Les Totalitarismes
Rapports de Stage : Les Totalitarismes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 27 Février 2013 • 3 294 Mots (14 Pages) • 1 250 Vues
Les régimes totalitaires dans l’entre-deux-guerres : genèse, points communs et spécificités.
Cours 1 et 2
Les totalitarismes face aux démocraties dans les annees
1930.
I La genèse des régimes totalitaires
1. Aux origines du totalitarisme
• L’adjectif " totalitaire " est utilisé pour la première fois en 1924 par l’italien Giovani
Amendola pour dénoncer l’Etat fasciste. Mais dès les années 1920, Mussolini lui-même
déclare " tout est dans l’Etat " et les nazis parleront d’ " Etat total ". Le terme s’impose
ensuite au moment du pacte germano-soviétique, puis il est étudié par les historiens et
les théoriciens politiques. L’une des premières réflexions globales est celle d’Hannah
Arendt dans Les origines du totalitarisme, en 1951. Elle met sur le même plan le nazisme et le stalinisme et s’emploie à théoriser ce qui distingue les régimes totalitaires
des autres régimes autoritaires - dictatures, etc. De nombreux autres chercheurs ont
travaillé sur ce concept, qui continue de faire débat.
• La genèse du totalitarisme fait également l’objet de désaccords chez les historiens.
Pour Zeev Sternhell, les origines du fascisme sont antérieures à 1914. Dans son étude
- contestée - sur le fascisme français, il fait de la France d’avant guerre le berceau du
fascisme. De même, les historiens ont travaillé sur les origines du nazisme et montré
que des éléments constitutifs de cette idéologie apparaissent dès le XIXe siècle en Allemagne : nationalisme, pangermanisme et bien sûr antisémitisme. Concernant l’URSS,
la question des origines est également un sujet de polémique : certains font remonter
les bases du totalitarisme soviétique à la dictature de Lénine, mais dans la plupart des
cas, la mise en place du totalitarisme en URSS est assimilé à la période stalinienne
(1924-1953).
• Les conséquences politiques de la Première Guerre mondiale sont également questionnées. Selon l’historien américain Georges L. Mosse (La Brutalisation des sociétés
européennes. De la Grande Guerre au totalitarisme), c’est la matrice des totalitarismes :
la " brutalisation " qui aurait caractérisé le conflit aurait induit celle de la vie politique
en Europe et entraîné la montée en puissance des totalitarismes. En Italie et en Allemagne, la guerre aurait entraîné une culture de la violence imprégnant dès le début
des années 1920 des groupes d’anciens combattants à l’origine des milices fascistes et
nazies. Cependant, cette thèse et contestée et la résistance des démocraties en France
et au Royaume-Uni semble l’infirmer. De la même manière, la théorie de l’Allemand
Ernst Nolte (La guerre civile européenne, 1989), qui fait du fascisme et du nazisme des
réactions au bolchevisme a entraîné une polémique à la fin des années 1980.
Jean-Christophe Delmas 1I La genese des r ` egimes totalitaires ´
2. Des contextes de crise
• Les trois régimes totalitaires s’imposent dans un contexte politique confus. Ainsi, en
1917, le régime du tsar Nicolas II est largement affaibli : contesté sur le plan politique
(une première révolution a lieu en 1905), il est discrédité par les défaites que subit la
Russie dès le début de la guerre mondiale. Une première révolution renverse le tsar en
février. En octobre 1917, les bolcheviks dirigés par Lénine organisent un coup d’Etat
qui les porte au pouvoir. Après la mort de Lénine en 1924, la lutte pour sa succession
permet à Staline de s’imposer. En Italie, Mussolini est nommé chef du gouvernement
par le roi en 1922, alors que le pays est en proie à des troubles révolutionnaires que les
partis traditionnels semblent incapables d’endiguer. En Allemagne, Hitler est nommé
chancelier en 1933 alors que le pays est déchiré par les violences perpétrées par les SA
et par la menace révolutionnaire de l’extrême gauche. La République de Weimar, née
en 1919, est là encore un régime fragile.
• Les conséquences politiques de la guerre sont également importantes dans la compré-
hension de la mise en place de ces régimes. L’un des mots d’ordres des bolcheviks est
d’imposer la paix avec l’Allemagne, dans un contexte de mutineries et de désertions
massives. En Italie, le thème de la " victoire mutilée " est largement repris par les fascistes depuis la fin de la guerre. En Allemagne, le " diktat " de Versailles a entraîné la
frustration d’une grande partie de la population et le NSDAP reprend constamment le
thème de la revanche et du redressement du pays. Par ailleurs, même si cette théorie
est très discutée comme cela a été dit plus haut, la " culture de la violence " constitue peut-être un facteur expliquant la montée du fascisme en Italie et du nazisme en
Allemagne.
• Enfin, l’avènement des trois régimes a lieu dans un contexte de crise économique et
sociale. En Russie, la guerre entraîne des pénuries et des grèves dans un pays déjà très
pauvre.
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