La démocratie indienne
Dissertation : La démocratie indienne. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar laure.duhamel • 21 Mars 2019 • Dissertation • 6 328 Mots (26 Pages) • 1 790 Vues
La démocratie indienne
« L’on pourrait définir l'exception indienne par sa capacité à concilier les contraires et à absorber des contradictions qui nous paraissent insurmontables »[1][2].
Habitée par environ 1, 311 milliard d’habitants, l’Inde est le deuxième pays le plus peuplé au monde et apparait ainsi comme la plus grande démocratie planétaire. Cependant, cet Etat ne repose pas sur des valeurs que les occidentaux considèrent comme fondateurs des démocraties. En effet, la société indienne est hiérarchisée par un système de castes. Celui-ci est aux antipodes des sociétés démocratiques individualistes qui ont pour socle commun l’égalité. Pendant longtemps, les sociologues et philosophes européens tels que Max Weber ou James Mill ont analysé cette organisation de la société uniquement d’un point de vue social, oubliant tous les autres aspects qui influençaient et expliquaient ce système unique. [3]
Malgré des réticences occidentales et une diversité culturelle rarement égalée (plus d’un millier de langues et dialectes sont parlés à travers le pays), l’Inde a réussi à devenir une démocratie stable depuis plus de six décennies. Elle n’a été mise entre parenthèses une seule fois avec l’instauration de l’Etat d’urgence qui débuta en 1975 et dura dix-huit mois. La puissance émergente est, de même, un des rares pays démocratiques au sein duquel le peuple a su renverser un gouvernement par les urnes. Enfin, l’arrivée au pouvoir, en 2004, d’un gouvernement de coalition composé de 23 partis (du jamais vu) montre bien la maturité du système démocratique indien. Il est donc intéressant de savoir en quoi l’intégration des singularités culturelles et sociales au domaine politique de l’Inde en a fait une démocratie unique ?
L’Inde est une démocratie affirmée qui garde des traces de son passé colonial (I) tout en ayant su intégrer ses singularités sociales et culturelles à son système politique (II) et en envisageant son ouverture au monde via une démocratie de marché limitée (III).
I. L’Inde, un Etat démocratique affirmé influencé par sa période coloniale (…)
Il n’est plus question aujourd’hui de remette en cause le caractère démocratique du Sous-Continent. Le pays s’est affirmé sur la scène internationale comme la plus grande démocratie au monde. Une de ses singularités a trait à son processus démocratique. En effet, l’Inde a acquis son Indépendant en 1947 suite à de longues manifestations pacifistes et des campagnes de boycott menées en grande partie par le célèbre Mahatma Gandhi. Contrairement à une majorité des colonies à travers le monde, l’Inde n’a pas entamé le processus démocratique suite à son Indépendance. Ce dernier était déjà en marche sous l’Empire britannique.
A. Les caractères démocratiques essentiels du système indien
Le caractère démocratique de l’Etat indien n’est plus à prouver. En effet, il dispose des caractéristiques majeures nécessaires à un régime pour être décrit comme démocratique.
Tout d’abord les élections qui sont le cœur de la vie politique indienne. En un demi-siècle, les Indiens ont voté quatorze fois lors d’élections générales et se sont peu à peu familiarisés avec la compétition démocratique. Sur les 800 millions d’électeurs en 2004, plus de 500 se sont déplacés aux urnes. La participation électorale est ainsi conséquente. Un des problèmes majeurs de ce régime est le fort taux d’analphabétisme (40% en moyenne chez les adultes entre 2008 et 2012)[4]. Cependant, l’Inde a su s’adapter afin de permettre à ces personnes d’aller voter via un système de pictogrammes et de symboles associés à chaque parti politique.
Ensuite, l’Inde répond au critère de pluralisme politique avec ses 1687 partis politiques (nationaux/régionaux) existants. Jamais une démocratie n’a connu une pluralité aussi importante.
L’augmentation du nombre de partis politiques s’est opérée suite à la séparation des extrêmes du
Congrès qui ont formé des partis. Par exemple à gauche, le Congress Socialist Party a vu le jour en 1934 ou encore le parti communiste indien (CPI). A droite, peut être cité le Parti nationaliste indien qui deviendra le Parti du peuple indien (BJP) en 1980. En 1967, s’installe un régime d’alternance politique. Puis l’Inde finit par entrer dans l’ère des coalitions et d’une sorte de bipartisme suite à la création de la NDA (National Democratic Alliance), une coalition de plusieurs partis régionaux et nationaux, en 1999. En réaction à ce nouveau parti, le Congrès décide de créer une homologue United Progessive Alliance.
Ensuite, le pouvoir central est contrebalancé par les Etats de la fédération qui sont un pouvoir intermédiaire. En effet, leur gouvernement sont élus au suffrage universel. De plus, l’alternance politique oblige le Congrès à faire des coalitions avec les partis régionaux d’opposition.
Comme l’exprime Montesquieu dans « l’Esprit des Lois », il est nécessaire que le pouvoir puisse arrêter le pouvoir. Autrement dit, une séparation des pouvoirs est indissociable du régime démocratique. En Inde, les instances juridiques sont indépendantes. Cela se traduit, dans la pratique, par le fait que la Cour Suprême ainsi que les tribunaux des Etats fédérés (les High Courts) puissent rendre des jugements en contradiction avec les intérêts des leaders nationaux.
Enfin, la presse jouit en Inde d’une grande liberté. Elle est protégée par l’article 19 de la
Constitution qui pose la liberté de la presse comme droit imprescriptible. Cette entité est d’ailleurs très active avec environ 55 700 organes de presse recensés dans plus de cents langues et dialectes. Toutes les orientations politiques sont représentées. La presse indienne est véritablement un quatrième pouvoir car elle une grande influence et n’hésite pas à révéler les affaires de corruptions. Par exemple, une affaire de pot-de-vin révélée par la presse a en grande partie fait tomber Rajiv Gandhi en 1989.
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