Le temps long de la Révolution Etienne Ollion Les Candidats
Synthèse : Le temps long de la Révolution Etienne Ollion Les Candidats. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar clement.vallae • 17 Novembre 2024 • Synthèse • 1 913 Mots (8 Pages) • 7 Vues
Synthèse TD – Accompagnement
- Chapitre 2 : Le temps long de la Révolution
Le 7 mai 2017, l’ancien ministre de l’économie sous le gouvernement Hollande Emmanuel Macron prend le pouvoir. Un résultat improbable pour un parti crée depuis seulement une année alors avec un jeune dirigeant plutôt inexpérimenté, extérieur à la question politique, mettant à mal certaines figures ancrées dans des partis symboliques (pour ne pas citer les membres du PS). Ces figures charismatiques ont pour la plupart consacré leur vie à la politique avant d’atteindre leur poste actuel; un train de vie que semble dénoncer le candidat rentrant et qui de fait constitue la pierre angulaire du parti de la majorité présidentielle. C’est au tour de ce sujet qu’a décidé le chercheur au CNRS et professeur à l'Ecole polytechnique Etienne Ollion pour réaliser son ouvrage Les Candidats : Novices et professionnels en politique pour les Presses universitaires de France en 2021. Nous allons cependant nous attarder sur le chapitre 2 intitulé « Le temps long de la Révolution » que nous allons articuler en deux points.
En premier lieu, nous aborderons les raisons de l’ascension du personnage d’Emmanuel Macron et sa capacité à attiser l’opinion public en sa faveur par son image du candidat qui se veut contre le système politique actuel qui fera notamment l’objet d’une autre partie en second lieu qui va s’axer autour du phénomène des élites en politique suite au phénomène de la « professionnalisation de la politique » qui vient bouleverser depuis quelques années le paysage politique.
De prime abord, le candidat rentrant bénéficie en 2017 de « circonstances exceptionnelles » extérieures qui vont favoriser son ascension. En effet, sa campagne est marqué par des disparités dans les partis à commencer par celui dont issu est notre objet d’étude, le Parti Socialiste. Etienne Ollion évoque la complexité quinquennat de François Hollande (2012-2017) s’expliquant par un taux de chômage toujours persistant, par des réformes qui se veut « impopulaire » que ce soit aux yeux du peuple ou au sein du parti (l’apparition de la « déchéance de nationalité » suite aux attentats terroristes récurrents ; la « loi Travail » qui malgré sa volonté de dynamiser le marché et réduire le chômage à provoquer de nombreuses mobilisations sociales suite à un avantage donné en fin de compte aux entreprises privées mais surtout avec l’usage récurrent de l’article 49-3 de la Constitution qui se veut contre les idées que véhicule la gauche et donc le parti.). Ainsi, la décision de lois trop libérales va pousser le parti socialiste à réaliser de nouvelles primaires (bien qu’Hollande était parti pour un second mandat), poussé par la mobilisation parlementaire « La Fronde » qui va choisir à la place le candidat socialiste Benoît Hamon. La droite va également connaître des primaires rondement remportées par François Fillon, basant son programme sur « des valeurs d’ordre, de moral »...Néanmoins, si la gauche va simplement se lasser de son candidat, ce sera l’implication du candidat de droite dans des affaires judiciaires (des « emplois fictifs octroyés à sa femme » révélé par le journal hebdomadaire Le Canard Enchaîné) qui va lui faire perdre une partie de son électorat pour rejoindre le parti LREM !, « La République En Marche ! » .
Un parti crée de toute pièce qui se veut ancré dans la modernité tout en usant de méthodes classiques. De ce fait, si sa campagne est « mâtinée d’une touche technologique », le futur président lève aussi une « Grande Marche » pour consulter et interroger dans tous les villages et campagnes les revendications des Français telle une étude quantitative en science politique. Être au contact du peuple sera une primauté dans la stratégie d’Emmanuel Macron, qui perçoit en cette marche un moyen de solidifier une structure partisane. Par ailleurs, il est notoire de rappeler le financement à hauteur de « 7500 euros par an » par des particuliers pour avoisiner les 10 millions dont bénéficie le candidat qui permet aux caisses de fluctuer les caisses du parti et ainsi de proposer ce genre d’initiatives.
Enfin, nombreux sont ceux qui vont se réalignés sous la majorité présidentielle, percevant le personnage comme un nomothète, « un prescripteur de normes à suivre ». On assiste à une « désorganisation partielle » du champ politique, puis à sa « brutale restructuration » autour d’Emmanuel Macron. Si adopter les normes, et les chartes du nommé au parti présidentiel semble classique, ici le phénomène est massif. En cela, on constate deux camps : d’un côté, les partisans du nomothète, qui travaillent à ses côtés afin de leur apporter leur soutien et adoptent ainsi la charte graphique, la police d’écriture (cf. les affiches des législatives en 2017 d’Albert Balkary et Jean-Luc Raymond) ; de l’autre, ceux qui ont combattu ouvertement et publiquement le président, qui viennent seulement « tirer profit » de l’élection, minimisant le logo du parti sur les affiches par exemple (cf. affiches des législatives en 2017 de Manuel Valls). Etienne Ollion compare cette aura, ce mouvement de foule au retour du général De Gaulle en 1958. En cela, il relève l’abandon des candidats de leur étiquette politique pour « s’abriter » derrière le paravent gaulliste, qui serait le paravent macroniste de nos jours, le plus souvent pour suivre le succès.
Néanmoins, Ollion réalise une autre comparaison importante entre De Gaulle et Macron basée sur le rejet des élites politiques. En cela, il montre que le candidat LREM ! qui a pourtant suivi un cursus peu différent de ces hauts notables, va dénoncer les coulisses d’un système basé sur la professionnalisation de la politique », un processus par lequel la politique devient un métier à part entière, auquel on consacre sa vie pour.
En outre, porter un discours contre la « caste » en politique est quelque peu récurrent. Le chercheur évoque par exemple le slogan réformateur porté par le président américain Donald Trump en 2016 où l’on retient la phrase « drain the swamp » (assécher le marais) visant la "classe politique" de Washington, perçue comme une élite déconnectée et corrompue, dont les mandats nécessiteraient d’être limité. Même cas en Argentine, le slogan « ¡Que se vayan todos! » [Qu’ils s’en aillent tous !] porté lors des marches contre le gouvernement qui apparaît aux yeux des citoyens comme une institution corrompue et incapable de relever le pays face aux menaces économiques et sociales (chômage et pauvreté par exemple). Ainsi, on voit émerger une forme de populisme pourtant dévalorisé par le candidat rentrant. Le populisme se définit selon une séparation nette entre le peuple et les élites, qui vise à fonder ou refonder la démocratie à partir d'une plus grande participation du peuple, sur des bases plus incluantes socialement, plus égalitaires. Un discours manichéen et utopique qu’il rejette (trop radical et pouvant représenter un danger à la démocratie représentative) bien que certaines bribes du populisme se retrouve dans le parti. En se basant sur la définition du populisme d’après le politologue néerlandais Cas Mudde, on constate des points communs entre sa vision du populisme et Emmanuel Macron. Il évoque dans un premier point que les mouvement populistes viennent « individualiser la politique » le plus souvent autour d’un « leader charismatique ». On l’a vu, le mouvement s’est en effet organisé autour de la personnalité d’Emmanuel Macron. L’adhésion qu’il a su générer chez une partie de l’électorat comme chez les personnes qui pouvaient porter sa candidature le rappelle (d’autant que lui-même d’« homme providentiel » qui s’oppose à la rédaction de programmes politiques, au schéma classique de la politique…). Mudde aborde dans un second point, la tendance au « dégagisme », au rejet des élites qui est évidemment le mot d’ordre du parti mais c’est sur un dernier point que LREM ! s’extirpe de la définition. « La sagesse du peuple comme principe de décision, plutôt que la démocratie représentative ». Une propriété que le candidat refuse de suivre, acceptant d’être populiste seulement si l’on considère qu’en évitant les filtres institutionnels traditionnels (le « truchement des appareils »), il privilégie une relation directe avec les citoyens.
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