Déontologie médicale

"La déontologie médicale est une éthique spéciale adaptée aux conditions d'exercice d'une profession, en l'occurrence la médecine."1 De tout temps, la profession médicale s'est donnée des normes qui lui sont propres, exprimées initialement (en Occident) par le Serment d'Hippocrate, puis par les codes et directives d'éthique de toute nature qui sont formulés au plan national et international. La déontologie résulte donc du droit reconnu par la société à certaines professions - dont la profession médicale - de s'autoréguler et d'assurer ainsi l'indépendance du praticien et de la profession face à d'éventuelles pressions extérieures. La bioéthique et l'éthique médicale au sens moderne sont à la fois un prolongement et un dépassement de cette démarche en réponse aux conditions nouvelles qui régissent la vie de la médecine dans la société contemporaine. Voici quelques-uns de ces éléments:

- Le monde contemporain est marqué par le pluralisme éthique. Bien entendu, le bon médecin a de tous temps été curieux de la diversité humaine et attentif à la variété des conditions sociales, des métiers et des situations individuelles. Mais aujourd'hui, la médecine doit tenir compte de la coexistence de nombreuses visions du monde religieuses ou séculières, et donc de conceptions très différentes de la vie bonne ainsi que de vues divergentes sur de nombreuses questions d'éthique touchant la médecine. Les débats permanents qui agitent nos sociétés sur des thèmes comme l'avortement, l'euthanasie, le dépistage génétique etc. sont l'indice de ce foisonnement irréductible. L'éthique médicale ne saurait rester à l'écart de ce pluralisme.

- Le corps social manifeste plus qu'autrefois l'exigence d'un droit de regard sur le monde de la médecine, impliquant un dialogue entre l'éthique spécialisée des médecins (déontologie) avec l'éthique tout court.

- Le déclin d'un certain paternalisme médical va de pair avec une revendication accrue du patient d'être un partenaire à part entière de la décision médicale. Cela joue aussi dans le sens d'une réflexion éthique ouverte, non réservée à la profession. Car l'éthique est, fondamentalement, l'affaire de tout un chacun.

- Le poids économique accru de "l'entreprise-santé" dans la vie des sociétés développées suscite en retour une exigence de transparence, voire de justification permanente de celle-ci. La médecine est plus ou moins constamment en débat: c'est dire l'importance que revêt la capacité de chaque praticien à réfléchir en termes d'éthique à sa propre pratique comme aux enjeux plus généraux de la médecine, et à argumenter sur ce terrain.

- Le progrès scientifique et technique soulève constamment des questions inédites et engendre des problèmes d'éthique nouveaux, ou tout au moins donne un éclairage inattendu à des questions éternelles (médecine et fin de vie, sélection des donneurs et receveurs de greffes, allocation de ressources médicales limitées, procréations assistées, retombées du génie génétique, recherche sur l’embryon humain etc.). Des codes d'éthiques faits de quelques règles simples et immuables sont inadéquats et seul un large travail interdisciplinaire

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