans et veuf depuis un an, afin de l’aider à effectuer sa toilette et préparer ses médicaments. Monsieur C. fut pris en charge par l’équipe depuis six mois suite à une demande de son médecin traitant car il n’effectuait plus correctement ses soins d’hygiène et ne respectait plus l’observance de son traitement médical. L’infirmière me précisa que l’équipe éprouvée des difficultés dans sa prise en charge car il y était totalement opposé du fait qu’il ne portait aucun intérêt à son hygiène corporelle. Elle me dit également que Monsieur C. refusait de communiquer et d’établir une relation.

A notre arrivée Monsieur C. ne manifestait aucune réaction à notre présence. L’infirmière lui demanda tout de même comment il se sentait aujourd’hui mais il restait dans un mutisme complet. Après un long moment de silence, l’infirmière insista pour qu’il se lève en prétextant qu’elle allait être en retard pour la suite de son travail. Monsieur C. lui répondit qu’il n’avait pas envi d’être dérangé. L’infirmière lui dit alors qu’il n’avait pas le choix et qu’il devait faire sa toilette ! Monsieur C. se leva et se dirigea vers la salle de bain, son attitude laissé entre-paraitre beaucoup de colère. La toilette se déroula dans une atmosphère tendue. Monsieur C montrait son mécontentement en adoptant des gestes d’opposition. Il exprima également son désir qu’on le laisse tranquille et qu’il en avait assez que l’on vienne tous les jours. L’infirmière semblait très contrariée face à la situation. Elle lui demanda à plusieurs reprises de « se laisser faire et que cela irait plus vite s’il coopérait». Elle lui expliqua aussi l’importance de conserver une bonne hygiène corporelle afin d’éviter toutes infections cutanées, mais Monsieur C. restait sur sa position en protestant qu’il ne voulait pas de notre aide. Dans ces conditions la toilette ne put être faite que partiellement. Lorsque nous sommes sorties de chez Monsieur C, l’infirmière me confia son impuissance face à la situation et sa lassitude à lui apporter les soins. Elle me dit qu’elle avait l’impression de mener «un combat sans fin» avec lui. Le lendemain, l’infirmière me demanda si je souhaitai prendre en charge ce patient. J’avouerais que le manque de connaissances et d’expériences face au refus de soins me procuraient quelques inquiétudes. Pendant le soin, j’ai essayé d’entrer en communication avec Monsieur C. mais son comportement resta identique à la veille.

Face à cette situation, je me sentais déstabilisée de ne pas pouvoir entrer en relation avec le patient afin de l’amener à accepter les soins d’hygiène. J’avouerais même que pendant le soin j’avais envie de tout arrêter, car je n’acceptais pas d’imposer un acte à une personne qui le refusait. Cette situation m’a rappelé des situations similaires auxquelles j’avais été confrontée lorsque j’exerçais la profession d’aide-soignante au sein d’une EHPAD. J’éprouvais le sentiment de ne pas être dans la bienveillance. Je savais de par ma formation d’aide-soignante qu’il fallait respecter la volonté de la personne et que celle-ci était en droit de refuser les soins, mais qu’il fallait également les assurer pour contribuer à sa bonne santé. J’avouerais que face à ces difficultés j’étais dans l’impuissance d’apporter une prise en charge de qualité. J’avais tendance à fuir ou déléguer les soins plutôt que de comprendre les raisons de ces refus.

3. PROBLEMATISATION

Nous savons que l’infirmière a pour but de prodiguer des soins pour le bien-être du patient. Mais à travers cette situation, j’ai pu constater que les soignants se retrouvaient face à un échec car le patient subissait le soin contre sa volonté. Un rapport de force s’était établi entre le soignant et le soigné. De plus, tout au long de ce soin une forme d’incompréhension s’est installée : D’une part l’incompréhension du patient face à la nécessité du soin et d’autre part l’incompréhension de l’infirmière face au refus de Monsieur C. Je me suis donc interrogée sur les causes de cet échec et sur le comportement du soignant face à cette situation.

Je tiens à préciser que ma situation d’appel se déroule au domicile du patient car c’est elle qui m’a le plus interpellé durant mes études, mais que je dirigeais mon questionnement autour de la personne âgée résidant en EHPAD, car je trouvais plus judicieux d’orienter mon travail vers mes perspectives professionnelles.

Mon questionnement :

- Que cache le refus de soins d’hygiène de la personne âgée ?

- Quelle est la part de responsabilités du soignant face à ce refus ? Quelle vision a-t-il du patient ? Comprend-t-il ses réactions ? Quels moyens a-t-il pour faire face à ces situations ? Quel est son positionnement

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