Développement de l'enfant
Cours : Développement de l'enfant. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ousmane dieng • 9 Mai 2019 • Cours • 5 359 Mots (22 Pages) • 768 Vues
LA THEORIE DE HENRI WALLON
OU LA CONSTRUCTION D'UNE PERSONNE
WALLON, L'HOMME
Le français Henri WALLON (1879-1962) a une double formation en philosophie et en médecine. Spécialisé en neurologie, Wallon dirige à l'hôpital La Salpêtrière de Paris une consultation pour enfants atteints d'altération mentale et d'agitation motrice. Ses observations effectuées sur 250 enfants "anormaux" vont constituer le premier matériau de sa thèse d'Etat, L'enfant turbulent, publiée en 1925.
Dans son étude de l'enfant, Wallon s'est surtout attaché à trouver une solution aux problèmes des origines (origines de l'intelligence, du caractère,...) en s'appuyant non seulement sur les données de la psychologie enfantine, mais aussi sur des données de la physiologie, de la pathologie, de la psychologie animale, de l'ethnologie et de l'histoire de la culture.
Il publiera notamment 3 livres fondamentaux quant à ses positions théoriques qui découlent de ses recherches : L'évolution psychologique de l'enfant (1941), De l'acte à la pensée (1942) et Les origines de la pensée chez l'enfant (1945).
LES POINTS CLES DE LA THEORIE
Piaget décrit et explique le développement de l'intelligence, Freud, celui de l'affectivité. Si l'affectivité n'est pas ignorée de la théorie opératoire, le rôle qui lui est dévolu apparaît paradoxal : conçue comme une source d'énergie, elle n'a cependant d'impact fonctionnel que si des conditions préalables qui relèvent des mécanismes cognitifs sont réalisées. En bref, l'affectivité n'est intéressante, du point de vue de Piaget, que soumise à l'intelligence logico-mathématique. Inversement, la théorie psychanalytique de l'affectivité ignore superbement - ou pour le mieux met entre parenthèses - le rôle de l'intelligence et de l'acquisition des connaissances.
Ainsi, l'enfant de Piaget et celui de Freud sont-ils morcelés, amputés de l'une ou l'autre de leurs "fonctions".
Wallon se démarque fondamentalement de ces 2 perspectives au sens où il s'attache à expliquer le comportement total d'un sujet qui se construit en tant que personne. Affectivité et intelligence s'influencent tout au long d'un développement qui, loin d'être linéaire, présente des oscillations, des ruptures.
Dans sa théorie, Wallon s'appuie notamment sur les travaux de Darwin dont il retient l'évolutionnisme et le rôle prépondérant du milieu. Mais le milieu n'est pas ici seulement biologique : l'homme est social par nature ; le milieu social prolonge donc le milieu biologique.
Le nouveau-né, plus démuni que la plupart des animaux, est engagé dès son premier cri - et on le sait maintenant dès sa conception - dans un système de relations qui assurent sa survie et son développement. Il n'existe pas d'opposition entre le biologique et le social mais continuité, relais. Si Wallon retient avec force le rôle du milieu, il s'éloigne cependant de Darwin en faisant de la solidarité - et non de la compétition - le facteur essentiel, nécessaire à la survie et au développement de l'espèce. De plus, l'homme échappe à certaines contraintes du milieu physique en construisant le milieu symbolique qui lui est propre, avec et par le langage et les idéologies qu'il transmet.
L'enfant doit être abordé comme une réalité vivante et totale dans le contexte social où il est immergé. L'approche concrète et multidimensionnelle est, selon Wallon, nécessaire pour saisir la réalité multidimensionnelle du développement.
Cette approche multidimensionnelle permet à wallon d'établir un système de stades qui colle à la complexité du développement. Les stades de wallon sont à la fois des réalités et le moyen de décrire le développement de la personnalité tout entière de l'enfant. Cette conception exclut que l'on sépare l'enfant étudié de sa maturation organique, de ses activités et de ses conditions de vie.
Le développement, tel que Wallon l'observe, est loin d'être continu. Il ne résulte pas d'une simple addition de progrès orientés dans le même sens, mais présente à contrario des oscillations, des rythmes, des crises, des changements de direction.
Trois lois fonctionnelles rendent compte de cette discontinuité complexe : la loi de succession de prépondérance, la loi d'intégration et la loi d'alternance.
La loi de prépondérance dénote le fait qu'au cours du développement, on observe une fluctuation plus ou moins périodique de la dominance de l'un ou l'autre de 4 grands ensembles fonctionnels que sont : l'affectivité, l'acte moteur, la connaissance et la personne. Au cours de l'enfance, la prépondérance passe des fonctions émotionnelles et affectives d'assimilation et d'imitation, aux fonctions de discrimination intelligente entre soi et la réalité objective, physique et sociale ; le passage étant fortement dépendant de la maturation des centres nerveux.
Le principe d'alternance fonctionnelle établit que, tour à tour, les rapports de prédominance de chaque fonction alternent à chaque étape de la vie en imprimant un caractère cyclique, mais solidaire, à l'ensemble du développement.
Ainsi, le développement s'oriente vers la construction et la consolidation de l'individu (phase centripète, où prédomine l'affectivité) puis vers la découverte du milieu et des relations avec les objets (phase centrifuge, où prédomine l'intelligence). Alternativement, c'est donc la découverte de soi et la découverte de l'objet qui sont au centre de l'évolution de l'enfant.
Ces changements de direction sont gouvernés par la loi d'alternance fonctionnelle qui découle elle-même de la maturation progressive du système nerveux central.
Enfin, la loi d'intégration fonctionnelle est définie comme la réalisation d'un ensemble nouveau où les éléments ont perdu leur individualité en se restructurant selon les rôles et significations qui leur sont attribués dans le nouvel ensemble.
L'apparition d'une forme nouvelle de comportement n'entraîne pas automatique-ment la disparition des comportements précédents, au contraire, ceux-ci sont intégrés et remaniés en fonction des apports nouveaux. Chaque stade s'enracine ainsi dans le précédent et se conserve, sous une forme remaniée, dans le suivant.
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