La courbe de tes yeux, Eluard

LA n°10 - “La courbe de tes yeux”, Eluard.

Paul Eluard, poète de la première moitié du XXème a été un des piliers du surréalisme qui s'intéresse à l'imaginaire, au rêve et à l'inconscient dans les années 1920. Après une crise personnelle existentielle qui a entraîné son voyage-fuite en 1924, Eluard publie son premier recueil en 1926, qui sera le plus important : Capitale de la douleur. Ce recueil est dédié à sa muse : Gala. Le poème La courbe de tes yeux est l'avant dernier du recueil. Il est placé sous le signe de la joie d'aimer et du partage amoureux. Nous allons étudier l'éloge de la femme fait à partir de la courbe de ses yeux, puis le bonheur de ce couple heureux et enfin l'ouverture sur le monde.

Dans quelle mesure peut-on dire que ce poème fait l’éloge de l’amour lui-même ?

En quoi ce poème est-il un éloge ?

Pour commencer nous verrons en quoi est-ce un blason amoureux. Puis ensuite, nous verrons en quoi cet extrait montre-t-il un regarde transfiguré.

I. Un blason amoureux

a) L’éloge de la femme

Femme décrite par métonymie : une partie (les yeux) qui désigne le tout (Gala). Les nombreuses occurrences des “yeux”, du “regard”. L’œil représente la femme aimée.  Le poème a un mouvement circulaire : “la courbe de tes yeux”, “le tour de mon cœur” etc. = la forme ronde qui évoque la circularité, la rondeur, mais aussi la réciprocité de l’amour.

+ assonance en “ou” et “o” (la forme de la lettre forme également un cercle).

nombreuses images élogieuses : “un rond de danse et de douceur”, “auréole du temps”, “sourires parfumés”, “berceau nocturne et sûr”  = évocation de la rondeur, sensualité du corps (les formes féminines), de la féminité et de la maternité. + épithète très valorisant “yeux purs” au vers 14 = c’est la femme aimée qui est donc sujet d’éloges, à travers l’œil, partie métonymique. = le poème se fait blason (= description élogieuse d’une partie du corps féminin).

b) L’amour fou

Le poème évoque des images circulaires, mais il est aussi circulaire dans sa forme. Chiasme entre le v. 1 et le 15 : “la courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur” X “et tout mon sang coule dans leurs regards” : Les deux éléments, les yeux et le cœur, sont les organes de l’amour et du sentiment amoureux. = le mouvement circulaire qui connote l’idée de réciprocité. (Pose peut-être aussi la question de l’enfermement). “Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu / c’est que tes yeux ne m’ont toujours pas vu” : la négation renforce le rôle de la femme. Elle devient son guide, le miroir entre le poète et le monde. C’est l’interprète. Il voit (vit?) travers ses yeux ?

II. Un regard transfiguré

a) Un monde en soi

Poésie surréaliste : thèmes habituels (amour, rêve, imagination etc). CL de l’univers :” monde”, “ciel”, “mer”, “aurores”, “astres” = grâce à elle, il s’ouvre au monde, mieux que ça, l’amour réinvente le monde… “Je ne sais plus tout ce que j’ai vécu” : négation = il omet, renie le passé. Il s’échappe du réel.  CL des éléments : l’air : “roseaux du vent”, “sourires parfumés”, l’eau : “mer”, “sources de couleurs”, le feu : “monde de lumière”, “paille des astres”, la terre : “feuilles de jour”, “mousse de rosée” = création d’un microcosme, d’un nouveau monde. CL de la nature “feuilles”, “mousse de rosée”, “roseaux” ect  = recréation / transfiguration d’un monde = un nouveau monde engendré, crée par l’amour qu’elle lui donne et lui inspire, comme le montre “c’est que tes yeux ne m’ont toujours pas vu”.  Toujours cette idée de regards réciproques

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