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L'obéissance ou la soumission à l'autorité.

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Par   •  7 Janvier 2017  •  Étude de cas  •  3 439 Mots (14 Pages)  •  4 393 Vues

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L'obéissance ou

la soumission à l'autorité

1- Introduction :

L’obéissance est quelque chose de fondamental dans le fonctionnement des groupes  (dans une entreprise, en famille…) et des sociétés humaines. Seul un individu qui vivrait dans un isolement complet n’aurait pas à se soumettre aux exigences d’autrui.

Autrement dit, l’organisation dans n’importe quel groupe social repose sur le principe d’obéissance. Les groupes sociaux sont, dans la plupart des cas, organisés selon une hiérarchie de pouvoir. Ceci implique de la part des membres de ces groupes l’obéissance aux personnes qui leur sont supérieures dans la hiérarchie. En fait, on reconnaît généralement qu’il existe une norme d’obéissance commune à de nombreuses sociétés. De plus, à l’intérieur des sociétés, on trouve de nombreux sous-groupes presque tous organisés selon une hiérarchie de pouvoir.

Une des premières études sur l’obéissance a été réalisée dans un centre hospitalier par Hofling, Brotzman, Dalrymphe, Graves & Pierce (1966). Dans cette étude, un médecin (le Dr Smith) téléphone à des infirmières et leur demande d’administrer à un patient 20 mg d’un médicament X. Cette prescription déroge du règlement de l’hôpital en question sur 4 points différents : - 1/ la prescription a été communiquée par téléphone alors que cela est strictement interdit ; 2/ l’usage du médicament X n’est pas autorisé dans cet hôpital, il n’est d’ailleurs pas en stock dans le service ; 3/ la dose prescripte (20 mg) est trop importante, il est clairement indiqué sur le flacon que ce médicament est dangereux au-delà de 10 mg ; 4/ la prescription est faite par un médecin que les infirmières ne connaissent pas, étant donné qu’aucun docteur Smith n’a jamais exercé dans ce centre hospitalier.

Qu’ont fait les infirmières ? Dans cette situation, elles avaient le choix entre se soumettre aux ordres du médecin, c’est-à-dire leur supérieur hiérarchique, et de fait mettre en danger la santé de leur patient, ou protéger leur patient en refusant de se soumettre à l’autorité et protéger leur patient. Les résultats ont montré que 21 des 22 infirmières ayant reçu l’ordre ont obéi au médecin. Heureusement, les expérimentateurs avaient remplacé le fameux médicament par un placebo…

L’obéissance semble un phénomène inhérent au fonctionnement de toute société et qui est impliqué dans de très nombreuses situations de notre vie quotidienne : les enfants obéissent à leurs parents, les croyants obéissent à Dieu, les ouvriers obéissent à leurs patrons, les militaires obéissent à leur général… Dans de nombreux cas, obéir est un comportement « adapté », mais il existe aussi des cas comme celui étudié par Hofling et al., où l’obéissance conduit à produire des comportements dangereux, voire immoraux.

Curieusement, il a fallu attendre les années 60 pour qu'un psychologue social, Stanley Milgram, s'intéresse à cet aspect fondamental de la vie sociale que constitue l'obéissance ou la soumission à l'autorité et décide de l’étudier expérimentalement.

Cet intérêt de Milgram pour l'obéissance trouve son origine dans une tragédie humaine : en raison de ses origines juives et de sa qualité de psychologue social, Milgram cherchait une explication psychosociale au génocide perpétré par la nazis envers les juifs durant la seconde guerre mondiale.

“ Les chambres à gaz furent construites, les camps de la mort furent gardés, les quotas journaliers de corps furent respectés avec la même efficacité qu'une fabrique d'outillages. De telles politiques inhumaines ont pu émerger de l'esprit d'une seule et même personne, mais elles n’auraient jamais pu être appliquées sur une telle échelle s’il ne s’était trouvé autant de gens pour les exécuter sans discuter ” (Milgram, 1963, p. 371).

Comme Asch, Milgram souhaitait donc comprendre le génocide des juifs perpétré par les Nazis. Avant de conduire ses propres travaux Milgram avait d'ailleurs longuement étudier les travaux de Asch. Il souhaitait aller plus loin en étudiant une situation dont les enjeux pour l'individu seraient beaucoup plus importants  et plus problématiques. De plus, pour Milgram, la seule notion de conformisme n'était pas suffisante pour rendre compte du massacre des juifs. Rendre compte de ce drame nécessitait aussi de prendre en compte le fait que le peuple allemand et les militaires allemands étaient insérés dans un système hiérarchique dans lequel ils devaient obéir à leurs supérieurs.

Définition : la soumission à l'autorité (ou obéissance) renvoie aux situations dans lesquelles un individu modifie son comportement afin de se soumettre aux ordres directs d'une autorité légitime.


2 – Le dispositif et les résultats de l'expérience princeps de Milgram (1963, 1965, 1974)

Le dispositif de recherche

Milgram recrutait les sujets de l’expérience en faisant paraître dans un journal local un communiqué sollicitant la participation de gens de toute profession à une étude sur la mémoire et l'apprentissage, moyennant une petite rétribution (4 $). L'étude se déroulait dans un luxueux laboratoire de la prestigieuse Université de Yale (afin de garantir la légitimité des recherches réalisées). Elle est placée sous la responsabilité d'un professeur vêtu d'une blouse blanche. Il porte ainsi la marque de son statut d'autorité légitime.

L’expérience était présentée comme une étude sur les effets de la punition sur la mémoire (« apprend-on mieux quand on sait qu’on est sanctionné pour ses erreurs ? »). Dans ce but, on expliquait aux sujets que l’on avait besoin d’une personne qui jouerait le rôle de professeur et d’une personne qui jouerait le  rôle de l’élève.  L’attribution de ces deux rôles était faite grâce à un tirage au sort truqué de telle sorte que le sujet naïf se retrouvait toujours dans le rôle du moniteur alors que le rôle de l’élève était toujours tenu par un compère de l’expérimentateur .

La tâche du moniteur est de faire apprendre à l’élève une liste de paire de mots (e.g., humide-caverne; or-lune, ciel-bleu) que ce dernier devait ensuite restituer à partir, à chaque fois, d’un mot de chaque paire, accompagnée de 4 propositions de réponses (ex. bleu : compteur, ruban, ciel, yeux) données par le professeur. A chaque erreur de restitution, le moniteur avait pour consigne de sanctionner l'élève à l'aide de chocs électriques et d'augmenter l'intensité des chocs de 15 volts à chaque nouvelle erreur. L'intensité des chocs allait ainsi de 15 V  à 450 V.

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