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Le courant existentiel dans l’histoire de la pensée occidentale: Son influence en psychologie

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Par   •  3 Mai 2013  •  Cours  •  6 920 Mots (28 Pages)  •  956 Vues

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Le courant existentiel dans l’histoire de la pensée occidentale

Son influence en psychologie

« Exister » :

du latin ex « hors de » et sistere (racine indo-européenne sta : être debout) « être placé, se tenir ». Littéralement « se tenir au dehors, apparaître, se montrer, surgir ».

Jusqu’au XIIe, employé dans le sens de « se trouver en un lieu »

Au XVIIIe, avec Voltaire (1760), le terme prend par extension le sens de « vivre »

(Dictionnaire historique de la langue française)

***

Au XIXe, Kierkegaard, père de l’existentialisme, lui confère le sens spécifique de « être subjectif, avoir une conscience, pouvoir dire « je ». Ainsi défini, le terme ne s’applique philosophiquement qu’à l’humain.

Au XXe, le terme « existence », que les existentialistes opposent à « essence », affermit sa connotation concrète, vécue, expérientielle.

Au XXIe, l’existence est le sens intime d’appartenir à l’humanité qui nous est octroyé par le regard d’autrui.

***

(Deuxième partie)

L’existentialisme en quatre temps : précurseurs, fondateurs, intégrateurs et successeurs

L’existentialisme représente un tournant majeur dans l’histoire de la pensée occidentale. Largement inspiré par l’idéalisme allemand (Fichte, Scheller, Schelling), le courant prend son envol au tournant de la Révolution française. Il passe à travers une longue gestation et plusieurs pauses avant d’émerger dans toute sa splendeur. Un nombre impressionnant d’auteurs et de créateurs en tout genre y sont associés.

Le mot « existence », dans le sens moderne de « réalité vécue », apparaît pour la première fois chez Schelling qui oppose la philosophie « négative » celle de la pensée pure, à la philosophie « positive » de l’« existence ». Quant au terme d’ «existentialisme», on en attribue la paternité à Jaspers qui l’emploie pour la première fois en 1937, mais à l’occasion d’une mise en garde : « L’existentialisme est la mort de la philosophie de l’existence », dit-il, pour signifier que cette manière de voir se montre réfractaire à toute conceptualisation et qu’il faut l’en préserver. À ses yeux l’existence reste et doit rester rebelle à sa saisie théorique. Voilà qui donne déjà le ton. Par la suite, le terme a surtout été appliqué au courant français, qui n’a jamais pour autant renié sa généalogie allemande. Certains prétendent que, rebelle à la philosophie même, cette philosophie s’est presque tout entière déployée, et un peu enfermée, dans ce paradoxe d’opposition. Comment « penser » ce qui par définition se dérobe à toute abstraction et à toute universalisation?

Il s’agit, comme son nom le dit, d’un courant philosophique pour qui l’existence joue un rôle de premier plan. Mais par opposition à quoi? La « philosophie de l’existence » est d’abord l’expression d’une lassitude envers les « essences ». Son ressort est le rejet de la métaphysique traditionnelle, de son goût prononcé pour l’absolu et de sa vaine quête du principe unique de toute chose. Donc rejet des valeurs éternelles, suprêmes, immuables telles que la Vérité, l’Être, le souverain Bien, etc., au profit de la réalité humaine telle qu’elle est vécue et ressentie. Comme dit Arendt, il s’agit pour les « penseurs de l’existence » d’affranchir ce monde du fantôme de l’Être (Certains, comme Hegel ou Heidegger se montreront rebelles aux rebelles).

Renvoyant dos à dos l’idéalisme et le matérialisme d’antan pour décrire le réel, ce courant, issu de Kant, qui n’entend plus s’intéresser à l’Être, met en avant la seule expérience d’exister comme humain. On disait autrefois que l’homme se distinguait de l’animal par la raison, les existentialistes préfèrent dire qu’il se distingue des choses par la conscience. Il déclare que l’ «existentia» n’a plus rien à voir avec l’«essentia», s’intéressant à la réalité des choses plutôt qu’à leur nature. Entrant de plain-pied dans le monde subjectif de l’expérience, cette pensée se détournera également de la science objective.

Ce renversement de perspective n’est pas sans présenter le danger de mettre l’homme à la place de Dieu en établissant un autre genre d’absolu. Toutefois, s’il a fallu faire mourir Dieu (Nietzsche) et tordre le cou à l’ancienne philosophie de l’être (Kant, Husserl, Jaspers, Sartre, etc.), la transcendance, comme on le verra, a progressivement repris sa place depuis, et sans doute une place plus juste et plus prometteuse. Ce qui est « mort », en réalité, c’est l’homme petit et soumis, objet du destin, voué à une autorité supérieure toute-puissante. Voilà que l’homme se regarde et découvre en lui une subjectivité qui se présente comme une « rupture » dans le cours du monde (Kierkegaard) et voit sa conscience comme créatrice de son monde (Husserl). On s’interroge sur le sens d’ « exister » en tant qu’humain (Heidegger : l’authenticité, Sartre, l’engagement, Camus, la solidarité, Jaspers : la communication). C’est cela la grande transformation qui a commencé au tournant du XIXe et se poursuit jusqu’à nos jours.

Les grandes lignes de l’existentialisme :

Trois mots-clés : concret (saisir la réalité non en la comprenant mais en l’expérimentant), conscience (d’un sujet) et phénomène (être pour soi et non pas être en soi). Tout ce qui se manifeste dans la conscience est phénomène. Ne rien chercher d’autre que les phénomènes. Pensée athée.

- On considère que l’expérience immédiate de l’humain est plus révélatrice de la réalité que la connaissance abstraite. Le vécu est irréductible à la pensée qu’on peut en avoir.

- L’accent est mis sur la singularité individuelle, la liberté, le choix et la confrontation inéluctable avec les conditions de cette existence.

- On démystifie la rationalité au profit du monde sensible, dont on fait la reconquête et effectue la réhabilitation. Dénonciation de la Raison sans chair (Merleau-Ponty).

- De là, une sorte de consécration de tout ce qui nous lie à ce monde-ci : vouloir-vivre (Schopenhauer), désir (Nietzsche), sensations et corps (Merleau-Ponty),

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