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L’expression faciale et l’hypothèse de rétroaction

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Par   •  5 Février 2014  •  Commentaire de texte  •  819 Mots (4 Pages)  •  950 Vues

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ès l’âge préscolaire, on sait que les enfants apprennent à moduler leur expression faciale spontanée afin d’adapter leurs interactions aux règles du milieu social dans lequel ils grandissent. Ainsi, par exemple, des enfants de 4 ans dissimulent leur déception s’ils ouvrent un cadeau “ non désiré ” sous le regard de l’adulte qui le leur a offert. Ils expriment par contre toute leur émotion en ouvrant le même cadeau dans un contexte privé (Cole, 1986). À ce stade du développement, ces modifications expressives ne s’accompagnent ni d’une conscience explicite de la règle d’expression activée, ni d’une conscience de l’effort déployé pour contrôler son expression. Ces variations témoignent toutefois d’une compétence précoce de contrôle de l’expression faciale émotionnelle sur laquelle il convient de se questionner. À quoi sert de contrôler de l’expression faciale ?

2 Selon un avis courant, exprimé par exemple par Saarni et Weber (1999), l’acquisition de la compétence de contrôle de l’expression faciale sert deux fonctions, l’une interindividuelle et l’autre intra-individuelle : la gestion de l’interaction sociale et la gestion de l’émotion vécue (qui nous intéressera plus directement dans ce qui suit).

3 L’idée que le contrôle de l’expression faciale puisse entraîner une modification de l’émotion vécue par l’enfant s’accorde avec trois lignes distinctes d’arguments. Tout d’abord, ce contrôle permet la régulation émotionnelle (Gross, 1998) chez l’adulte (Duclos et Laird, 2001), tout comme dans les cas pathologiques (Ellgring et Smith, 1998). Un deuxième argument participe d’une vision neuro-anatomique en réseaux qui intègre le contrôle volontaire aux activations des circuits émotionnels sous-corticaux (Kolb et Taylor, 2000). Enfin, l’idée que le contrôle de l’expression faciale oriente l’émotion s’accorde avec les pratiques éducatives des parents qui orientent leur consignes sur l’expressivité (i.e. « arrête de pleurer ») plutôt que sur l’émotion per se (i.e. « ne sois pas si triste »).

L’EXPRESSION FACIALE ET L’HYPOTHÈSE DE RÉTROACTION

4 La plupart des théories récentes considèrent l’émotion comme un processus dynamique poly-factoriel constitué d’au moins cinq composantes : l’évaluation cognitive de la situation, l’activation physiologique, la préparation à l’action, l’expression, et le sentiment émotionnel (Ekman, 1984 ; Ellsworth, 1991 ; Frijda, 1986 ; Izard, 1977 ; Scherer, 1984 b ; Smith et Lazarus, 1990). Le sentiment émotionnel, véritable instance de pilotage de l’état interne de la personne, intègre les changements survenus au niveau des autres composantes du processus (Scherer, 1984 a, b). Bien que le résultat de ce pilotage soit en grande partie dépendant de l’évaluation de la situation, nous savons aujourd’hui que sa qualité et son intensité varient également en fonction de la préparation à l’action (Frijda, 1986 ; Frijda & Tcherkassof, 1997), des réactions physiologiques (Ekman, Levenson et Friesen, 1983), ou de l’expression faciale (Hess, Kappas, McHugo, Lanzetta et Kleck, 1992 ; Hess et Kleck, 1992). En dépit du fait que la nature, les mécanismes et l’évolution de ces relations intercomposantes restent à ce jour passablement inexplorés, le lien entre expression émotionnelle et sentiment

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