Piaget, la psychologie de l'intelligence
Cours : Piaget, la psychologie de l'intelligence. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 6 Février 2013 • Cours • 1 889 Mots (8 Pages) • 1 787 Vues
"LA PSYCHOLOGIE DE L'INTELLIGENCE"
Jean Piaget
(d’après l’ouvrage)
I : NATURE DE L'INTELLIGENCE
1 : Intelligence et adaptation psychologique
Toute explication psychologique de la pensée fait appelle à la biologie concernant l'étude des fonctions élémentaires (perception, motricité), et à la logique en tant qu'axiomatique de la science "psychologie de la pensée".
Une conduite, que l'on peut définir comme étant des échanges fonctionnels entre le sujet et son environnement, participe de deux aspects majeurs : l'un affectif, d'ordre énergétique, qui détermine les buts à la conduite et l'autre cognitif, d'ordre structural, qui fournit les moyens de la conduite. L'intelligence est alors un système d'opération correspondant à la forme d'équilibre des structures cognitives. De nature adaptative, elle tend à assimiler l'ensemble du réel en l'incorporant dans les schèmes de la conduite tout en y accommodant l'action du sujet en fonction des pressions de l'environnement.
Il y a six points de vue différents pouvant expliquer l'intelligence : génétique ou non et pour chacune de ces deux possibilités, on peut attribuer les adaptations à des facteurs endogènes, exogènes ou les deux.
2 : Psychologie de la pensée et nature psychologique des opérations logiques
La pensée est un système de signifiés (pensée en tant que telle) et de signifiants (signes ou symboles) dont la logique n'est que le reflet, un schéma théorique formulé à posteriori. Or, le caractère essentiel de la pensée logique est d'être opératoire, sachant qu'une opération n'existe que si elle fait partie d'un système. Il s'agit donc de dégager les lois d'équilibre de ces systèmes opératoires d'ensemble appelés "groupements".
Il y a cinq conditions nécessaires pour assurer l'équilibre mobile caractéristique de ces groupements qualitatifs : la coordination possible des opérations, la réversibilité, l'associativité, l'annulation d'une opération combinée à son inverse et enfin la tautologie, c'est-à-dire qu'un élément qualitatif répété ne se transforme pas.
La structure terminale de l'intelligence est caractérisée par plusieurs types de groupements :
- Il y a huit groupements logiques fondamentaux de type additifs ou multiplicatifs, classes ou relations, emboîtements, sériations, correspondances simples ou réciprocités, correspondances d'un à plusieurs, tous relevant d'éléments individuels invariants.
- Il y a huit groupements infra logiques, relevant des parties et visant, en décomposant puis recomposant l'objet, à construire les notions d'espace et de temps.
- La même répartition peut être appliquée aux opérations portant sur les valeurs, c'est-à-dire les rapports de moyens et de buts.
- Enfin, l'ensemble de ces trois systèmes, traduit en propositions à base d'implications et d'incompatibilités entre fonctions proportionnelles, constitue la logique.
Le développement de l'intelligence se fera par l'extension progressive des distances et par la complication des trajets caractérisant les échanges entre le sujet (organisme) et les objets (milieu). Il convient donc d'étudier successivement les rapports de l'intelligence avec la perception, l'habitude motrice, la formation des opérations chez l'enfant et sa socialisation.
II : L'INTELLIGENCE ET LES FONCTIONS SENSORI-MOTRICES
3 : L'intelligence et la perception
Si la perception est la connaissance que nous prenons des objets par contact direct et actuel, l'intelligence, quant à elle, est la connaissance subsistant lorsque interviennent les détours et l'augmentation des distances spatio-temporelles entre sujet et objet.
La théorie de la forme considère les systèmes mentaux comme des structures d'ensemble préexistantes et identiques quel que soit le niveau de développement, obéissant à des "lois d'organisation" garantissant la meilleure forme possible, c'est-à-dire susceptible d'être transposable. Or, cette théorie cherche à réduire les mécanismes de l'intelligence à ceux des structures perceptives et néglige par là son développement génétique et sa construction par assimilations successives de différents schèmes.
En outre, les structures perceptives, de nature statistique, ne sont ni additives, ni réversibles, ni transitives et sont sujettes à la relativité déformante, c'est-à-dire que le rapport perceptif altère les éléments qu'il relie du fait des "centrations". L'intelligence, au contraire, capable de "décentrations" beaucoup plus importantes du fait de son appréhension d'un plus grand nombre de réalités en un seul tout, s'oriente vers des compositions complètes, donc réversibles et atteint une relativité objective.
On ne peut nier cependant l'importance de l'"attitude analytique" du sujet qui, dirigeant et coordonnant les centrations successives, permet une perception de plus en plus mobile, tendant vers la réversibilité, cette aptitude croissant avec l'âge.
4 : L'habitude et l'intelligence sensori-motrice
Perception et mouvement soit indissociablement liés concernant la construction des schèmes sensori-moteurs du nourrisson dans la mesure où ils s'influencent mutuellement. L'assimilation sensori-motrice se réalise en structures toujours plus mobiles et d'application plus vaste, à partir du point où la vie mentale se dissocie de la vie organique :
- Dans un premier temps, l'enfant expérimente ses schèmes réflexes en les répétant, il les étend à d'autres objets et il apprend à discriminer les objets auxquels il les applique. Ce sont les "réactions circulaires primaires", portant essentiellement sur son propre corps.
- L'enfant acquiert ensuite des "habitudes élémentaires" en étendant ses schèmes réflexes par incorporation d'éléments nouveaux.
- Après la coordination de la vision et de la préhension (4-6mois), l'enfant accède aux "réactions circulaires secondaires". Il reproduit un mouvement ayant eu un effet
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