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Notre époque Encourage Et Valorise L'imposture

Thèse : Notre époque Encourage Et Valorise L'imposture. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  26 Juin 2013  •  Thèse  •  484 Mots (2 Pages)  •  613 Vues

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ychologies : Pensez-vous que nous sommes tous des imposteurs ?

Roland Gori : Oui. L’imposture commence dès que vous vous camouflez, vous dissimulez, vous habillez. C’est une attitude tout à fait humaine : nous n’allons pas révéler nos peurs les plus secrètes, nos fantasmes les plus obscurs en société. Nous ne pouvons pas vivre « nus » aux yeux des autres. En revanche, il y a des degrés dans l’imposture. L’écart est large entre l’ensemble de dissimulations auxquelles nous ne pouvons pas échapper – les petits mensonges destinés à cacher des moments de plaisirs interdits, par exemple – et les grandes falsifications, comme celle du faux médecin Jean-Claude Romand. Il faut donc distinguer les petits arrangements de la comédie sociale de la grande imposture.

Qu’est-ce que « la figure de l’authentique imposteur » à laquelle votre livre s’intéresse ?

Roland Gori : C’est un tartuffe, quelqu’un qui prend de fausses apparences pour tromper, séduire et abuser ses contemporains. Il cherche à se faire passer pour ce qu’il n’est pas à partir de l’attente des autres. C’est un hypocrite, un tricheur, un fraudeur. Il s’adapte parfaitement à l’univers dans lequel il évolue. Le seul problème, c’est qu’il change sans cesse d’avis : il peut tenir n’importe quel discours et ne s’approprie jamais les valeurs, les principes qu’il feint de défendre. C’est ce chef de service qui assure à son employé qu’il va tout faire pour sauver son emploi et qui discute ensuite avec son directeur des modalités les plus appropriées pour supprimer son poste. C’est cet homme d’affaires qui achète des entreprises avec des fonds qu’il n’a pas, cet homme politique qui promet de lutter contre la fraude aux impôts tout en ouvrant des comptes dans des paradis fiscaux. On a l’impression qu’il n’a aucune conviction, qu’il n’éprouve pas d’affects authentiques. La question est de savoir s’il y a quelqu’un sous l’habit. Est-ce qu’il y a un sujet ? Non. C’est surtout un vide ontologique, une simple éponge vivante absorbant les valeurs de son environnement. L’imposteur se faufile dans le maquis des normes sociales comme un caméléon insaisissable.

Mais ce phénomène a toujours existé, non ? Vous citez d’ailleurs Le Tartuffe de Molière, qui se déroule au XVIIe siècle…

Roland Gori : C’est exact. L’imposture prend des formes différentes selon les siècles. Elle s’imprègne des valeurs du moment. L’imposteur s’adapte à l’époque dont il est le produit et à ses codes de conduite : chez Molière, il cultive les apparences du dévot avec son discours, ses rituels et ses génuflexions, mais il ne possède pas la foi et exploite ceux qui l’ont. Aujourd’hui, il tente de répondre aux attentes sociales qui se situent du côté de l’argent, d’un savoir expert qu’il n’a pas et de performances qu’il truque ou invente. Il triche comme Lance Armstrong, présente un faux bilan financier comme la Grèce pour satisfaire aux exigences du FMI, etc. Mais ce qui est nouveau, c’est l’ampleur du phé

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