Les élections américaines

Le grand retour de Trump : comment Harris s'est laissée distancer ?

Le suspense des élections présidentielles du 5 novembre a finalement été de courte durée. Malgré les efforts de Kamala Harris, Donald Trump s'est imposé avec un écart impressionnant. Pourquoi l'Amérique a-t-elle choisi de redonner sa confiance à l'homme à la cravate rouge ? Voici quelques pistes pour comprendre ce retournement de situation.

Un électrochoc économique : quand le prix du panier dicte le vote

Si on pensait que l'économie serait un sujet de second plan, l'élection de 2024 prouve qu'il est toujours au cœur des préoccupations des Américains. Avec une inflation post-Covid ayant atteint des sommets (9,1 % en juin 2022) avant de redescendre autour de 2,4 % en octobre, les portefeuilles restent affectés – une différence marquée par rapport aux années Trump, où l'inflation tournait autour de 2 %. La comparaison des bilans économiques entre les administrations Trump et Biden est frappante : sous Trump, la stabilité des prix a marqué les esprits, notamment à la pompe à essence, avec un coût moyen de l’essence autour de 2,15 dollars le gallon. Sous Biden, ce prix a grimpé jusqu’à 5 dollars en 2022. Avec ce type d’augmentation touchant directement le quotidien, difficile pour Harris de convaincre les électeurs que la situation économique s’améliore. Malgré des signes de reprise économique, le souvenir des factures en hausse est encore vif dans l'esprit des électeurs. Un sondage récent a révélé que 67 % des Américains estiment que la situation économique n’est « pas très bonne » ou « mauvaise ». Et Trump l'a bien compris : il a martelé que Harris et Biden sont responsables de cette « crise du coût de la vie ». Une rhétorique simpliste ? Peut-être, mais diablement efficace. Comme disait un des conseillers de Bill Cinton: « It’s the economy, stupid! »

Ordre et sécurité : Trump, de retour en “gardien de la paix” ?

Trump n’a pas hésité sur la sécurité, et son message est simple : avec lui, fini le désordre ! Dans un monde secoué par des crises migratoires, des tensions internationales et des scènes de violence, nombre d'électeurs se sentent rassurés par sa promesse de *“loi et ordre”*. Une image presque hollywoodienne, à mi-chemin entre shérif et figure autoritaire, qui a sans doute trouvé écho. Harris, quant à elle, avec sa posture plus modérée, n’a pas réussi à inspirer le même sentiment de fermeté dans cette ambiance polarisée.

Les classes populaires : un électorat acquis… ou presque

Si on nous avait dit qu’un multimilliardaire de la 5e Avenue se présenterait en champion des ouvriers de l’Ohio, personne n’y aurait cru. Et pourtant, Trump a réussi à s’imposer auprès des classes populaires, un électorat qu’il a renforcé depuis 2016. Ce paradoxe est frappant : malgré son personnage de multimilliardaire au train de vie fastueux, Trump a remporté environ 50 % des voix des ménages gagnant moins de 50 000 dollars par an en 2024,un chiffre en hausse par rapport aux 44 % de 2020.

Pour ses partisans, peu importe ses hôtels de luxe et ses jets privés : Trump est perçu comme un outsider, quelqu’un qui ose défier le « système ». C’est peut-être là l’un de ses coups de maître. Comme l’a déclaré un électeur lors d’un rassemblement en Pennsylvanie : “Il parle comme nous, même s’il vit comme eux.” Son slogan “America First” semble avoir porté ses fruits : entre des promesses et des chèques de paie, les électeurs ont tranché.

Communautarisme vs. Patriotisme : l'effet boomerang

Kamala Harris a tenté d’unir l’Amérique, mais son approche par « communauté » a pu manquer de cohérence. À tour de rôle, elle s’est adressée aux minorités, aux femmes, aux jeunes, mais a-t-elle oublié le « grand tout » ? Pendant ce temps, Trump s’est posé en défenseur de « l’Amérique pour tous », prônant un patriotisme large (ou du moins, perçu comme tel). Dans les grandes villes, Harris se tenait en tête dans les sondages, tandis que Trump glanait des voix dans les banlieues et les zones rurales. Ce fossé a peut-être contribué à l’écart final de… 69 voix au collège électoral ! Oui, 69 !

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