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L'adolescent Et Son Corps

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Par   •  7 Avril 2014  •  3 906 Mots (16 Pages)  •  1 125 Vues

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INTRODUCTION

L'adolescence est le temps des métamorphoses tant sur le plan physique que sur le plan psychique. Les transformations physiques sont directement exposées au regard des autres, suscitant parfois des commentaires railleurs ou amusés, si difficiles à supporter par ces jeunes qui ont du mal à se reconnaître eux-mêmes. C’est la difficulté à quitter l’enfance pour intégrer le monde des adultes

Piercing, tatouages, scarifications, anorexie, boulimie, violences physiques, plaintes hypocondriaques, dysmorphophobies…. autant de mots/maux qui évoquent les rapports compliqués et angoissants qu’entretiennent nombre d’adolescents avec leur corps dont les changements les angoissent et qui leur devient étranger, tandis que les relations aux proches se compliquent en raison des besoins contradictoires, d’autonomie d’une part et de dépendance affective et matérielle d’autre part.

Parents et professionnels de santé s’inquiètent, cherchant à repérer ce qui est normal dans ces comportements qui pour être fréquents, voire nécessaires, ne sont pas sans poser des problèmes quant à la gestion des limites à mettre en place.

Les transformations corporelles de la puberté surviennent autour de 13 ans dans les pays occidentaux....Elle se compose de la croissance osseuse, du développement des organes génitaux externes, mieux vécu par les garçons que par les filles, celui de la pilosité, les règles chez la fille, les éjaculations chez le garçon, l’acné et ses désagréments, autant de manifestations, qui, pour être attendues n’en sont pas moins source d’inquiétude, voire de malaise : on est « mal dans sa peau », au propre comme au figuré.

Ce corps qui se transforme inquiète l’adolescent qui perd le contrôle de la situation dans bien des domaines : son aspect a changé, il peut le constater lors de ses longues stations devant le miroir de la salle de bains, il redoute les boutons, l’acné qui, croit-il, le défigure. Son corps trahit les émotions et ses affects qu’il aimerait dissimuler : il rougit, transpire……

De véritables dysmorphophobies, ces craintes irrationnelles quant à l’apparence physique, peuvent s’installer, justifiant le recours à un soutien psychologique car elles sont l’expression des difficultés à intégrer le corps nouveau, témoin exposé aux regards des changements psychiques qui bouleversent l’économie de la période précédente. Il nous faut là distinguer les craintes légitimes concernant notamment la taille ou le volume des organes génitaux chez les garçons. Elles ne résistent pas à quelques informations physiologiques.

Dans le même temps, le moindre bobo, la moindre douleur (et ils sont fréquents à cet âge : maux de tête, douleurs abdominales, musculaires…), transforment notre ado en pilier d’infirmerie. Les infirmières des collèges et lycées connaissent bien ces jeunes dont les plaintes hypochondriaques cachent mal le malaise identitaire. Les adolescents expriment là encore l’ambivalence entre le besoin de mettre de la distance avec les adultes et les désirs de maternage hérité de l’enfance.

A ce moment clé de son développement, la peau de l’adolescent représente à la fois l’interface entre lui et les autres, dont le regard l’angoisse, et une page sur laquelle, on l’a dit s’inscrivent les émotions et les affects qu’il veut dissimuler.

Il n’est donc pas étonnant que le corps et plus spécifiquement la peau soit l’objet de toutes ses attentions même les plus agressives.

La surface corporelle sert de soupape de sécurité, de moyen de communication, de système d’alerte en direction du monde des adultes dont le regard est à la fois craint et recherché.

Ce nouveau corps, hérité des parents et donc, selon Philippe Jammet, non choisi, devient un moyen de créer l’éloignement nécessaire à l’adolescent pour gérer son besoin d’autonomie et les pulsions nouvelles qui l’animent.

L’adolescent va le personnaliser en se dotant d’un look qui lui permet de se construire, et de choisir son groupe d’appartenance. On pourrait, selon Xavier Pommereau, détailler toutes sortes de looks (gothique, satanique, lolita, rappeur, rasta, grunge, punk) qui tous ont pour fonction d’assurer une image singulière, démarquée des goûts familiaux, permettant de trouver ses propres marques et de s’intégrer à ses pairs.

Le souci de maîtriser l’image corporelle conduit aussi à des comportements plus discutables sur le plan de la santé que sont les déviances alimentaires telles que l’anorexie, parfois associée à des crises de boulimie, plus fréquentes chez les filles mais non absentes chez les garçons. C’est aussi pour certains la période de séances forcenées de musculation ou d’exercices physiques destinés à se doter d’une apparence conforme à leur désir.

 

Grandir fait souffrir et tout se passe comme si l’adolescent s’infligeait des souffrances volontaires qui seraient plus faciles à supporter que celles qui sont subies et imposées de l’extérieur ou par un psychisme en pleine évolution.

Dans le même esprit, recherche d’une douleur choisie qui apaise la difficulté à vivre, mais sans nécessité de recours à l’autorisation parentale légalement requise pour les pratiques précédemment citées, certains jeunes s’infligent eux-mêmes des mutilations qui sont signes de grande souffrance psychique voire de conduites pathologiques : scarifications, lésions de grattage, brûlures, automutilations. Celles-ci pouvant être cachées ou suggérées.

Il est à noter que les scarifications s’observent plus chez les filles, de même que les lésions de grattage.

Tous ces rites de passage de substitution qui ont pour but de se trouver une identité peuvent ne pas suffire et certains adolescents trouvent dans des conduites à risque la possibilité de gérer la souffrance psychique identitaire, tout en affirmant goût du risque et sentiment d’invulnérabilité.

Les conduites violentes envers autrui sont le reflet du besoin d’agir qui permet d’éloigner le spectre de l’ennui et de la mort. Les ados expriment, quand on les interroge, leur difficulté à rester calmes, à supporter l’ennui, le passage à l’acte violent devient ainsi une soupape à l’angoisse existentielle. Le passage à l’acte vient prendre la place de la pensée et permet de fuir une situation inconfortable de façon instantanée.

I – Qu'est ce que l'adolescence ?

L'adolescence est une période

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