Iran, la révolution invisible
Fiche de lecture : Iran, la révolution invisible. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Hicham75 • 11 Novembre 2017 • Fiche de lecture • 3 748 Mots (15 Pages) • 699 Vues
COMPTE RENDU DE LECTURE
Titre de l’ouvrage : " Iran, la révolution invisible"
Auteur : Thierry Coville
Editeur : La Découverte Lieu : Paris
Date d’édition : 2007 Nombre de pages : 256
Introduction
« IRAN, LA REVOLUTION INVISIBLE » est un ouvrage d’analyse stratégique. Il est réalisé par Thierry Coville.
Chercheur associé à l'Unité mixte de recherche "Mondes iranien et indien" du Centre National de la Recherche Scientifique « CNRS », Thierry Coville est économiste au Centre d'Observation Economique de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris. Il est également Docteur en sciences économiques et professeur à NOVANCIA où il enseigne la macroéconomie, l’économie internationale et le risque-pays. Il travaille également sur la problématique des économies pétrolières.
Thierry Coville est rédacteur en chef de la revue ACCOMEX, et ancien allocataire de l'Institut Français de Recherche en Iran, il effectue depuis près de 20 ans des recherches sur l’Iran contemporain, au sujet du quel il a publié de nombreux articles et plusieurs ouvrages dont le dernier est intitulé « Les sanctions contre l’Iran, le choix d’une punition collective contre la société iranienne ? »
A travers cet ouvrage, intitulé " Iran, la révolution invisible", Thierry Coville fait montre d’une ambition de contribuer modestement à une meilleure compréhension de l'Iran d'aujourd'hui. L'Iran que décrit l'auteur est autrement plus complexe que l'image simplificatrice qu'on s'en fait depuis 1979 en Occident en général et aux Etats-Unis en particulier. Effectivement, il donne à voir un pays moins inquiétant et plus complexe qu'on ne l'imagine. La révolution khomeyniste de 1979 n'est pas une anomalie monstrueuse ; elle n'est pas non plus une parenthèse que l'Iran refermera un jour pour renouer avec le libéralisme occidental. Certes les défis sont immenses : défi d'une économie de rente « noyée dans le pétrole », défi d'une société en mutation où les jeunes et les femmes revendiquent leur place. Mais, comme le conclut l'auteur : « Les Iraniens ont fait la révolution, certains sont déçus du résultat, mais peu nombreux sont ceux qui souhaitent un retour en arrière. Une autre dimension importante, sans laquelle on ne comprendra pas l'Iran contemporain, est le poids du nationalisme, peut-être plus puissant et plus pérenne que celui de l'islamisme.
Quels furent les retombées stratégiques, politiques, sociales et économiques réelles qui découlent de la révolution islamique ? C’est la question centrale de cet ouvrage. Mais au-delà de ces problèmes, une autre interrogation majeure subsiste : il s’agit de déduire les défis qui s’imposent au régime de Téhéran pour s’adapter aux transformations d’une société iranienne ambivalente ?
L’éclairage que porte cet ouvrage démasque les contradictions fortes qui caractérisent une société iranienne, en pleine mutation, soumise à la pression du régime et à la fois fascinée par la modernité occidentale à laquelle elle souhaiterait accéder et désireuse de préserver une identité nationale dont elle est fière.
Pour y parvenir, l’ouvrage est scindé en trois parties qui traitent respectivement les impacts multidimensionnels de la révolution, les facteurs de résilience du régime islamique et les défis qui s’y imposent.
I. Réalités d’un nouveau régime islamique, sujet à des controverses exogènes et endogènes :
I.1. Politique étrangères au lendemain de la révolution
Parmi les nombreux paradoxes qui caractérisent l'Iran d'aujourd'hui est l'image étonnante que renvoie ce pays sur la scène internationale. L’Iran effraie en la décrivant, exclusivement comme un acteur majeur du « terrorisme islamique » ou comme faisant partie de l’axe du mal. Déjà, l'occupation de l'ambassade des États-Unis à Téhéran et la rupture des relations avec Washington en avril 1980 ont marqué le début d'une période caractérisée par la volonté d'exporter la révolution. Dans cette phase militante, la diplomatie iranienne a épousé une ligne de conduite qui se voulait anti américaniste et antisioniste. Il y avait, surtout dans les premiers temps, une volonté d'afficher une solidarité panislamique. Dans cette optique, l'Iran se considérait comme le point de ralliement de tous ces peuples musulmans pour lutter contre leurs ennemis, c'est-à-dire l'Occident et Israël. Or, contrairement à cette vision, la politique étrangère de la République islamique a, depuis la fin des années 1980, effectué un virage radical en abandonnant sa stratégie d'exportation de la révolution et en menant une politique plus réaliste et plus soucieuse de la défense des intérêts nationaux.
Toutefois, les attentats du 11 septembre 2001 ont conduit à un changement brutal de l'environnement externe de l'Iran. Les régimes des talibans et de Saddam Hussein, considérés comme les plus grandes menaces régionales de Téhéran, ont été remplacées par des pouvoirs plutôt proches de la république islamique. Et pourtant, l'Iran s'est exposée à des tentatives de déstabilisation de la part des États-Unis, puisque la présence militaire américaine tout autour de l'Iran, a évidemment été perçue comme un encerclement menaçant sérieusement sa stratégie. Et dans ces circonstances, le choix de l'option nucléaire, qui symbolise l'orgueil nationaliste de l'opinion intérieure, se comprend sans peine dans une logique de sanctuarisation du territoire. Une telle intension, a été largement commentée par un certain nombre d'États du Golfe, qui, inquiets des ambitions de l'Iran en tant que puissance régionale et mécontents du déclin de l'influence sunnite en Irak, invoquent à nouveau la volonté hégémonique d'un «croissant chiite». Cette politique américaine de diabolisation systématique de l'Iran, apparue après le 11 septembre, a été instigatrice d’une dynamique européenne, engagée dans la résolution du dossier nucléaire iranien dont les négociations ont abouti à la signature d’un accord en 2004 avec l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Cependant, cet accord qui stipulait l'arrêt des
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