Peut On Gouverner L'Israel ?
Dissertation : Peut On Gouverner L'Israel ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar soparanormal • 2 Septembre 2014 • 6 151 Mots (25 Pages) • 815 Vues
PEUT-ON GOUVERNER ISRAËL ?
En octobre dernier, après avoir adopté sa dissolution, la Knesset (Chambre des députés israélienne) a convoqué des élections législatives anticipées pour janvier 2013, selon le vœu de l’actuel Premier ministre : Benyamin Netanyahou (leader du Likoud) qui part grand favori pour diriger la future coalition gouvernementale. Cette dissolution met fin d’une part à la 18ème législature (commencée en 2009) qui devait normalement s’achever en octobre 2013, et d’autre part au gouvernement de coalition de droite formé par le Likoud ainsi que des formations ultra-nationalistes et religieuses. Ces élections anticipées s’inscrivent dans le climat de tensions qui domine la région ces derniers temps, notamment avec la menace d’une attaque nucléaire d’Israël par l’Iran.
Ce fait d’actualité est révélateur de la situation politique qui perdure en Israël depuis les années 1980 : aucune législature n’est parvenue à son terme (4 ans). En effet, soit la Knesset -dans la majorité des cas- s’est auto-dissoute, soit elle a été dissoute par le Président de l’Etat à la demande du Premier ministre.
La proclamation de l’indépendance de l’Etat d’Israël par David Ben Gourion, leader sioniste, le 14 mai 1948 a mis un terme au mandat britannique sur la Palestine. En effet, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale et l’arrivée massive d’immigrants Juifs en Palestine à la suite de la Shoah, la Grande-Bretagne s’est trouvée dans l’incapacité de gouverner un territoire sur lequel cohabitaient deux peuples antagonistes, d’autant que les rapports de force démographiques devenaient de plus en plus complexes. Ainsi, la GB a fini par soumettre la question de la gestion de la Palestine aux Nations Unies qui ont établi un plan de partage, lequel a été accepté par les autorités juives mais refusé par la Ligue Arabe qui s’est empressée de déclarer la guerre au tout jeune Etat juif.
Ce rappel des faits nous montre combien dès sa naissance, l’Etat d’Israël fût incertain et en proie à de vives contestations. L’établissement d’un Etat Juif dans un environnement –hostile- d’Etats Arabes a en effet soulevé de vives controverses et ce d’autant plus que l’installation de migrants Juifs était perçu par le peuple Palestinien comme une entrave à son intégrité territoriale.
Pour autant, Ben Gourion, le fondateur de l’Etat d’Israël et le premier Premier Ministre, a eu pour lourde tâche d’instaurer un régime politique viable, lequel était principalement inspiré des institutions juives déjà en place sous le mandat britannique et donc par conséquent très proche du parlementarisme anglais.
Néanmoins, Israël a connu de nombreux bouleversements d’ordre politique, tant au niveau de ses institutions que de son fonctionnement.
L’apprentissage de la démocratie fût semé d’embuches : à l’inverse des Etats tout juste émancipés de la puissance colonisatrice ou mandataire pour qui l’intériorisation de la démocratie fût un long processus pas toujours très démocratique, le régime parlementaire israélien fût, au contraire, directement mis en place sous la forme d’une hyper-représentation (la représentation de toutes les franges de la population et de toutes les idéologies devant être parfaite).
Mais cette dernière, toujours d’actualité, n’est pas exempt de contradictions, de problèmes et même parfois de contestations. L’instabilité du régime politique israélien est un fait et les problèmes de gouvernance sont eux récurrents ce qui ne fait que gangréner un peu plus un pays déjà fort divisé socialement et très isolé régionalement.
Dès lors, le débat est lancé : Peut-on gouverner Israël ? Comment les spécificités de ce régime démocratique unique au monde ainsi que l’agencement d’une société aux forts clivages font-il vaciller les institutions, à la limite du supportable, sans pour autant ébranler totalement le régime ? En somme, quel est l’avenir de la démocratie et de la société israélienne à l’heure où, plus que jamais, ce pays entre dans une nouvelle ère sans pour autant que le contexte sécuritaire soit résolu : Israël étant, depuis son indépendance, un pays en guerre avec ses voisins, les Etats Arabes ?
I – Un système politique difficilement gouvernable...
A) Une société encline à la division
Israël se révèle un pays aux multiples clivages du fait de son histoire d’une part, mais également et comme dans la majeure partie des sociétés démocratiques, aux idéologies politiques divergentes.
On peut ainsi noter quatre clivages dominants :
1) Juifs versus Arabes
Le premier clivage qui nous vient à l’esprit lorsque l’on parle d’Israël est celui entre les Juifs et les Arabes. Toutefois, il ne faut pas le confondre avec le clivage entre les Juifs et les Palestiniens car les Arabes dont nous parlons ici sont bien les Arabes israéliens. En effet, en 2009 sur plus de 7,5 millions d’habitants, il y avait un peu plus de 1 530 00 Arabes dont :
- 85% de musulmans
- 15% de chrétiens.
Cette minorité Arabe se trouve tiraillée entre son intime conviction d’appartenir au peuple israélien, donc de préserver la survie de l’Etat d’Israël et depuis la Guerre des Six Jours de 1967, son appartenance au monde Arabe qui implique la solidarité avec le peuple Palestinien.
Par ailleurs, il faut noter la présence d’une population Druze (musulmans hétérodoxes) d’environ 125 000 personnes. Ces derniers sont mieux intégrés à la société que les Arabes car contrairement à eux, ils accomplissent leur service militaire avec les Juifs.
2) Religieux versus laïcs
Il est à remarquer tout d’abord que la place de la religion dans l’Etat est prépondérante bien que ce dernier ne soit pas considéré comme un Etat théocratique. Celle-ci est présente dans de nombreux domaines, comme :
- La famille :
o Code civil religieux
o Statut personnel selon lequel les mariages religieux sont les seuls possibles
o Tout divorce, mariage, naissance, héritage est encadré par l’Eglise. - L’école :
o Education très communautaire car chaque individu est éduqué selon son appartenance religieuse dans des écoles spécifiques
- La société
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