Classiques de la science politique, Alexis de Tocqueville

Classiques de la science politique

Séance 1 : Alexis de Tocqueville

L’ancien régime et la révolution

Naissance en 1805. Famille aristocrate normande -> filiation importance car famille de Malesherbes et Chateaubriand.

Père préfet sous l’Empire et la Restauration.

Études de droit puis magistrat en 1827.

1831 : mission aux EU avec Gustave de Beaumont pour l’étude du système pénitentiaire américain -> chercher des idées de réformes.

Matériaux collectés pour l’écriture de « La Démocratie en Amérique » (1835-1840).

Élection à l’Académie française en 1841.

Carrière politique avec élections comme député de la Manche en 1839 puis 1849-1852.

Participe à la rédaction de la Constitution de la 2e République.  

Ephémère ministre des Affaires étrangères de juin à octobre 1849.

Opposition au coup d’Etat de Napoléon en 1858 -> incarcération et fin de sa vie politique).

Rédaction de « l’Ancien régime et la révolution » 1856.

Mort en 1859 -> décès prématuré.

Œuvres principales : De la Démocratie en Amérique – l’Ancien régime et la Révolution

Œuvres posthumes : Souvenirs – Quinze jours dans le désert – Œuvres.

Analyse du système pénitentiaire américain :

Voyage d’un an notamment sur la côte Est. Dès son départ, il veut s’éloigner de la France afin d’avoir une réflexion plus générale.

On constate un dysfonctionnement des prisons en France : beaucoup de violence, surpeuplée, absence de « régénération morale » et la « réinsertion sociale ».

Mise en avant aux EU d’un système pénitentiaire mieux organisé, soit un ensemble de principes, d’institutions, et de règles qui visent des fins précises (la peine et la régénération).

Ce qui frappe Tocqueville, c’est la séparation des prisonniers : organisation plus rationnelle. On protège les prisonniers les uns des autres. Lien avec le panoptique de Bentham : une organisation rationnelle de la prison qui permet une surveillance efficace.

Les « avantages » du système pénitentiaire américain :

« La sévérité inflexible d’un régime uniforme, l’égalité des peines, l’instruction religieuse et le travail, substitués au régime de la violence et de l’oisiveté : la liberté de communication remplacée par l’isolement ou le silence ; la réforme des criminels succédant à la corruption ; à la place des geôliers de prisons, des hommes honorables pour diriger les pénitenciers ; dans les dépenses de l’économie au lieu du désordre et de la malversation. »

Bon nombre des « caractères » de Tocqueville et de son œuvre déjà présents :

• Visée rationnelle, sinon pleinement scientifique (attention aux sources, usage des statistiques, volonté de dégager les buts utiles à la société).
• Démarche comparative (EU mais aussi GB, Belgique, Suisse). Réflexions sur les caractéristiques respectives et possibilités de transfert.
• Compromis entre le libéralisme et l’ordre : impressionné par une tentative d’amender les criminels sans être totalement persuadé que ce soit possible. Côté fataliste : on peut tenter d’y remédier.

De la démocratie en Amérique :

Impossible à résumer : visée essentielle est de comprendre consolidation de la démocratie aux EU vs. Instabilité des régimes en France.

Deux volumes distincts :

• Analyse de la démocratie américaine comme système politique
• Élargissement à la démocratie comme système social (importance des mœurs, des idées) et réflexion plus générale sur l’évolution de la démocratie. Essaie d’anticiper des évolutions probables des démocraties en s’appuyant sur l’exemple des EU.

Analyses et conclusions majeures :

• Evolution des peuples vers la démocratie avec l’égalisation des conditions (idéal puritain originel dans les colonies américaines). Changement social accompagne et nourrit le changement politique.
• Importance d’ancrage local de la démocratie : observations nombreuses sur les « townships » et engagement des citoyens (« ainsi, en chargeant les citoyens de l’administration des petites affaires, bien plus qu’en leur laissant le gouvernement d’une grande, on les intéresse au bien public et on leur faut voir le besoin qu’ils ont constamment les uns des autres pour le produire ») -> sentiment de bien commun et création d’une solidarité.
• Poids de la religion dans les dynamiques politiques et sociales. Point intéressant mais controversé de l’analyse de Tocqueville. La démocratie n’est pas toujours opposée, mais parfois soutenue par la religion. Renforce le sentiment de bien commun et de vivre ensemble.

Postérité et influence certaine :

• Démocratie en Amérique constituée de modèle
• Capacité prédictive de son analyse : référence à l’abolition de l’esclavage, disparition des peuples indiens, annonce de l’émergence des EU et de la Russie comme puissances, mise en avant de la diffusion de la démocratie
• Limites possibles de la démocratie : tyrannie de la majorité (aller à l’encontre des droits des minorités), individualisme (facteur de dilution des communautés) …

L’Ancien régime et la révolution

• Interroge le processus révolutionnaire.

Comment analyser cet ouvrage ?

Rappel des éléments contextuels :

Tocqueville prend des distances à l’égard de la vie politique : ouvrage initié sous la 2e République et achevé pour sa première partie sous le 2cd Empire.

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