Théologie Morale, exposé
Analyse sectorielle : Théologie Morale, exposé. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Robert Chelhod • 18 Janvier 2017 • Analyse sectorielle • 1 866 Mots (8 Pages) • 918 Vues
Théologie Morale Robert Chelhod
- De manière très succincte, sans développer, pouvez-vous indiquer ce qui vous a le plus frappé, voire même étonné, dans la théologie morale de saint Thomas d’Aquin ? 5 lignes maximum.
Plus je lisais les modules, et plus j’approfondissais la pensée de Saint Thomas D’Aquin, et plus je restais surpris par son ouverture d’esprit et son objectivité dans les questions morales. En effet la force persuasive de son argumentation, la morale objective, l'analyse structurelle de l'acte libre et du jugement éthique chez Saint Thomas a pour but de montrer que l'objet de l'acte est porteur d'un sens moral fondamental. Malheureusement, une mauvaise compréhension de la notion thomasienne de l’objectivité de l’acte moral pourrait amener certains à ne considérer chez Thomas que le seul aspect physique de l'action libre au point que sa pensée en ce domaine est parfois taxée d'«extrinsécisme».
- Transmettre des normes morales à des jeunes, est-ce limiter leur liberté ?
Le Saint Père dans son message à l'occasion de la 18ème Journée Mondiale de la Jeunesse en 2003 rappelle le rôle que les jeunes peuvent avoir : "L'humanité a un impérieux besoin du témoignage de jeunes libres et courageux qui osent aller à contre-courant et proclamer avec force et enthousiasme leur foi en Dieu, Seigneur et Sauveur."
Dans une société qui, pour diverses raisons, entretient le doute et le cynisme, la peur et l'impuissance, l'immaturité et l'infantilisme, les jeunes ont tendance à se maintenir dans des modes de gratifications primaires. Ils ont du mal à devenir matures ; la maturité définissant habituellement la personnalité qui a achevé la mise en place des fonctions de base de la vie psychique et qui est capable de différencier sa vie interne du monde extérieur. De nombreux jeunes qui se maintiennent encore dans une psychologie fusionnelle, peinent à effectuer cette opération de différenciation. Ce qui est ressenti et imaginé se substitue souvent aux faits et à la réalité du monde extérieur. Le phénomène est amplifié et nourri par la psychologie médiatique qui innerve les esprits actuels et l'univers virtuel que développent les jeux vidéo et l'Internet. Ce qui les prédispose à vivre dans l'imaginaire et dans un monde virtuel en n'ayant pas appris et en manquant de contact avec la réalité. La réalité a tendance à les décevoir et à les déprimer. Ils ont une approche ludique de la vie avec un besoin de faire la fête, notamment le week-end, sans très bien savoir ce qu'ils fêtent. Ils cherchent ainsi des ambiances fusionnelles et des sensations qui leur donnent l'impression d'exister. Reste à savoir si ces expériences créent de véritables relations et participent à l'enrichissement affectif et intellectuel de leur personnalité ? Ils sont relativement ambivalents car ils veulent tout à la fois trouver les moyens d'entrer dans la réalité et de la fuir.
Les jeunes d'aujourd'hui sont à l'image des générations précédentes : ils sont capables de générosité, de solidarité et de dévouement face à des causes pour lesquelles ils peuvent être motivés. Mais ils disposent de moins de références sociales et de sentiment d'appartenance que leurs aînés. Ils sont individualistes, ils veulent faire leur propre choix sans tenir compte de corpus de valeurs, d'idées ou de lois communes. Ils vont emprunter des références un peu partout et les expérimenter dans leur mode de vie. Ils sont facilement dans l'égalitarisme et la tolérance, imprégnés du discours et des modes médiatiques qui leur servent, en fait, de normes à partir desquelles ils se construisent. Ils risquent d'être dans le conformisme des modes, comme des éponges qui se laissent imprégner, plutôt que de construire leur liberté à partir de raisons de vivre et d'aimer. C'est ce qui explique leur fragilité affective et le doute de soi avec lesquels ils se débattent.
Comment alors, et sur quel base pourrait-on leur transmettre des normes morales sans qu’ils sentent qu’on limite leur liberté ?
Amour comme médiation
Personnellement, en tant que chrétien, j’essayerai de partir du primat de l’amour, comme étant l’âme de la vie morale chrétienne. L’amour imprime la vie morale, sa causalité efficiente et son exemplarité. Comment formuler le primat de l’amour avec les jeunes, sans devoir parler de l’amour à tout instant ? Saint Thomas conçoit l’amour comme étant l’âme de la vie morale du juste : sa présence se manifeste à tout moment, mais implicitement. Avec le primat de l’amour nous allons permettre aux jeunes de concevoir tout acte moral, toute vertu, comme des « ponts » ou des médiations de l’amour. Par ce discours les jeunes devraient saisir que toute réalité morale, toute vertu, tout acte bon, est la manifestation, au niveau de l’action explicite et consciente, d’une réalité intérieure implicite, qui est leur tendance profonde surnaturelle. Le jeune devrait comprendre que toute vérité morale, la justice par exemple, est à considérer comme une transparence à travers laquelle il découvre l’amour qui y rayonne, donnant un sens à la moralité de la justice. En montrant que l'acte de justice est une médiation de l'amour, cet acte devient pour les jeunes comme un appel les invitant à découvrir, à goûter, à apprécier la valeur d'amour qu'il renferme, et ici il s'agit d'un élément essentiel à la vie morale, sans perdre pour autant sa valeur propre de justice au contraire en la renforçant. On voit que nous disposons ainsi d'une véritable méthode de dialogue avec les jeunes: il s'agit de formuler tout ce qui regarde la conscience, la loi, l'acte humain, la vertu, et aussi le péché, ensuite toutes les valeurs particulières, chasteté, justice, etc., en recherchant et en exprimant la transparence de l'amour. Cette méthode rejoint celle de Saint Thomas : l’amour façonne la vie morale. Les jeunes ont besoin de voir devant eux des modèles et non pas des prédicateurs : en un saint qui vit devant eux, et qui prêche l'Evangile, en une communauté fervente, c'est toujours la transparence de l'amour qui a rendu efficace la prédication des normes les plus dures, et jusqu'à l'héroïsme du martyre, c'est elle qui a fait reconnaître, comprendre, aimer, pratiquer la moralité chrétienne.
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