Est-il nécessaire d’avoir un chez soi pour vivre sereinement ?

Le corpus ci-dessus nous invite à nous poser la question suivante “Est-il nécessaire d’avoir un chez soi pour vivre sereinement ? “.
C’est la définition de “chez soi” qui va nous occuper ici car finalement nous allons voir à travers ce développement que c’est de la manière dont on le défini qui répond à cette question. Doit-il être quelque chose de fixe, d'immuable ou plutôt est-ce quelque chose que nous avons en nous et que nous transmettons à notre environnement ?

Pour certain l’existence d’une maison physique et bien défini est quelque chose de primordial, les racines sont matérielles, immobiles dans l’espace et ancrées dans le temps.
L’œuvre graphique de Takai en est une belle illustration, en effet les racines sont à la base même de sa maison. Sa demeure se défini dans le temps et l'espace, elle est entre ces quatre murs, qui ont pris leurs importances à travers les âges : ses racines l’ont solidement ancrées. Ces gravures donnent l’impression que rien ne pourra faire la faire bouger, elle est nourrie et entretenue par ses racines. C’est son histoire qui lui donne sa valeur, tout comme le chêne millénaire, cette maison à un aspect inébranlable.
Cette idée est également reprise dans L’Odyssée. Pour Ulysse sa demeure est intrinsèquement reliée à son lit. Ce lit lourd de symbole est lié à l'éternité. Il a construit son palais, lieu de de rayonnement de son pouvoir autour de lui, c’est aussi grâce à lui qu’il perpétuera sa lignée et deviendra ainsi “immortel”. Ce ressenti est accentué par le fait qu’il l’ait construit en bois d’olivier, bois qui incarne l'éternité. Tout ce symbolisme est solidement ancré dans ce lit, cette chambre, ce palais...autrement dit sa demeure. Car comme il le dit lui-même “Il n'y a qu'une divinité qui ait pu transporter facilement ma couche ailleurs”. Rien ne semble plus ancrer à ses yeux que ce lit.
De la même manière dans l’œuvre de Marcel Pagnol et dans le film Parasite de Bong Joon Ho les personnages sédentaires définissent leurs demeures comme lieu physique, un lieu de confort. En effet chez Marcel Pagnol afin d'être pleinement heureux les personnages ont besoin de sécurité matérielle, comme le gaz ou des toilettes. Dans le film Parasite, la famille Park défini sa demeure par un lieu sécurisé, haut mur, interphone... Dans ces deux œuvres leurs demeures ne peuvent être complètes sans la présence de ces biens.
Cependant pour certains auteurs il est nécessaire d’avoir un toit physique mais cela va de pair avec des sacrifices.
En effet pour Bruno Bettelheim dans Psychanalyse des contes de fées les enfants considèrent la maison comme une protection maternelle. D’ailleurs tout comme un enfant profite inconditionnellement de sa mère dans ses jeunes années sans penser aux conséquences ils en font de même en mettant en péril un toit protecteur afin de répondre à leurs besoins primaires. Mais tout comme le passage à l'âge adulte s’accompagne d’un flot de sentiments négatifs cette maison de contes de fée va les décevoir et montrer que cette sécurité maternelle à une limite. Donc la maison essentielle dans les jeunes années finira par devenir nuisible afin de permettre aux enfants de grandir et de construire leur propre demeure.
Chez le peintre Hamershoi la maison est elle aussi physique mais elle est composée de murs étouffants. Son “chez soi” est bien là mais il est triste et lugubre. Aucune joie n’accompagne ses toiles, elles donnent à “la maison” un air de prison. En un sens elles donnent au spectateurs envies de fuir cette vision du chez soi et œuvrent à donner envie d’avoir un habitat bien différent de ce que le carcan de la société nous impose. Lorsque l’on regarde ces toiles l’on se demande sincèrement si l’on pourrait vivre dans ces endroits.

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