Que nous dit le Macronisme de l’évolution du système politique français ?

« Que nous dit le Macronisme de l’évolution du système politique français ? »

Composition :

« Idéologiquement, jamais la France n’a été autant de droite. » Jacques Attali, dans sa chronique du 22 Avril 2021 dans le journal Les Echos avance un propos reflétant le flottement idéologique qui règne au sein de l’opinion politique française en pleine crise économique, sociale et sanitaire. Se positionner politiquement est en effet un exercice plus complexe en 2021 que lors des six dernières décennies. Autrefois clivant et bien défini, l’échiquier politique français est depuis 2017 un échiquier où les dames d’hier sont les pions d’aujourd’hui. Revenons-en d’abord aux faits. Instituée en 1958, la Vème République est l’un des plus grands bouleversements du système politique français au XXème siècle. Sous cette dernière se sont confrontés multiples partis, mais la quête du pouvoir s’est rapidement resserrée autour d’un bipartisme institutionnalisé (notamment à cause du scrutin majoritaire) entre les partis de droite successifs (UNR, UDR, RMP, UMP, LR) et ceux de gauche (SFIO, FGDS, PS…). Tour à tour, la droite et la gauche se succèdent. Les partis politiques et leurs membres se professionnalisent, les mesures laissent place aux demi-mesures ; ce qui fonctionnait de 1958 à la fin des années 70 s’éreinte progressivement à partir des années 80. Le système global est au ralenti, de nouveaux problèmes sociaux émergent (chômage, précarité…), les promesses électorales sont vaines (tournant de la rigueur de F.Mitterrand). Le système politique est également incommodé par des scandales judicaires à l’égard des politiques, le poussant à son terme tant la confiance des Français dans la vie politique s’est détériorée.

Emmanuel Macron entend apporter une lueur d’espoir en se présentant en 2017 aux élections présidentielles. Les raisons conjoncturelles (mandat d’Hollande si décevant qu’il ne se représente pas, les affaires du candidat F.Fillon et le barrage anti-FN) en plus des facteurs structurels cités auparavant ne font que favoriser l’explosion en herbe d’un système fossilisé : le macronisme est au pouvoir en mai 2017.

Il s’agira de se demander si ce dernier n’est qu’un épiphénomène ou bien le reflet fidèle d’un bouleversement du système politique français ?

Le macronisme, ou courant politique résultant de la personnalité d’Emmanuel Macron, est à l’initiative des évolutions qu’a connu le système politique français depuis 2017. En premier lieu, il a permis de redéfinir en profondeur les clivages traditionnels. Jadis de droite ou de gauche, le paysage  politique français est drastiquement remodelé. Les partis « du système » sont balayés et En Marche  déplace le curseur, le mouvement politique d’E.Macron partage la part du gâteau avec l’extrême droite (le FN). La disparition – partielle – de ce clivage laisse place à d’autres clivages, plus transversaux entre les progressistes et les conservateurs, les libéraux, mondialistes et les protectionnistes, ou encore le pragmatisme opposé à l’idéalisme. Le macronisme a donc permis de refonder le corpus idéologique du système politique, devenu archaïque et binaire en une panoplie de visions disparates.

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