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Les Femmes sans abri Précarité asexuée ?

Mémoire : Les Femmes sans abri Précarité asexuée ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  1 Juin 2014  •  1 974 Mots (8 Pages)  •  2 923 Vues

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Le statut de l’auteur :

Cet article psychologique, parue dans la revue de Vie Sociale et Traitements (VST), a été écrit par une psychologue à l’institut de criminologie et sciences humaines.

Les références du texte :

BOINOT Karine « Femmes sans abri Précarité asexuée ? « VST – Vie Sociale et Traitements, 2008/1 n°97 p 100-105.

Les mots-clés du texte :

Femmes, Sans Domicile Fixe, errance, invisibilité, identité des genres.

La thématique:

L’article de Karine Boinot m’a amenée à me questionner sur les causes et les conséquences de cette précarité asexuée. Je tenterai de développer les différentes idées que ce thème a suscité en moi. D’où la question titre : la précarité serait-elle asexuée ? « En effet, Femmes SDF, femmes sans abri, femmes en errance : qui sont-elles ? Ne dit-on pas en langage commun « les SDF » ? ». Je me suis interrogée sur des travaux précédents de la statisticienne et sociologue Maryse Marpsat ; Karine Boinot la cite en effet dans son article. Apparemment, les jeunes filles semblent avoir plus de facilité que les jeunes hommes pour mobiliser un réseau social, un mode d’hébergement dans la famille ou chez des amis, dans l’attente d’un logement acceptable. Selon Maryse Marpsat, « si les femmes sont moins nombreuses dans la rue que les hommes, c’est en partie parce que les filles participent activement aux activités domestiques, notamment dans les milieux populaires ».

Ce questionnement en appelle un autre : qu’en est-il de la sexualité, de la vie amoureuse chez les personnes communément appelées SDF ? Si la vie affective et sexuelle de personnes sans domicile ne doit pas être déniée, leur accorde-t-on pour autant ce droit ? La sexualité des sans domicile demeure toujours quasi invisible dans les débats sur l’exclusion et le logement. Il pourrait apparaître indécent et immoral de donner aux sans-abri les moyens d’accéder à la sexualité. « Il semble que le droit à la sexualité et au plaisir ne soit réservé qu’à une partie de la population, celle qui relève de la « normalité sociale » ». Dans cette perspective critique, admettre que les sans domicile aient des relations affectives ou sexuelles, ce serait non seulement leur reconnaître un droit au plaisir mais aussi et surtout l’accès à une vie reproductive. Or, historiquement, la reproduction des marginaux et des populations marquées d’un handicap physique, mental ou social est souvent apparue comme une menace pour le fonctionnement social « à laquelle se sont opposées les institutions sociales et politiques, dont l’une des attributions est le contrôle des corps et des populations ». Alors, en quoi est-ce différent d’être un homme ou une femme lorsqu’on est en errance ? La présence des femmes suscite un trouble, voire une situation qui dépasse les seuls chiffres. Ne serait-ce pas parce qu’il y a autre chose quand il s’agit de femmes ? En effet nos représentations sociales font qu’être une femme à la rue dérange. Le genre est une construction sociale et, tout au long de notre vie, nous suivons une sorte d'apprentissage de notre genre (masculin ou féminin) qui passe par la famille (socialisation primaire) et les groupes de paires (socialisation secondaire). Notre genre est déterminé par notre sexe et va produire des inégalités entre individus dans la vie privée et professionnelle. Notre société est fortement marquée par les préjugés et la socialisation différenciée. Selon l'époque et la société, le statut de chaque individu n'est pas le même et le genre ne découle pas des mêmes principes ; ce qui expliquerai que la précarité semblerait être asexuée pour certains. Comment penser qu’un logement peut être vécu comme étant plus dangereux que la rue ? Si ce n’est de concevoir que l’errance puisse être non seulement un problème de femme mais aussi une stratégie pour s’extraire de la violence. Autrement dit, certaines femmes préfèrent la rue plutôt que de subir des violences de leurs conjoints. Les premières violences auxquelles les femmes sont confrontées, selon une étude de l’INSEE de 2012, sont les agressions verbales telles que les injures (16,9 %) et les menaces (5,5 %) ; viennent ensuite les violences physiques, au sein du ménage (3 %) ou à l’extérieur (2,5 %) et enfin, les agressions sexuelles à l’extérieur (1,5 %).

Selon Pierre Emmanuel Vidal-Naquet, il y a dans l’errance urbaine des femmes trois types de comportements : l’indécision, la discrétion et la position d’alerte. Ces trois attitudes semblent être l’une des spécificités de l’errance féminine. Dans une étude récente concernant la détresse des personnes en difficulté (et pas seulement les SDF), le sociologue Serge Paugam note que, comparativement aux hommes, « les femmes sont plus sensibles aux difficultés qu’elles ont connues dans leur enfance et à leurs problèmes affectifs survenus à l’âge adulte ».

Cette plus grande sensibilité résulte peut-être en grande partie de la place qu’occupent les femmes dans les rapports sociaux de sexe.

La problématique (à développer) :

La question posée par l’auteur est « la précarité serait-elle asexuée ? ». Autrement dit, n’existe-il que des hommes en situation de précarité ? Et surtout en quoi est-il différent d’être une femme à la rue ? La femme représente la mère de famille et l’errance féminine peut s’apparenter comme suspecte car la prostitution est depuis très longtemps assimilée au vagabondage. Ces femmes ont honte d’avoir échoué dans leur rôle de mère et cherchent à se rendre invisibles au regard d’autrui et aux jugements réprobateurs. Ce qui nous amène à nous interroger sur le concept de « théorie des genres ». Le genre est perçu comme un fait construit et non comme un fait naturel. Il s'intéresse à la manière dont une identité de genre peut être le résultat d'une construction sociale. La division genrée des rôles est parfois perçue comme induisant une hiérarchie. L'historienne Joan Wallach Scott présente cette dimension en ces termes : « le genre est un élément constitutif de rapports sociaux fondés sur des différences perçues entre les sexes et le genre est une façon première de signifier des rapports de pouvoir ».

La stigmatisation est un concept phare chez les femmes SDF. Parmi les personnes qui se retrouvent sans abri, certaines sont stigmatisées socialement

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