La Guerre Du Golfe (1990 - 1991)
Recherche de Documents : La Guerre Du Golfe (1990 - 1991). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Renardine • 8 Février 2013 • 3 321 Mots (14 Pages) • 1 924 Vues
Publié en janvier 1991, alors que la guerre ne se terminera officiellement que dans un mois, l’article du Monde qui nous est proposé aujourd’hui nous offre une vision globale et journalistique de la Guerre du Golfe (1990 - 1991). Un conflit complexe, prenant place dans un contexte de fin de Guerre Froide, opposant pour la première fois deux pays «frères» arabes, Irak de Saddam Hussein et Koweït, le premier envahissant le deuxième. Complexe car internationalisé. Celle que l’on nommera également Guerre du Koweït mêlera, de fait, de multiples facteurs et acteurs débouchant sur un conflit confirmant une « dualité » désormais admise entre Occident et Moyen Orient. Le rôle essentiel des Etats Unis dans cette crise plongera en effet le conflit dans une dimension économique mais également idéologique. Si les années 1970/1980 (avec la Guerre Iran-Irak notamment) avaient laissé entrevoir les dangers du mélange détonnant entre islamisme et intérêts pétroliers, la Guerre du Golfe de 1990 en marquera la matérialisation politique et militaire. Alors que la guerre parait dans un premier temps locale et improbable, nous verrons en quoi cette dernière marque en réalité un conflit bilatéral entre Etats Unis et Irak, chacun luttant pour ses prétentions hégémoniques en région persique? Ainsi, nous étudierons l’extrait proposé sous trois axes : Un premier consacré aux facteurs la fracture arabe que marquera la Guerre du Golfe. Un second portant plus précisément sur le bouleversement des relations internationales à travers la crise. Enfin, un dernier axe dédié aux Etats Unis comme nouvelle «superpuissance» en action.
La «Ligue arabe» (l.13) avait été créée en 1945 pour assurer l’indépendance et l’affirmation d’une «nation» arabe, tous frères. Si la Ligue n’avait jamais eu de réelle résonance politique mais plutôt idéologique, elle n’en restait pas moins un fort symbole d’une prétendue coalition et solidarité arabe. L’Irak était depuis le début l’un de ses membres fondateurs. Le Koweït, lui, avait rejoint la Ligue dès 1961. Ainsi, la Guerre du Golfe est avant tout une rupture, la fin d’une «unité» et le viol ouvert de la Ligue. «Pour la première fois, l’armée d’un pays arabe vient d’en envahir un autre» (l. 4/5). Cette simple phrase formulée par l’auteur suffit à rendre compte du caractère quasi révolutionnaire de la guerre, un «sacrilège» (l.20). Celle-ci touche en effet des pays considérés comme alliés. Nous sommes face à une véritable invasion militairement assurée par l’Irak. L’auteur nous parle en effet de «chars lourds irakiens» qui «foncent vers la capitale» (l. 4). Le rôle de l’armée dans ce conflit donne alors la dimension d’une agression armée, et donc possiblement sanglante, impliquant l’assassinat d’un «arabe» par un autre arabe. L’auteur souligne également le choc et le retentissement de cette invasion au Moyen Orient. Selon lui, «jusqu’au bout, (...) aucun dirigeant arabe ne croira au danger d’invasion» (l.20). Saddam Hussein avait en effet bien assuré à Hosni Moubarak (médiateur de la ligue arabe) l’impossibilité d’une invention armée au Koweït. Là encore, le choix d’Hosni Moubarak par son rôle de médiateur révèle l’importance et la foi en la Ligue arabe, défenseur d’une paix sacrée. De plus, la décision de Saddam Hussein semble à ce moment-là déjà prise quand l’auteur nous dit que Moubarak «croit recevoir Saddam Hussein» (l.21). Les discussions de Djeddah du 31 juillet entérinent cette hypothèse. En effet, alors même que la rencontre irako-koweitienne est en court, cent mille hommes se tiennent déjà à Bagdad, prêts à se lancer à la conquête du Koweït. L’ordonnance de la rupture semble ainsi être un acte murement réfléchi par Saddam Hussein, l’assaut aura lieu le 2 aout 1990.
Les raisons de l’intervention de l’Irak sont multiples, et parmi elle, l’enjeu économique et pétrolier. Au moment où la guerre éclate, l’Irak est en proie à des difficultés économiques croissantes suite à son gigantesque endettement contracté durant sa guerre contre l’Iran. On parle de «30 milliards de dollars» (l. 11). Cette situation économique sensible nous apparait ainsi comme un moteur de la guerre. Le 23 février 1990 nous dit l’auteur ligne 10, le «réquisitoire» irakien contre le Koweït et l’Arabie saoudite amorce une situation de tension entre les puissances. L’Irak revendique une annulation de la dette doublée d’un «don équivalent» (l. 11) sous peine de vives «représailles» (l. 12). Les deux pays partageants en effet plusieurs nappes pétrolières et l’Irak demande des dédommagements aux prélèvements que le Koweït a pu faire durant les années ou l’Irak, absorbé par la guerre avec l’Iran a cessé toute exploitation. Le Koweït lui «volerait» (l. 18) son pétrole. Un sentiment d’hostilité entre pays riches pétroliers et Irak se développe alors. L’Irak conteste son statut «d’enfant pauvre» du Moyen Orient tandis que d’autres pays et notamment le Koweït monopoliseraient les revenus du pétrole que, de plus, ils gaspilleraient. Une surproduction contribuerait même selon Saddam Hussein à «déprécier les cours du bruts» (l. 14). En réalité, cette surproduction des membres de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole qui vise à fixer les prix de ce dernier en commun) et plus précisément du Koweït aurait pour conséquence de maintenir le prix du pétrole à un niveau bas ce qui entraverait la reconstruction de l’Irak au lendemain d’une guerre couteuse. En ce sens, Saddam Hussein parle de «guerre économique» (l. 16). Dans ce contexte, l’argument économique et pétrolier devient pour l’Irak un véritable facteur de guerre, même d’invasion qui permettrait à l’Irak de reprendre le contrôle sur les ressources en pétrole du Koweït.
Tous ces conflits d'intérêts autour de la ressource pétrolière ne prennent cependant place que dans le contexte d’influence américaine. Saddam Hussein conteste en effet par ce biais une situation de «collaboration» entre pays pétroliers et géant américain. Les «pétromonarchies du Golfe» (l.9) n'étant que des «suppôts de l’impérialisme américain» (l.9). Les Etats Unis connaissent il est vrai à l’époque une position dominante dans l’Orient arabe. Ils suivent une politique de soutien continu à la sécurité des monarchies pétrolières tant leurs besoins pétroliers sont importants (entre une immense population consumériste à alimenter et des industries fortement basées sur le pétrole). Les Etats Unis importent la moitié de ce qu’ils consomment et trouvent notamment cette source excédante au sein des pays du Golfe, expliquant leur fort engagement dans la région. Saddam Hussein est
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