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La Crise De L'autorité

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Par   •  14 Mars 2013  •  1 585 Mots (7 Pages)  •  1 536 Vues

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I- Quelques distinctions conceptuelles

Selon M. Revault d'Allonnes, il faut distinguer l'autorité du pouvoir de l'autoritarisme.

Le pouvoir, dit-elle, c'est une contrainte qui demande obéissance et soumission aux ordres de celui qui commande.

L'autoritarisme relève de l'arbitraire pur et simple et ne s'appuie ni sur le droit reconnu à une personne ou à une institution.

L'autorité n'est ni le pouvoir ni l'autoritarisme. Il est plus facile de la définir par ce qu'elle n'est pas. Autorité vient du latin « augere » qui veut dire augmenter. Une personne qui fait autorité est une personne qui augmente les qualités d'action ou de connaissance d'une autre personne (ex : un professeur passionné qui nous apprend bien fait autorité). L'autorité peut venir des succès, des diplômes ou des résultats professionnels. Dans tous les cas, l'autorité évoque une créativité qui fait croître, qui fait grandir. D'une personne qui fait autorité, on dit qu'elle pèse lourd, qu'elle a du poids, qu'elle inspire le respect. Certaines personnes ont parfois une telle autorité qu'elles n'ont qu'à être là pour inspirer le respect, pour être reconnu comme un maître. L'autorité repose sur une relation disymétrique, les individus ne sont pas sur le même plan. La disymétrie peut être générationnelle (le respect des anciens), liée à la fonction ou au savoir/aux diplômes. Cette disymétrie n'est pas forcément hiérarchique, elle ne repose pas sur la contrainte ni sur la menace, elle est un appel à la reconnaissance. Chacun doit reconnaître la justesse des positions.

L'autorité exclut les usages de moyens de coercition, mais elle n'est pas une relation égalitaire. Il reste quelque chose d'énigmatique dans cette « supériorité » accordée à celui qui détient l'autorité.

II- Une crise de l'autorité ou une crise de la fiabilité ?

Que l'autorité ne soit plus ce qu'elle était, c'est un fait. La société a changé, et changera encore. La parole des anciens est souvent disqualifiée dans une société de jeunisme qui a du mal à accepter le vieillissement. Cela signifie-t-il qu'il n'y a plus d'autorité ? On peut dire que l'on vit une crise de l'autorité qui touche la sphère politique, la famille, l'école et même la justice. Il y a de plus en plus de judiciarisation (porter plainte pour la moindre petite chose).

Le sociologue François Dubet rappelle que le thème de la crise de l'autorité est récurrent.

Il précise qu'il faut distinguer, comme pour l'insécurité, la réalité du phénomène (de façon objective) et le ressenti exprimé par les populations. Il évoque aussi la nécessité pour une démocratie de proposer une autorité suffisante pour satisfaire le besoin de sécurité des personnes sans que cette autorité ne soit menaçante pour les libertés. L'autorité peut entraîner une sécurité et le sentiment de sécurité provoqué par une personne ou une institution attribue à cette personne ou à cette institution de l'autorité. Ceux qui déplorent la perte de l'autorité et souhaitent la restaurer en réintroduisant de l'ordre, de l'obéissance, de la force, cela entretienne une confusion entre autorité et autoritarisme. Si on doit avoir recours à la force, c'est que l'autorité a échoué.

« Quand nous disons « c'était mieux avant », nous sommes des passéistes en proie à la nostalgie d'une enfance lointaine, d'une jeunesse révolue, d'une époque antérieure à la notre où nous avons l'illusion qu'il faisait bon vivre ». (Jean-Bertrand Pontalis). Ce constat s'accompagne d'une condamnation de la jeunesse d'aujourd'hui.

De tout temps, la génération suivante a été perçue par la génération précédente comme un danger potentiel, danger lié à la peur de se faire prendre la place en se voyant confirmer la perte de sa propre jeunesse.

Dénoncer une crise de l'autorité associée à la prétendue perte de valeurs d'une jeunesse sans repères, sans limites et de parents démissionnaires, c'est participer à l'affaiblissement de cette autorité en entretenant des oppositions forces entre des camps imaginaires qui se renvoient mutuellement leur sentiment d'impuissance.

Ce rejet sur un autre fautif menace la confiance et donc l'empathie. Pour vivre, il faut apprendre à faire confiance, d'abord à soi-même puis aux autres et au monde. La confiance en soi et aux autres, le sentiment de sécurité interne dépend de chacun de nous, des conditions de notre éducation et des soins de notre entourage. La restauration de cette confiance en soi passe par le lien aux autres, par les alliances, par la coopération et non pas par le renforcement des peurs et de l'ordre sécuritaire. Dans une société où la peur gagne chacun d'entre nous, à la confiance se substitue la défiance, qui amène aux soupçons, au doute systématique et qui conduit au contrôle et à la surveillance de tous par tous.

Le Big Brother imaginé par Orwell n'a pas d'autorité mais dispose d'un pouvoir totalitaire.

III- Rappels historiques

On a tendance à dire que la Grande Autorité fantasmée d'autrefois s'est effondrée en mai 1968. Notre dernier siècle a connu 2 excès éducatifs de sens contraire.

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