Analyse de pratiques

Analyse de pratiques professionnelles

        Je suis en stage à EPAUL (Equipe Psychiatrique d’Accueil, d’Urgence et de Liaison) depuis trois semaines. Il s’agit d’un service où les patients rencontrés se font sur demande des urgences pour orienter au mieux les patients souffrant de troubles psychiatriques. Il est composé d’une équipe de 5 infirmiers répartis entre 8h30 et 22h.

Durant les trois premières semaines, j’ai pu observer comment se déroule un entretien infirmier, le soin prédominant du service. J’ai pu me rendre compte de la difficulté à trouver quelles questions poser pour recueillir les informations nécessaires afin de mieux cerner l’état psychique de la personne en face de nous et comment l’orienter. J’ai eu l’occasion d’observer au moins un entretien infirmier avec chaque infirmier et j’ai pu constater les différences et similitudes au niveau de l’attitude, des questions posées ou encore de l’orientation proposée. A chaque entretien réalisé, je faisais un débriefing avec l’infirmier pour savoir ce que j’en avais compris, ce que j’ai pu tirer en termes de clinique, quelles orientations je lui proposerais. J’ai pu sentir la progression de mes acquisitions sur ce soin en questionnant les infirmiers sur leur façon de mener l’entretien, sur mon ressenti de l’entretien, des thèmes abordés suivant les réponses des patients en m’imaginant les questions que j’aurais posé à la place de l’infirmier lors de l’entretien et en comparant avec les siennes. J’ai ressenti de l’appréhension à mener un entretien, sachant qu’il est déterminant pour choisir une orientation adaptée au patient.

Fort de toutes ces expériences, mon tuteur, que j’ai pu suivre plusieurs jours, m’a proposé de mener l’entretien d’un patient de 52 ans affecté par un épisode dépressif majeur (pathologie que j’ai pu rencontrer un certain nombre de fois au cours du stage). Je lui ai fait part de ma crainte de ne pas réussir à mener un entretien correctement ayant pu me rendre compte de la diversité des entretiens sur une même pathologie. Il m’a rassuré sur ma capacité à percevoir et obtenir les données nécessaires pour une bonne orientation et qu’il se tiendrait à mes côtés, prêt à reprendre la main sur l’entretien s’il le jugeait nécessaire. J’ai accepté et nous sommes partis réaliser l’entretien. J’ai commencé par poser les questions que j’ai le plus entendu pour connaitre la thymie du patient, son quotidien actuel, ses difficultés du moment, s’il y avait un élément qui a déclenché cet état… Focalisé sur ces données, je n’ai pas pu savoir quelle donnée méritait d’être approfondie et voyant que je n’arrivais pas à reprendre le fil de l’entretien, l’infirmier est intervenu et a poursuivi l’entretien. Je me suis senti frustré de ne pas être capable de faire ce soin technique et je me suis demandé ce qu’il me manquait pour arriver au

Ensuite, lorsque l’entretien c’est terminé, nous avons discuté de ce qui m’a mis en difficulté. Il a commencé par me rassurer sur mes compétences et sur l’analyse des entretiens que j’ai pu observer. Il m’a ensuite demandé ce qui m’avait posé problème et j’ai pu lui faire part de ce que je pensais : que je savais quelles informations étaient nécessaires pour bien orienter un patient mais que je ne savais pas comment les intégrer dans une discussion pour avoir un entretien « fluide ». Les informations étaient recueillies mais elles n’étaient pas approfondies. Il m’a alors conseillé de prendre un temps pour répertorier toutes les questions que je pouvais poser lors d’un entretien en les classant dans les items (motif d’admission, antécédents médicaux, mode de vie, manifestation de la crise et clinique, proposition d’orientation). Ce travail lui semblait nécessaire pour pouvoir s’attarder sur le discours du patient et d’avoir la possibilité de regarder les questions que j’ai écrites si je me sentais dépassé.

J’ai pris le temps de tout poser par écrit et j’ai pu mener un autre entretien en fin de journée avec un autre patient arrivé sur les urgences pour épisode dépressif majeur. J’ai été beaucoup moins en difficulté lors de cet entretien en me focalisant sur ce que disait le patient pour pouvoir rebondir dessus, et moins sur ce que je devais poser comme question. La grille d’entretien que j’ai posé sur papier m’a rassuré et j’ai pu noter de réels progrès sur cet exercice.

C’est à travers cette situation que je me suis demandé en quoi le l’analyse de la pratique professionnelle permettait-elle une amélioration manifeste de la gestion d’un entretien infirmier en psychiatrie.

Un entretien infirmier est « une technique de soins relationnels permettant de répondre au besoin d’information du patient, de l’aider à formuler ses demandes, et de recueillir des données de qualité pour élaborer ensemble un projet de soins. C’est un moment privilégié d’échange où il peut exprimer ses difficultés »^[1].

Il est d’ailleurs cité à plusieurs reprises dans le décret n°2004-802 du 29/04/2004 du code de la santé publique ^[2]:

Dans l’article R4311-5, les points 39, 40 et 41 parlent respectivement des actes accomplis dans le cadre de son rôle propre « d’entretien d’accueil privilégiant l’écoute de la personne avec orientation si nécessaire », « d’aide et soutien psychologique » et « d’observation et surveillance des troubles du comportement. » On le retrouve également dans l’article R4311-2 où un infirmier doit « concourir à la mise en place de méthodes et au recueil des informations utiles aux autres professionnels »et « de participer à la prévention, à l’évaluation de la détresse psychique des personnes. ». Il apparait enfin dans l’article R4311-7 où l’entretien individuel est cité comme acte pouvant être pratiqué par un infirmier.

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