Définition du concept de Laïcité pour validation DC1.MO6.1 DEES
Guide pratique : Définition du concept de Laïcité pour validation DC1.MO6.1 DEES. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar pachamel • 11 Mai 2021 • Guide pratique • 2 508 Mots (11 Pages) • 415 Vues
La Laïcité
Cette notion est une valeur que j'ai apprise, intégrée et débattue à partir du collège (car en école primaire privée catholique) puis, au cours de ma carrière professionnelle. Le passage dans le public m'a amené à associer la laïcité à la mixité, à l'interculturalité. J'ai vu évoluer la laïcité dans la réglementation et dans le débat politique. J'étais au lycée quand le port du foulard a été interdit. Et je ne comprenais pas les arguments affirmant que la République doit protéger les femmes contraintes de le porter, lorsqu'il était un choix pour mes amies. Au vu de l'actualité, le projet de loi «lutte contre les séparatismes», rebaptisé «confortant les principes républicains», j'avais envie de questionner la laïcité, qui signifiait cette diversité culturelle, mais résonne aujourd'hui, comme moyen de stigmatisation de l'Islam. Quelle position adopter sur la laïcité en tant qu'Éducatrice, sur le terrain ?
Pour définir la laïcité (française), j'ai d'abord cherché dans l'Histoire, cela ne pouvait pas se distinguer du Droit, de la politique et la sociologie.
Le Larousse définit la laïcité comme « conception et organisation de la société fondée sur la séparation de l’Église et de l’État et qui exclut les Églises de l'exercice de tout pouvoir politique ou administratif, et, en particulier, de l'organisation de l'enseignement. (Le principe de la laïcité de l’État est posé dans l'art.1 de la Constitution française de 1958) »[1].
Le dictionnaire Littré définit le laïcisme comme une « doctrine répandue au XVIème siècle en Angleterre, qui reconnaissait aux laïques le droit de gouverner l’Église »[2].
Le terme de laïcité ne sera employé qu'à partir de 1871, avant cela, nous retrouvons plutôt « laïcisme » ou « sécularisation ». Mais son concept, se construit à partir de la Révolution Française de 1789, qui marquera la fin de l'Ancien Régime et une lutte acharnée contre les privilèges ecclésiastiques.
L'art.10 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 dispose que « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même religieuses, pourvue que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi »[3]. Cela instaure la liberté de religion et légitime les autres religions: calvinisme, luthéranisme, judaïsme. Durant l'ère révolutionnaire, la France va vivre des débats intenses sur le lien avec l’Église en France. Pendant des siècles, l’Église Catholique organise l’État (monarques de droit divin), la société et ses mœurs. La Révolution veut redonner la souveraineté au peuple autour de règles prévoyant l'organisation et le contrôle de l’Église (fonctionnarisation du Clergé, réappropriation des biens de l’Église, déchristianisation, massacre de prêtres)[4]. En 1801, Bonaparte négocie le Concordat avec le Pape Pie VII: le catholicisme est reconnu religion majoritaire des français, et non religion d’État[5]. L'égalité devant la loi sans distinction de religion est inscrite dans le code civil de 1804[6]. Entre le régime de la Restauration en 1814 où le catholicisme redevient religion d’État[7], et la Vème République, la France va vivre des allers-retours dans sa relation avec l’Église. L'instruction est de plus en plus réglementée. La loi Guizot en 1833[8], l'art.9 de la Constitution de 1848[9], la loi Falloux en 1850[10], l'art.1 de la Constitution de 1852[11]. Les débuts de la IIIème République sont marquées par la Commune de Paris. Ses premières lois, en 1871, concernent la sécularisation[12], et font entrer la notion de la laïcité dans le vocabulaire[13], mais cette utopie est vite arrêtée. En 1881, la loi Ferry[14] rend l'enseignement primaire obligatoire, laïque et gratuit, renforcée par la loi Goblet de 1886[15]. De 1894 à 1906, la France est animée par l'affaire Dreyfus. La loi de 1901, sur le statut des associations, réglemente les organisations religieuses[16]. La loi de 1905[17] abroge le Concordat (sauf en Alsace-Moselle[18]) et proclame la séparation de l’Église et de l’État et garantie la liberté de culte. En 1939, Pétain recherche le soutien de l’Église, le clergé va obtenir des dérogations à la loi 1905[19]. Le régime de Vichy participe à la Shoah[20].
La Constitution de 1946 inscrit l'instruction laïque en préambule, et l'art.1 dispose que «La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale»[21]. Ce préambule est inscrit dans la Constitution de 1958[22]. Puis la loi Débré (1959) accorde de l'aide aux écoles privées en salariant les enseignants, à conditions qu'ils s'alignent aux programmes du public et soient inspectés[23].
L'Histoire de la laïcité repose surtout sur les relations avec l’Église catholique, jusqu'à la Vème République. La libération des peuples colonisés, entre autre, va impliquer des migrations qui changent le paysage religieux. L'Islam devient deuxième religion de France. De nouvelles dispositions émergent. Le premier grand débat politique est le port du foulard à l'école dès 1989[24]. La loi du 15 mars 2004[25], fait suite au rapport de la commission Stasi qui suggère l’État d’être responsable de l'émancipation des jeunes filles et fait le lien entre l'appartenance religieuse et l'environnement familial et social[26]. Par la suite, les ministres N.Sarkozy et D.de Villepin, vont proposer des améliorations pour le culte musulman (pallier au manque d'infrastructures, création d'une fondation pour les œuvres de l'Islam de France,...)[27]. Et en 2007, l'Observatoire de la Laïcité est créé[28]. En 2010, c'est la burka qui est dans le viseur. La loi du 11 octobre, l'interdit (interdiction de la dissimulation du visage dans l'espace public)[29]. En 2015, l'Observatoire de la laïcité rappelle que les étudiant·e·s, usagers du service public de l'enseignement supérieur, peuvent porter des signes d'appartenance religieuse et politique[30]. En 2016, la France débat sur le burkini après des arrêtés municipaux (suspendus par le Conseil d’État)[31]. La même année, E.Macron, candidat à la présidence définit une laïcité d'ouverture[32]. Le 18 juillet 2020, G.Darmanin insinue l'Islam comme facteur de communautarisme[33][34]. Puis dans un contexte où la France subie des attaques de fondamentalistes puis suite au meurtre de Samuel Paty, la laïcité prend le visage politique d'une valeur à défendre pour contrer les « séparatismes »[35]. Plus tard, le texte de loi est amputé des termes « séparatismes islamistes » pour « le renforcement de la laïcité »[36].
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