Romances Sans Paroles
Commentaires Composés : Romances Sans Paroles. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 2 Mars 2013 • 856 Mots (4 Pages) • 1 244 Vues
de Rimbaud.
Le passage de Rimbaud fulgure en traits de feu la vie et dans l’oeuvre de Verlaine. Par
ce feu solaire, illuminant, corrosif, Verlaine est un instant arraché à lui-même,
écorché, mis à nu, et, en même temps, confronté violemment à sa face la plus profonde.
S’il se rebelle, s’il s’effraie, s’il se dérobe enfin, c’est parce que ce poing plus fort que
celui qui l’a saisi veut le contraindre à aller jusqu’au bout de lui-même. Seul, il ne
serait jamais sans doute allé si loin sur ce chemin qu’il désertera bientôt: “la Bonne
Chanson” montre assez qu’il reculait déjà. Il sera par Rimbaud poussé en avant,
sommé en quelque sorte de développer jusqu’en ses ultimes conséquences une
expérience qu’il avait été le premier à amorcer en pressentant la puissance libératrice
du songe, mais dont, y soupçonnent des périls que “Crimen Amoris”, puis “Mort!”
dénonceront, il s’était déjà détourné dans le confort élégiaque de 1870.
Les éléments biographiques sont en eux-mêmes assez signifiants: ce que Rimbaud fait
dès l’abord éclater, ce sont ces digues postiches dans lesquelles justement Verlaine avait
cru pouvoir trouver refuge. Nul doute que, aux yeux de l’adolescent qui a proclamé la
nécessité pour le poète de se faire “voyant”, qui avait salué en Verlaine le seul poète,
avec Baudelaire, à être authentiquement “voyant” , le mariage, le vie bourgeoise, le
recours, sur le double plan de la vie et de l’art, à une “norme” qu’il avait lui-même
dénoncée dans les violentes déflagrations de ses poèmes de jeunesse, ne soient la seule
trahison et la seule fuite. Car la passion invertie ne peut seule rendre compte de
l’acharnement de Rimbaud contre Mathilde, de son écoeurement devant ce foyer
bourgeois où il s’efforce très vite d’être un objet de scandale, - celui même par qui le
scandale arrive, - de ses railleries et de sa nausée devant la nostalgie où il verra
Verlaine de sa femme, de son foyer abandonné, de la “lampe” et du “thé fumant”. Ce
qu’il dénonce par là, c’est la trahison de Verlaine et son reniement. Cette charge
énorme de scandale qu’il accumule et fait éclater, elle est destinée à faire prendre
conscience à Verlaine d’un scandale autrement profond et le seul impardonnable. Et
c’est bien à rendre son faible aîné “à son état primitif de fils du soleil” que s’engage
Rimbaud, à trancher d’un coup tous ces fils qui l’entravent, passé, besoin d’amour et de
protection, ressassement infini, remords et fautes, à en faire cet être en marche qu’il
est lui-même. L’envers profond d’une liaison qui, chez Verlaine du moins, ne cessera
pas de sitôt de résonner et que les faits sont impuissants à livrer, c’est dans “Crimen
Amoris” qu’il faut le déchiffrer; plus que dans “Laeti et errabundi”, c’est dans
“Don Juan pipé” et dans le double témoignage d’ “Une saison en enfer” et des
“Illuminations”
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