Relations Filles Et Mere
Note de Recherches : Relations Filles Et Mere. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar cloclo2b • 27 Mars 2014 • 1 793 Mots (8 Pages) • 824 Vues
Médecin pédiatre, Aldo Naouri accueille dans son cabinet, depuis longtemps, non seulement des enfants, mais aussi leurs mères.
En s'étayant sur un cas précis, qui l'interroge et l'enseigne pendant des années d'autant plus qu'il le fait réfléchir sur sa relation à sa propre mère, il analyse le pouvoir, souvent terrible, qu'ont les mères sur leurs filles dès lors que celles-ci n'ont pas réussi à être quittes de l'injonction à répétition, lorsque, mères à leur tour, elles ne sont que des clones de leur mère pour mieux assouvir son fantasme d'immortalité et se protéger du risque de mort que cette mère toute-puissante ferait courir si jamais elles abandonnaient celle qu'elles trahiraient, le clonage étant le moyen d'en rester pour toujours à cette première relation d'amour, incestueuse, homosexuelle, avec la mère.
Cestus, c'est la carence, le manque. Le contraire, l'incestus, c'est le non manque, c'est l'état d'un être-de-besoin, tel le nourrisson, assuré d'avoir tout à sa disposition sans limites. La mère toute-puissante est, en ce sens que jamais elle ne fait manquer de rien son nourrisson, incestueuse, et l'injonction à répétition qu'elle transmet à sa fille est de faire strictement de même, ceci sur plusieurs générations, pour rester parfaite dans cette identité primaire dans le regard de sa mère dont ainsi elle est assurée de ne pas être séparée. Il s'agit de ne jamais admettre la rupture, voire la mort, de cette relation biologique, animale, inhérente au temps de la grossesse, les filles étant par leurs mères fixées à la logique de leur sexe qui est une logique de grossesse. Et, dans cette logique-là, seulement mères. N'ayant jamais trahi cette première relation.
Au commencement, en ce temps gestationnel qui semble n'avoir pas de limites, puis pendant ce temps de prématurité du nourrisson qui le met entre les mains toutes puissantes de sa mère, il y a cette relation biologique, animale, avec la mère, qui laisse une trace ineffaçable, notamment au niveau sensoriel, corporel. Filles et garçons, tous gardent cette référence indétrônable en soi. Cette mère fascinante mais qui peut aussi donner la mort, donc terrifiante, si jamais elle abandonne.
Cette mère exclusivement mère, totalement dévouée à son enfant qu'il soit fille ou garçon, cette mère qui poussera sa fille à répéter le même rôle parfait afin qu'elle aussi se love foetalement dans la même identité à laquelle il n'y a rien à redire, Aldo Naouri l'appelle la mère paradigmatique. Une mère capable de se laisser indéfiniment envahir par les besoins corporels de son enfant, sans d'autre désir, capable même de ressusciter son enfant en train de mourir. Une mère tolérant cet envahissement sans fin, sans limites, totale dans cette logique de grossesse (ou de prolifération cancéreuse, comme ce cancer du sein qui emporte finalement cette mère paradigmatique dont il parle). Aldo Naouri, comme par hasard, reconnaît en cette mère paradigmatique sa propre mère si dévouée à lui. On le sent presque encore fasciné. Mère paradigmatique ou mère juive?
Aldo Naouri nous dit que les filles ont d'autant plus de mal à mettre fin à cette jonction avec leur mère, à ce premier amour incestueux, qu'elles ne le retrouveront plus ensuite du fait de leur sexe, sauf à être des clones de leurs mères lorsqu'elles auront des filles. Elles ont donc beaucoup de mal à affronter le risque de mort inhérent à la séparation, le risque narcissique d'être moins bien que leur mère, le fait de vouloir être quelqu'un d'autre impliquant une trahison donc une culpabilité pas facile à assumer. Lorsqu'elle réussit cette séparation, la fille se trouve dans une logique de découverte, qui est tout de même étayée par le fait qu'elle se choisira un mari qui ressemblera à sa mère, la première relation étant la référence obligée. Le garçon a plus de chance, puisqu'il peut d'autant mieux s'éloigner de sa mère (paradigmatique) qu'il la retrouvera dans la femme avec laquelle il se mariera. Il se trouve dans une logique de retrouvailles.
Et le père dans tout cela? Pour Aldo Naouri, la fonction de père est une affaire de femmes. Il est celui qui met fin à la jonction de la mère et de l'enfant, celui qui introduit le non là où il n'y a que le oui, l'étranger vers lequel se tourne la fille pour échapper au destin homosexuel auquel l'aurait condamnée sa fixation au premier objet d'amour. Le tiers qui introduit le non séparant aussi le garçon de la mère. Donc soulageant garçon et fille du terrible pouvoir fascinant de la mère.
Mais pourquoi affaire de femmes? On a l'impression, en lisant ce livre, que la fonction paternelle (qui peut être jouée par d'autres hommes que le père biologique) c'est ce qui permet le saut à la génération suivante, entre découverte (le saut) et retrouvailles, la reproduction de la même relation au sein d'une nouvelle structure familiale, et ainsi de suite, sans fin. Ce que la fille perd, c'est une logique de l'envahissement (embryon, fœtus et nourrisson sont l'envahissement incarné, tandis que la mère paradigmatique c'est ce corps et âme qui se laisse sans limites envahir), pour découvrir la logique inhérente à son sexe (ainsi que sa mère le lui apprend) c'est-à-dire la logique de grossesse, la logique qui la pousse à être envahie, à tolérer monstrueusement cette invasion. Le garçon, s'il renonce, par le non introduit par ce tiers qu'est son père, à envahir sa mère paradigmatique, retrouvera avec sa femme une logique sexuelle (de coït) d'envahissement préparant celle-ci à la logique de grossesse, à la logique de l'invasion, le lui faisant découvrir.
Finalement,
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