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Impact du covid sur les travailleurs sociaux / revue « EMPAN », numéro 120

Commentaire de texte : Impact du covid sur les travailleurs sociaux / revue « EMPAN », numéro 120. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  21 Janvier 2022  •  Commentaire de texte  •  1 795 Mots (8 Pages)  •  380 Vues

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Commentaire de texte

Le travail social en temps de pandémie, entre reconnaissance et renaissance

Le 16 mars 2020, l’annonce par le gouvernement de mesures inédites et exceptionnelles pour enrayer l’épidémie de la Covid-19 a considérablement et durablement impacté nos modes de vie que ce soit dans le cadre privé ou professionnel. Nous avons ainsi tous dû changer nos comportements : adopter les gestes barrières, se confiner pour se protéger et protéger les autres, adapter nos conditions de travail, etc. Les travailleurs sociaux ont également été au cœur de ces bouleversements : comment assurer l’accompagnement des personnes à distance ? Comment poursuivre ces missions d’intérêt général ? Quelle place ont-ils dans l’urgence sanitaire ? Plusieurs études, sondages et articles font état de l’impact de la Covid-19 sur les conditions et les méthodes de travail des travailleurs sociaux. Nous avons donc choisi un article traitant de cette problématique : « Le travail social dans la crise sanitaire : première ou deuxième ligne ? » Ce titre nous a interpelé par la mise en perspective du travail social avec une notion de hiérarchisation renvoyant ainsi à la notion d’essentiel et de non essentiel qui a pendant la crise créé une réelle polémique. A travers ce choix des mots, nous sommes amenés à nous interroger sur ce qui est le plus important : le travail social ou le travail sanitaire, et le simple fait de se poser cette question nous a interrogé. Nous avions alors envie d’en savoir plus et de lire cet article.

Cet article est issu de la revue « EMPAN », numéro 120. Il s’agit d’une revue trimestrielle dirigée par un collectif de professionnels de l’éducation et du monde du social, de la santé. Elle pousse les travailleurs sociaux à réfléchir sur les mutations sociales de notre société. Ce journal propose également des ouvertures vers d’autres mondes qu’il soit politique, artistique ou littéraire. Cette revue fait partie de l’association ARSEAA dont le directeur de la rédaction est Stéphane PAREIL. L’auteur de l’article est Marcel Jaeger qui est licencié en philosophie et docteur en sociologie. Il est également directeur du Département « Droit, Intervention Sociale, Santé, Travail » depuis le 1er octobre 2010. Il est membre depuis 2003 du Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique.

Le thème principal de l’article est la place qui a été donnée au travail social dans la crise sanitaire liée au COVID. L’avis de Marcel Jaeger est plutôt tranché puisqu’il commence l’article en apportant de façon très directe sa réponse. En effet, pour lui « les travailleurs sociaux ont le plus souvent été relégués au second rang, quand ils n’ont pas été purement et simplement oubliés ». Dès les premiers discours à l’entrée de la crise, Emmanuel Macron a introduit la notion de première et de deuxième ligne, ce qui a induit une notion de hiérarchie et d’importance dans les actions à mener. Pour les travailleurs sociaux, cela a alors mis en exergue une inégalité dans la reconnaissance de l’autre. Le parallèle est ainsi fait avec la « pyramide de Maslow » qui classe les besoins des individus par ordre de priorité. Ici, le besoin apparait plus comme sanitaire que social. En mettant les soignants en première ligne, ils font alors la priorité du maintien en vie. A contrario, au Canada, les soignants et les acteurs du social constituent une seule et même ligne car ils résonnent dans un objectif d’intervention précoce là où la France résonne dans l’urgence. Cette distinction première / deuxième ligne a ainsi nui au « principe d’action concertée ».

Le décompte journalier des hospitalisations et des décès a eu pour conséquence de minimiser les problèmes sociaux qui ont découlé de cette crise sanitaire. Cela a brutalement bouleversé les publics accompagnés par les travailleurs sociaux et mis en évidence l’ampleur des besoins sociaux auprès des publics précaires et fragiles, de la protection de l’enfance, des personnes en situation d’handicaps physiques ou psychiques ou encore les personnes âgées.

Du côté des travailleurs sociaux, la Covid-19 a aggravé la crise du travail social. Déjà en difficulté, ce manque de reconnaissance a accentué la démobilisation et « une baisse d’attractivité ». Les contraintes sanitaires fortes ainsi que les contraintes liées au confinement/déconfinement sont venues contredire les valeurs et la culture professionnelle.

Si la réponse au titre de l’article est tranchée, l’auteur nuance ses propos en démontrant que finalement le tableau ne serait pas si noir et permettrait également des avancées dans de nouvelles façons de travailler et d’accompagner les publics. Marcel Jaeger met en évidence une évolution dans quatre domaines :

  • L’importance des coopérations et de la coordination qui nécessitent de se connaitre et d’apprendre à travailler ensemble
  • La temporalité : « travailler à la fois dans la durée et dans l’urgence » et mettre en avant la notion de projet de vie.
  • La gestion de la distance tant relationnelle avec les usagers que physique due aux mesures sanitaires.
  • La participation des usagers pour qu’ils soient acteurs de leur projet de vie.

A la lecture de cet article, nous avons souhaité approfondir pourquoi le travail social ait perçu en seconde ligne et quels impacts la Covid-19 a eu sur son organisation.         

        

L’importance d’une meilleure visibilité pour une meilleure reconnaissance

Dans son article, nous avons vu que Marcel Jaeger fait état de la gestion de la crise sanitaire au Québec. Dans cette province du Canada, la déclaration de l’urgence sanitaire a reconnu officiellement le rôle crucial des travailleurs sociaux, en leur octroyant par la même occasion une grande visibilité et une reconnaissance de leurs missions d’intérêt général. En France, alors que la crise sociale prenait de l’ampleur, « les directives nationales restaient silencieuses sur le rôle des travailleurs sociaux » selon le rapport du Haut Conseil du Travail Social portant sur « Le Travail Social au défi de la crise sanitaire - Impact de la crise sanitaire de la COVID-19 sur les organisations et les pratiques professionnelles des travailleurs sociaux » (Cols, 2021, p. 8). La presse comme les médias font peu écho du monde des travailleurs sociaux (Dubasque, 2021). L’absence de communication sur ces métiers et leurs missions participent à un désintéressement de ces professions. De moins en moins de candidats se présentent pour apprendre ces métiers entraînant une pénurie importante de personnes formées (Dubasque, 2021). On peut donc s’interroger sur le lien entre le manque de visibilité de ces professions et l’absence de reconnaissance qui participerait à la déconsidération de ces métiers. Or, dans les conditions économiques actuelles, on sait que « les travailleurs sociaux sont la clé de voûte de l’ensemble des politiques de solidarité indispensables pour assurer la cohésion sociale » (Cols, 2021, p. 2). En évitant de se focaliser sur une approche de la crise centrée sur le volet sanitaire, mais en intégrant le travail social, il aurait peut-être été possible d’anticiper la crise sociale actuelle.

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