L’interprétation arendtienne du totalitarisme

Je voudrais examiner l’interprétation que fait Hannah Arendt du phénomène totalitaire. Elle a consacré à l’étude de ce phénomène un ouvrage Les Origines du totalitarisme. Dans ce livre, elle s’est efforcée de répondre à la question suivante : «que s’est-il passé ?» (Arendt, 2002, 196). Dans ce sens, je tiens donc à dégager l’originalité de la lecture arendtienne du totalitarisme. En quoi ce régime politique se distingue-t-il d’un régime autoritaire ?

Selon H. Arendt, trois phénomènes politiques distincts mais néanmoins liés président à l’émergence du totalitarisme : l’antisémitisme, l’impérialisme et le système totalitaire. Une des grandes originalités de la pensée politique de Hannah Arendt, c’est qu’elle tente toujours de soumettre une lecture politique des événements historiques. Ainsi, elle estime qu’il faut examiner l’implication politique des Juifs dans les divers gouvernements européens pour comprendre le surgissement de l’antisémitisme. De même, elle suggère que l’impérialisme doit être compris non pas comme «le stade suprême du capitalisme» (Lénine), mais comme «l’émancipation politique de la bourgeoisie». À l’égard du totalitarisme, Arendt reprend, pour comprendre ce système politique, les catégories politiques de Montesquieu. Celui-ci considère que tout régime politique se définit par un principe qui l’anime et une nature qui en constitue son essence. Dans le cas du phénomène totalitaire, l’idéologie entendue comme la «logique d’une idée» constitue le principe du régime et la terreur en constitue l’essence, soutient Arendt. L’originalité du régime totalitaire consiste donc non seulement à s’appuyer sur la loi de l’Histoire (stalinisme) et la loi de la Nature (hitlérisme) pour construire un nouvel homme, mais aussi sur la terreur pour renouveler incessamment le potentiel des victimes.

Si l’idéologie et la terreur sont les éléments constitutifs du système totalitaire chez Arendt, il serait pertinent de comparer cette interprétation avec celle de Claude Lefort. Celui-ci a su en effet renouveler de manière originale la lecture du phénomène totalitaire.

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