Quelles sont les caractéristiques des régimes totalitaires ?
Dissertation : Quelles sont les caractéristiques des régimes totalitaires ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar cckroll • 14 Février 2017 • Dissertation • 2 744 Mots (11 Pages) • 5 583 Vues
Quelles sont les caractéristiques des régimes totalitaires ?
“Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres, et à donner l’apparence de la solidité à ce qui n’est que vent », cette citation de George Orwell prend tout son sens lorsqu’on observe le totalitarisme. En effet, ce dernier fut témoin de l’influence désastreuse de l’URSS stalinienne.
Dans l'entre deux guerre, la Russie stalinienne et l'Allemagne hitlérienne sont le théâtre d'une expérience politique qualifiée par beaucoup d'auteurs d'inédite, un régime sans précédent dont les caractéristiques échappent à toutes les typologie existantes, un régime qui transcende la dichotomie classique établie entre régimes démocratiques et régimes arbitraires. Ce régime politique original, est ce que Hannah Arendt désigne comme étant le totalitarisme.
Le terme « totalitaire » commence à être employé dès la fin des années trente pour désigner des régimes autoritaires d’un type nouveau apparus après la première guerre mondiale, qualifiant essentiellement le national socialisme et le communisme, ces derniers présentaient, par rapport aux autres dictatures, des caractéristiques inédites. Ce régime est singulier et se distingue des formes traditionnelles du despotisme. Le despotisme, tel que défini par Montesquieu, est un gouvernement sans lois, le despote fait un exercice personnel et arbitraire du pouvoir afin d’éliminer ses ennemis et empêcher tous types de révolte. Le totalitarisme est un mode de gouvernement dans lequel un parti unique cherche à régir la société selon un modèle idéologique sacralisé, afin de construire un ordre social homogène soumis à un système de contrôle total. C’est une forme de domination qui use des moyens du despotisme mais s’en distingue par sa finalité. Le totalitarisme a pour but la destruction de tout espace politique, la transformation de la société dirigée par un Etat-parti en masse homogène et dépourvu de spontanéité, puis l’extermination des groupes humains pouvant entraver la réalisation de ce but. Si le despotisme veut régenter la vie publique, le régime totalitaire lui s’immisce dans la vie privée des individus afin d’exercer un contrôle absolu.
L'URSS stalinienne et l'Allemagne hitlérienne demeure les régimes les plus expressifs du totalitarisme. Toutefois, ils n’en sont pas les modèles exclusifs, l’on retrouve par exemple la Chine de Mao et l’Italie fasciste de Mussolini.
L’intérêt de ce sujet est de rendre compte de la spécificité et du caractère inédit du régime totalitaire, souvent utiliser pour désigner toute forme de régime arbitraire et autoritaire. Il ressort de l’étude approfondie du sujet que le totalitarisme est un phénomène politique précis et atypique, dont les caractéristiques ou les manifestations présentent une originalité sans précédent.
A travers l’étude de ses caractéristiques, dans quelle mesure le totalitarisme apparait-il comme un régime politique inédit ?
A travers l’étude des caractéristiques du totalitarisme tels que décrites par Raymond Aron et Hannah Arendt, nous comprenons que totalitarisme apporte la nouveauté par sa volonté de révolutionner l'ordre social existant et la mise en place pour cette fins d'un système de contrôle total de la société. C'est pourquoi nous rendront compte du caractère inédit des régimes totalitaires à travers l’étude de cette société de masse embrigadée (I) et le système de contrôle total qu'ils instaurent (II).
I - Une société de masse embrigadée.
Raymond Aron disait que les régimes deviennent totalitaires à partir du projet initial de transformer fondamentalement l'ordre existant en fonction d'une idéologie. Ainsi la volonté de révolutionner la société part de la conception d'une idéologie sacralisée (A) et l'homogénéisation de la société au nom de cette idéologie (B).
A - Une idéologie sacralisée.
Une idéologie est un ensemble d'idées, de pensées philosophiques, sociales, politiques, morales, religieuses, propre à un groupe, à une classe sociale ou à une époque. C'est un système d'idées, d'opinions et de croyances qui forme une doctrine pouvant influencer les comportements individuels ou collectifs. On peut alors définir le totalitarisme comme une idéologie qui nie toute autonomie à l'individu et à la société civile et s'emploie à les supprimer autoritairement au profit d'une vision moniste du pouvoir et du monde; recouvrant tous les aspects de la vie humaine, cette idéologie fonde et justifie la domination absolue de l’État. La particularité des idéologies totalitaires est qu’elles sont sacralisées et radicales. Par conséquent, elles n’admettent et ne tolèrent aucune autre interprétation du monde. Dans le cadre de notre analyse, deux idéologies retiennent notre attention, celle du communisme en URSS et du nazisme en Allemagne.
Le Communisme s’appuie sur une vision de l’histoire fondée sur la lutte des classes élaborée par le philosophe Karl Marx. Pour lui, la bourgeoisie qui possède les moyens de production domine la société et exploite les autres classes. La révolution doit aboutir à l’expropriation de la bourgeoisie et à la réalisation d’une société égalitaire, sans classes où chacun vivra « selon ses capacités et selon ses besoins ». On voit bien la dimensions révolutionnaire de cette idéologie par sa volonté de changer l'ordre existant. Le Nazisme est une idéologie du parti national-socialiste des travailleurs allemands fondé et dirigé par Hitler. Il théorise une hiérarchie des races plaçant la race aryenne au dessus des autres races. Vision fondée sur le pangermanisme, son projet est d'unifier les peuples de races allemandes au sein d'une société épurée de tout clivage racial afin d’assurer la domination de la race aryenne sur le monde. Il y a donc de profondes divergences entre ces deux idéologies, la première a une interprétation économique de l'histoire tandis que la deuxième a une lecture raciale de l’histoire. Malgré ces divergences, l’objectif est ici de comprendre pourquoi et comment, l’idéologie devient-elle infaillible dans les régimes totalitaires. Hannah Arendt explique ce phénomène par l’utilisation de la propagande. L'usage de la propagande (répandre par des moyens divers les idées qu'ils veulent voir triompher) est nécessaire pour gagner les masses. Son véritable objectif n'est pas la persuasion, mais l'organisation, c'est-à-dire l'accumulation de pouvoir sans encourir aux moyens de violence. La propagande totalitaire place l'atteinte de ses buts dans un futur toujours lointain. Ce but apparaît comme une sorte de promesse paradisiaque et fédère la masse contre un ennemi objectif (ennemi extérieur ou intérieur au territoire). Ainsi, la propagande communiste menace les gens de rater le train de l'histoire, de rester désespérément en retard sur leur époque, de vivre en désaccord avec les lois éternelles de la nature et de la vie et de mener une vie inutile. L’autre trait de la propagande totalitaire est la mise en avant de la suprématie du leader, son infaillibilité qui n’admet jamais l’erreur. Pour finir la propagande totalitaire se distingue aussi par un complet mépris des les faits en tant que tels, les faits dépendant entièrement du pouvoir de celui qui peut les fabriquer. Car dans une société entièrement sous contrôle, le dirigeant totalitaire a en effet la possibilité de réaliser tous ses mensonges et d'avérer toutes ses prophéties, puisqu’il met en place ce qu'il a prédit. On comprend donc la force de la propagande totalitaire fondé sur une idéologie sacralisée: elle promet le succès et l'obtient. Le succès étant ce que veulent les masses. Il en résulte une volonté de façonner la société sur le modèle idéologique. Puisque ces idéologies se veulent radicales et exclusives elle se donneront pour mission de transformer la société et la rendre homogène et soumise à l’idéologie.
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