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La Mythomanie : Approche Clinique Et Psychopathologique

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Par   •  6 Janvier 2014  •  9 592 Mots (39 Pages)  •  1 890 Vues

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La mythomanie : approche clinique et psychopathologique

Mini-mémoire

Présenté par Hélène VULSER le 13 Mars 2008 à Rennes à l’occasion des Journées Inter-Universitaires

Sujet proposé par le Professeur Walter

Introduction

Première partie : description clinique de la mythomanie

Dupré et la création du concept de mythomanie

Conceptions actuelles

Cas cliniques

Les caractéristiques du mythomane

Une tendance « plus ou moins volontaire et consciente »

Mythomanie et délires d’imagination

Une forme clinique de mythomanie : le syndrome de Münchhausen

La mythomanie chez l’enfant

Deuxième partie : Psychopathologie de la mythomanie

La mythomanie comme manifestation de l’hystérie

Mythomanie et troubles de la personnalité de type B

Mythomanie et troubles de la personnalité de type B

La mythomanie comme mythe personnel

La mythomanie comme réponse à l’échec social

La mythomanie comme mécanisme de défense

Conclusion

Bibliographie

Introduction

Le terme de mythomanie fut crée en 1905 par le français Ernest Dupré pour désigner « la tendance pathologique plus ou moins volontaire et consciente, au mensonge et à la création de fables imaginaires »(1). Il s’agit d’un néologisme formé à partir de racines grecque et latine : « mythos » désignant la fable, et « mania », la folie. Si en France, le mot « mythomanie » est très utilisé, que ce soit par les psychiatres ou dans le langage courant, il n’en va pas de même dans les pays anglo-saxons, qui lui préfèrent le terme de « mensonge pathologique » ou encore de « pseudologie fantastique ». Cette entité reste toutefois bien difficile à définir à l’heure actuelle. La mythomanie (tout comme son homologue anglais « pseudologia fantastica ») a en effet disparu des classifications internationales depuis les années 1980. On ne la retrouve ni dans le DSM-III, ni dans le DSM-IV, ni dans la CIM-10. Il n’existe donc aucun critère pour en faire le diagnostic. Dans les années récentes, on peut cependant constater un regain d’intérêt pour la mythomanie. Ainsi une revue de la littérature publiée en 2005 aux Etats-Unis, fait le point sur les principales caractéristiques de la mythomanie (2). Puis en 2007, les Annales Médico-Psychologiques (3) consacrent un dossier à ce sujet. On cherchera ici, dans un premier temps, à faire la description clinique de cette pathologie, puis, dans un second temps, à en expliquer la psychopathologie.

Première partie : Description clinique de la mythomanie

Le sujet de la mythomanie a inspiré de très nombreux écrivains et scénaristes. Les histoires les plus connues sont celles de Tartarin de Tarascon, héros d’Alphonse Daudet, de Nelly, marquise de Fontranges dans le roman de Jean Giraudoux La Menteuse, de Jean-Claude Romand dont la vie est relatée dans l’Adversaire d’Emmanuel Carrère ou encore de Jeanne, interprétée par Marie Trintignant dans le film « …Comme elle respire ». Les historiens également abordent le sujet de la mythomanie à travers les descriptions, extrêmement nombreuses, de personnages historiques réincarnés. On a recensé plus de trente cas de faux Louis XVII, des faux Néron, de fausses Jeanne d’Arc… , le personnage réincarné étant en général mort jeune, soit violemment, soit dans des conditions mystérieuses (4). Christophe Colomb également fut atteint de mythomanie. En réalité fils de tisserand, il s’est inventé un arbre généalogique, « se déclarant issu du comte de Colombo, seigneur de Cuccaro-en-Mont-ferrat descendant du général romain Colonius qui vainquit Mithridate, roi du Pont, l’amena prisonnier à Rome ». (5). A propos de lui, P. Erlanger dira : « Ceux qui aiment donner des noms savants aux petites faiblesses humaines l’ont traité de menteur pathologique. Si la maladie consiste à mentir de façon convaincante, c’est-à-dire après s’être persuadé soi-même, Colomb assurément en fut atteint. » (4).

Dupré et la création du concept de mythomanie

Ernest Dupré (1862-1921), médecin des hôpitaux de Paris depuis 1899 puis Professeur Agrégé à la Faculté, devient, en 1913, médecin-chef de l’Infirmerie spéciale du Dépôt auprès de la Préfecture de Police de Paris. Il a alors pour tâche de faire le tri entre les délinquants susceptibles d’être remis à la justice d’une part, et les délirants dont l’état exige l’internement. Il est ensuite nommé en 1916 Professeur titulaire des maladies mentales et de l’encéphale.

Il donne une série de leçons cliniques sur la mythomanie qu’il publie en 1905 dans le Bulletin médical. Puis c’est avec son interne, Benjamin-Joseph Logre qu’il fait ses premières conférences sur les délires d’imagination en 1910. C’est enfin en 1919 qu’il expose sa théorie des constitutions (ou déséquilibres constitutionnels du système nerveux) que nous reverrons par la suite.

Dupré distingue trois formes cliniques de mythomanie, celles-ci pouvant être associées entre elles :

- mythomanie vaniteuse, dite encore « débile » : il en existe trois sortes : la hâblerie fantastique, dans laquelle le sujet relate des exploits imaginaires qu’il aurait accomplis, dans le but de capter l’attention d’autrui (il s’agit, dit-il de personnes vantardes et fanfaronnes à l’image de Tartarin de Tarascon) ; l’autoaccusation criminelle avec mise en scène de « faux attentats », de « faux accidents », et enfin la simulation de maladies.

- mythomanie maligne, dirigée contre autrui, entrant dans le cadre d’un instinct de destruction ; celle-ci se manifeste soit sous la forme d’une hétéro-accusation calomnieuse (lettres anonymes mensongères, fausses accusations d’ « attentats à la

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