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L’universalisme démocratique

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Par   •  28 Novembre 2023  •  Dissertation  •  3 236 Mots (13 Pages)  •  165 Vues

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L’universalisme démocratique

En août 2021, le président américain Joe Biden invite les dirigeants du monde à un « sommet pour la démocratie » pour, dit-il, parler de manière franche des défis auxquels est confrontée la démocratie. En effet, il fixe trois objectifs qui sont : lutter contre l'autoritarisme, combattre la corruption, et promouvoir le respect des droits humains.

A un moment donné de l’histoire, le régime démocratique est devenu le modèle politique à suivre par les nations. Il se définit ainsi étymologiquement comme étant le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Mais de manière plus concrète, une démocratie est un régime dans lequel tous les citoyens possèdent de manière égalitaire un droit à la participation, un droit de contestation à l’égard du pouvoir. Ainsi, à ce jour, elle est considérée comme étant le seul régime qui respecte l’Etat de droit et donc la souveraineté du peuple. A ce titre, depuis quelques décennies, les pays occidentaux ont mis en place ce qu’ils appellent « la promotion de la démocratie ». Cela consiste à promouvoir la démocratie dans les pays non-démocratiques à travers différents moyens comme le « state building », « le foreign imposed regime change », etc. dont on parlera après.

Lors de la fin de la Guerre Froide, on observe un changement dans l’attitude de Etats et des organisations internationales qui fondaient auparavant leur politique étrangère sur les intérêts nationaux. Ces derniers commencent à accepter ouvertement leur ingérence dans les affaires internes des Etats où ils souhaitent promouvoir la démocratie. De ce fait, plusieurs missions ont lieu en Afghanistan, Irak, Iran, etc.

Toutefois, d’après Dario Battistella, seulement un quart des interventions promouvant la liberté auraient du succès, 40% auraient un impact nul et un tiers auraient dégradé la situation. Cela peut être expliqué par plusieurs facteurs qui n’ont pas été pris en compte lors de la promotion de la démocratie tels que la culture ou l’histoire des pays en question.

Ainsi, dans le cadre d’une globalisation de la démocratie, on se demandera s’il est pertinent de parler de la démocratie comme un modèle unique pouvant être standardisé à outrance.

A cela nous répondrons simplement que le modèle démocratique dont est fondé la promotion démocratique est beaucoup trop simpliste et basé sur des valeurs occidentales. Il n’existe pas une mais plusieurs démocraties. A ce titre, nous pouvons considérer que la façon dont on essaie de promouvoir la démocratie aujourd’hui est dépassée et ne peut pas être appliqué dans toutes les sociétés.

Dans un premier temps, nous allons donc expliquer les origines de la promotion démocratique afin de démontrer que celle-ci est très occidentalo-centrée puis, dans un second temps, nous allons analyser la façon dont est mise en place la promotion démocratique et les conséquences de celle-ci.

  1. La promotion démocratique : une théorie occidentalo-centrée
  1. Origines historiques du concept

Pour commencer, il paraît pertinent de définir le terme occident. Dans ce cadre, il s’agit de tous les pays développés à l’ouest du globe soit les pays européens, les Etats Unis et le Canada.

Par la suite, nous devons rappeler qu’en Europe l’idée de mission civilisatrice – c’est-à-dire l’idée d’exportation de la société occidentale dans d’autres pays – est déjà présente depuis le XIXe siècle. En effet, plusieurs auteurs tels que John Stuart Mill ou Karl Marx soutenaient cette idée. Ce dernier note que « L’Angleterre a une double mission à remplir en Inde : l’une destructrice, l’autre régénératrice ; l’annihilation de la vieille société asiatique, et la pose des fondements matériels de la société occidentale en Asie ». Cela montre que l’idée d’exportation de la société occidentale dans le monde existait déjà et que, aujourd’hui, ce que nous entendons par « promotion de la démocratie » n’est qu’une variante, une extension de ce qui était déjà présent. Comme nous l’indique Dario Battistella dans son article « L’Occident, exportateur de démocratie » publié en 2011, « la politique d’exportation n’est que la dernière incarnation de la bonne conscience d’occident ».

L’idée d’exportation de la démocratie, concrètement, est souvent associée à la période suivant la fin de la Guerre Froide, néanmoins elle voit ses origines quelques décennies au préalable. A titre d’exemple, dans les années 70, le président américain Jimmy Carter constate le succès de la démocratie dans plusieurs pays européens et en déduit que le monde aspire à la liberté et aux droits de l’homme. A ce moment, la politique étrangère américaine est basée sur la realpolitik c’est-à-dire une politique étrangère fondée sur l’intérêt national. Ainsi, dans un discours effectué le 22 mai 1977, il annonce qu’il souhaiterait réorienter la politique étrangère américaine vers une politique s’appuyant sur des valeurs fondamentales et qui utilise puissance et influence à des fins humanitaires. Ces propos n’ont aucune suite à l’époque mais nous observons ici que les Etats Unis font déjà un pas vers le développement de la promotion démocratique. Ils se basent sur l’observation des évènements en Europe, soit l’effondrement de plusieurs régimes autoritaires (Espagne (1975), au Portugal (1974), en Grèce (1974), etc.) qui laissent la place aux régimes démocratiques, pour déduire que les nations qui ne suivent pas le même développement démocratique nécessitent une intervention, une aide de la part des pays plus puissants.

Ainsi, dans les années 80, le président Reagan dans son discours au parlement britannique place la défense de la démocratie au cœur de la Guerre Froide. Par la suite, il fonde le National Endowment for Democracy. Il s’agit d’une institution semi publique qui organise des programmes au soutien à la démocratisation à travers, par exemple, des aides de financement des forces d’opposition des Etats autoritaires ou l’exportation des théories occidentales de la démocratie par traduction de textes. On voit donc ici que les pays occidentaux cherchent à transposer le modèle démocratique occidentale dans les Etats non démocratiques.

Toutefois, est ce que ce modèle peut-il être considéré comme universel ?

  1. Une théorie dite « universelle » mais entièrement fondée sur les croyances occidentales

Tout d’abord, nous devons comprendre que les démocraties occidentales considèrent que tout Etat qui ne correspond pas à leur « profil » de régime démocratique est un régime non-démocratique. En effet, les démocraties occidentales hiérarchisent, de manière générale, ces Etats en démocraties libérales, failed states puis rogue states à partir de divers facteurs. Divers auteurs tels que Robert Cooper ou John Rawls créent des hiérarchies beaucoup plus poussées, plus précises afin de distinguer les différents types de régimes dans le monde. A titre d’exemple, Robert Cooper distingue trois mondes dont le monde post-moderne qui est fondé sur le dépassement des intérêts nationaux et des frontières et « représente la sécurité à travers la transparence » ; caractérisé par un « système étatique classique […] intact ». Ce monde fait référence uniquement aux démocraties occidentales considérées comme des systèmes traditionnels. Cela montre que tout autre régime ne peut pas être considéré comme démocratique.

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