La mécanique Des Sectes
Rapports de Stage : La mécanique Des Sectes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Charlot59 • 8 Janvier 2013 • 2 947 Mots (12 Pages) • 1 519 Vues
Exposé : la mécanique des sectes
Introduction :
Le mot secte a une double étymologie latine : il vient de « sectare » qui veut dire « couper » et de « sequi », qui signifie « suivre ». Le disciple d’une secte suit un maître ; et en même temps, il se coupe du reste de la communauté humaine et devient un être isolé.
Selon J-M Abgrall, « une secte est un groupe plus ou moins évolué rassemblé autour d’un leader ou d’une idéologie, religieuse ou non, fonctionnant selon un mode fermé et secret mais respectant néanmoins le libre arbitre et l’identité de l’adepte. La secte coercitive se qualifie par son caractère contraignant et par l’absence de liberté qui en résulte. Cette différence reste cependant aléatoire car la survie de toute secte passe par l’application aux adeptes d’une discipline sans faille, et rend inéluctable l’évolution vers la coercition. » L’instrument essentiel des sectes coercitives est la manipulation mentale.
Pour réaliser cet exposé, je me suis appuyée sur l’œuvre de Jean-Marie Abgrall parue en 1996 et intitulée « la mécanique des sectes », qui constitue une référence dans ce domaine. Après avoir abordée les modes d’organisation des sectes, j’évoquerais deux étapes clés de l’endoctrinement sectaire, le recrutement et le conditionnement, qui permettent de mieux appréhender le concept de manipulation mentale.
1) L’organisation sectaire
A) L’élément central : le gourou
La stratégie de manipulation sectaire repose sur une escroquerie fondamentale : la personnalité et la valeur du gourou.
Le gourou doit être vécu par ses disciples comme participant d’une essence divine qui le place au dessus d’eux. Le « maitre » est supposé avoir accompli un chemin initiatique qui lui confère la connaissance suprême. Il acquiert alors un statut « surhumain », ayant le pouvoir d’agir sur la nature et les hommes. La conjonction de son savoir et de ses pouvoirs l’autorise à revendiquer son statut de chef et de leader du groupe sectaire.
De plus, pour assoir son prétendu « pouvoir surnaturel », le gourou a besoin de se montrer supérieur dans tous les domaines et revendiquent ainsi volontiers toutes sortes de diplômes illusoires, qui touchent souvent au domaine des « ondes » (compétence en matière de nucléaire, électromagnétiques, électronique) ou des médecines parallèles.
Le gourou, pour se revendiquer comme tel, doit d’abord s’inventer une « biographie imaginaire ». Il se fabrique une légende reliée en tout point à l’histoire et aux racines du groupe. En général, le gourou, pris dans le piège de ses mensonges et conforté dans ceux-ci par ses adeptes ne parvient plus à faire la part du vrai et du faux. Peu à peu, il adhère au personnage qu’il a inventé, glisse lentement dans un état de confusion, et rejoint ainsi la fiction qu’il a construite.
Pour le gourou il y a comme une obligation vitale à observer le secret le plus absolu sur les éléments de réalités de sa biographie susceptibles de ternir son image. Ce secret permanent frappe la biographie du gourou aussi bien que le fonctionnement interne de la secte.
C’est le discours du gourou qui est à l’origine de la création de la secte. Ce discours s’appuie sur le principe de la « distorsion paralogique ». En effet, la construction de ce discours s’appuie sur la composition d’un raisonnement paralogique qui part d’une proposition exacte, se construit peu à peu, se distord, pour finalement aboutir à une conclusion si aberrante qu’elle aurait forcément été rejetée si elle avait été énoncée directement.
B) La structure sectaire
Autour et au-dessous du gourou, la secte se développe en recrutant des adeptes. Or, tous les adeptes n’ont pas le même statut. On peut distinguer deux groupes d’individus au sein de la secte : les manipulés inconscients et les manipulateurs conscients. Si les manipulés fonctionnent selon un mode grégaire, basé sur le refus de toute individualisation, et non hiérarchisé, les manipulateurs conscients s’échelonnent selon une structure pyramidale. Cette structure suppose une hiérarchisation du savoir, du pouvoir et des bénéfices et vise à maintenir l’individu sous la contrainte. La structure pyramidale offre le double intérêt de favoriser l’émulation en donnant à l’adepte un sentiment de fierté dès lors qu’il grimpe dans la hiérarchie et, de renforcer en même temps son sentiment d’appartenance en organisant sa dépendance. Ainsi, les manipulateurs conscients, qui exploitent les manipulés inconscients de l’échelon inférieur, sont fortement encadrés et eux-mêmes manipulés par le gourou.
Une autre structure sectaire répandue, et dont la scientologie constitue un modèle, est la structure en toile d’araignée, dans laquelle plusieurs structures pyramidales s’entremêlent, dotées de fonctions diverses. Ce schéma présente une rigidité encore plus absolue car l’adepte peut progresser dans une pyramide et stagner dans une autre. Il se trouve donc toujours dépendant d’une hiérarchie quel que soit son avancement.
Quel que soit la structure de la secte, elle observe trois principes de fonctionnement psychique global :
- Le principe d’indifférenciation de l’individu et du groupe (l’adepte perd toute autonomie d’existence et de pensée)
- Le principe d’autosuffisance du groupe (favorise l’isolement, édifie les frontières avec l’extérieur)
- Le principe de délimitation du dehors et du dedans (tout ce qui est intérieur est vécu comme positif et tout ce qui est extérieur est négatif = système manichéen)
L’organisation sectaire fonctionne comme une entité matricielle : elle est la mère, le père est le gourou et le disciple devient l’enfant de ce couple qui tente de se substituer au couple parental originel de l’adepte, qui se trouve ainsi une « nouvelle famille ».
C) Qui sont les adeptes ?
Il n’existe pas de « profil type » de l’adepte potentiel. Cependant, on observe que certaines populations sont principalement prisent pour cible par les recruteurs. En effet seuls certains individus sont, selon l’expression d’Abgrall, « sectarisables », car les techniques d’endoctrinement des sectes ne sont actives que sur des sujets à « personnalité réceptive ».
Selon les études statistiques, les adeptes des sectes sont généralement recruté entre 18 et 25 ans
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