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Violences paysannes

Fiche de lecture : Violences paysannes. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Novembre 2017  •  Fiche de lecture  •  2 146 Mots (9 Pages)  •  702 Vues

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Fiche de lecture

L'article "Y a-t-il une exception paysanne ? : réalité et limites de la violence contestataire des paysans bretons" se rattache à la violence politique (et plus précisément dans les démocraties européennes occidentales).

Cet article a été rédigé par DUCLOS Nathalie, maître de conférences HDR en science politique et Dr. en science politique, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (1996). Ses domaines de recherches sont nombreux : violences armées, situations post-conflictuelles, missions de paix, politiques internationales de régulation de la violence, DDR (Désarmement, Démobilisation, Réintégration des combattants), retour à la vie civile des ex-combattants.

L'article aborde donc la thématique de la violence des protestations paysannes bretonnes. En effet, de nombreux observateurs insistent sur le caractère violent de ces protestions, mais l'auteure cherche à savoir si les paysans échappent à une modération de leurs luttes dans les conflits sociaux. Ainsi, la problématique dégagée au sein de cet article est la suivante : "La violence contestataire des paysans bretons tend-t-elle à une modération au cours du temps ?". Pour répondre à cette question, elle pose l'hypothèse initiale selon laquelle il y aurait eu modération de la contestation paysanne, qui est l'argument principal de son raisonnement, et va ainsi réaliser plusieurs analyses.

Elle commence tout d'abord par étudier les différentes actions réalisées par les paysans bretons au cours du temps. Elle se base ainsi sur huit actions (manifestation ; communication ; barrages ; pénétrations dans des lieux publics ou privés ; dégradations, déprédations et destructions ; agressions ad hominem et interventions des forces de l'ordre) différentes sur plusieurs périodes, de 1961 à 1990. Elle va donc dresser un tableau en recensant ces actions et en donnant des exemples pour chacune des actions (par exemple : le nombre de camions bloqués, les poteaux téléphoniques détruits etc...). Elle distingue ensuite dans ces actions, trois sous-catégories (manifestations et communications ; actions de contraintes (pénétrations et barrages) ; dégradations, déprédations, destructions, agressions ad hominem et mises à sac), ce qui lui permet de différencier les actions non-violentes (première et deuxième catégorie) des actions violentes (dernière catégorie) et de distinguer deux types de violences : la violence instrumentale (actions exercées en principe sans passion, en vue d'atteindre des objectifs) et la violence colérique (sous-produit des-actions et interactions manifestant une volonté d'agir en fonction d'intérêts contradictoires). Ainsi, elle précise son hypothèse en expliquant que l'on qualifiera les protestations paysannes comme modérées si les actions intentionnellement violentes diminuent.

Son analyse se poursuit en étudiant, au cours du temps, si les différentes catégories d'actions ont évolué. Par exemple, les mises à sac, seules catégories d'actions que l'on peut considérer avec certitude comme intentionnellement violentes, sont présentes à chaque décennie, et n'ont pas connu d'évolution statistique notable ou encore, les "destructions" n'ont pas varié de manière significative après 1961, les "déprédations" quant à elles ont sensiblement décru depuis cette période. Ces différentes évolutions lui permettent d'en déduire que les paysans sont désormais plus violents ; elle conclut d'une persistance de la violence protestataire des paysans. Mais, le répertoire paysan des mouvements de 1986 et 1990 témoigne véritablement d'une modération de leurs modalités d'actions protestataires. Pour autant, ces mouvements ne permettent pas, à eux seuls, de conclure à l'abandon de toute violence. Elle est donc amenée à reconsidérer ses premières analyses.

Dans un premier temps, l'auteure a vraisemblablement invalidé l'hypothèse initiale, notamment par la persistance d'actions comme les mises à sac, qui témoignent d'une instrumentalisation de la violence. Mais, Nathalie Duclos explique que la conclusion citée auparavant était tirée d'observations d'actes mis hors contexte et dégagées du faisceau des actions collectives. Or, il faut désormais prendre en compte les modes d'actions paysan en les situant dans un processus global, et de comprendre réellement le rôle de cette action. Pour pouvoir renforcer son raisonnement, elle va s'appuyer sur la contestation de juin 1961 concernant l'application de la loi d'orientation agricole votée par le Parlement en 1960 et les conflits de 1983 et 1984 concernant le démantèlement des montants compensatoires monétaires négatifs.

Elle explique ainsi que lors du conflit de 1961, l'usage de la force directe et la violence étaient prédominants. En effet, les paysans investissent la sous-préfecture par exemple à Morlaix le 8 juin, des poteaux téléphoniques sont sciés, des tracteurs obstruent des routes... Les paysans font ainsi preuve d'une violence importante, le conflit devenant vite incontrôlable.  Elle cite de nombreux exemples pour témoigner de l'importance de la violence politique réalisée cette année-là, comme par exemple les manifestations étaient faites de nuit, les actions organisées dans le plus grand secret... Cependant, en 1983 et 1984, les actions violentes ne faisaient plus parties des mobilisations car elles sont désormais associées à la communication, la séduction, ce qui permet de laisser place à des négociations (cela étant dû aux évolutions des contextes sociaux de la période, dont la dépopulation du monde agricole). Ainsi, ils vont s'attirer les faveurs de l'opinion publique et diminuent ainsi la violence, par exemple, en allant directement au contact des élus, des pouvoirs publics etc... (don d'un franc symbolique au ministre des finances, pièces à convictions de produits importés...)

Cela lui permet ainsi de conclure, en reconsidérant tous ces arguments et exemples employés, que la contestation paysanne évolue vers la modération au cours du temps.

Dans un premier temps, la thèse est introduite par une explication des différentes actions des paysans, ce qui permet ainsi de débuter son raisonnement, appuyé par des références solides. Le fait d'étudier différentes périodes permet ainsi d'avoir un champ de vision plus global pour une analyse plus complète. Cependant, quelques failles apparaissent au départ de son article, notamment le fait que l'on n'arrive pas à se situer précisément dans le temps et pourquoi elle réalise cette analyse. Pourquoi a-t-elle décidé de s'intéresser à ce sujet ?

Ensuite, le fait de classer les actions par catégorie et de commencer à distinguer différents types de violences permet de préciser un peu plus son argumentaire. Cependant, le fait de dire que la catégorie "pénétrations" et "barrages" sont des actions non violentes peuvent entraver son analyse : les visions de chacun face à cette catégorie d'action peuvent biaiser l'argumentation car pour certains, les pénétrations et barrages peuvent apparaître comme des actions violentes. Il en va de même pour les actions de destructions, déprédations, dégradations, mises à sac et agressions ad hominem. Comme elle le précise, il est difficile d'établir avec certitude leur appartenance à tel ou tel registre, cependant, cela peut affaiblir son raisonnement car ici encore, chacun présente un point de vue particulier. Les différentes analyses réalisées sur les diverses périodes pour étudier les variations de chaque action lors de son article sont ensuite un point important puisqu'elle peut ainsi appuyer son raisonnement sur des faits solides et accentuent ses propos.

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