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Histoire de la pensée politique, de la révolution à nos jours

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Par   •  29 Septembre 2016  •  Cours  •  31 232 Mots (125 Pages)  •  987 Vues

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HISTOIRE DES IDEES POLITIQUES II

Partie 1 : Les révolutions et la pensée politique en Europe et en Amérique

Chapitre 1 : La pensée politique sous la révolution française

        Histoire des idées: histoire des grandes idéologies modernes. La notion même d'idéologie surgit à cette époque là. Le club des idéologues, c'est un groupe de philosophes qui voulait faire une science de la genèse des idées. Un certain Karl Marx a repris ce terme pour en faire un concept bien différent.

Raymond Aron: Idéologie c'est ce que pensent les autres.

        Ensemble large de conceptions du monde social politique qui constitue une langue sociale et politique à travers laquelle tout un ensemble d'intellectuels s'expriment diversement. On pourrait  utiliser le terme paradigme aussi, ou langage. Pour qu'il y ait des idéologies, il faut des intellectuels, des idéologues fortement préparés.

        Pourquoi 3 idéologies? libéralisme, socialisme et conservatisme: c'est un rapport direct avec les grandes révolutions libérales et populaires de la fin du XVIIIème siècle qui ont agité l'Europe et la partie nord de l'Amérique. A la fin du XVIIIème un autre type de révolution commence, une révolution économique, la révolution industrielle qui a commencé en Angleterre et qui s'est exportée partout. C'est ce que l'on appelle la double révolution selon Hobsbawm.

        Instauration d'une société de marchés, c'est une expression de Karl Polanyi, grand économiste historien Hongrois qui a écrit La grande transformation en 1944. C'est le triomphe du principe de marché. Avant la révolution industrielle, il n'y avait pas de marché autorégulateur, de marché capitalisme préservé des interventions de l’État, ou tout autre groupe n'existait pas. Polanyi expose que pour construire la puissance du marché il faut la garantie de l’État, ce n'est pas apparu spontanément, c'est le produit d'un travail. Il dit que c'est un moment de désencastrement de l'économie du reste de la société et devient une sphère autonome. Avant, l'économie était au service d'autres forces sociales, désormais c'est le social qui se met au service de l'économie. Une économie conçues comme la recherche du gain monétaire dans un système de concurrence où la fixation des prix est libre. C'est le jeu de l'offre et de la demande qui doit fixer le système des prix. Il estimait que ça avait un effet tellement déstabilisateur que ça a provoqué en réaction des contre-mouvements: socialisme, syndicalisme…

        La Révolution française a bouleversé la vision du monde social que l'on avait avant.         D'abord la conception du temps et de l'histoire. Ce qui apparaissait comme immuable, immémoriable: la monarchie française, les ordres féodaux, ont laissé place à l'idée du progrès de l'histoire, du changement. Condorcet: manifeste du progressisme, de l'optimisme des lumières jusque dans la révolution.

        Bouleversement aussi dans la conception des rapports sociaux: sous l'Ancien Régime en France, ce qui prévalait c'est une conception des rapports sociaux fondée sur la hiérarchie des rangs, de la naissance et du titre. Le simple fait de l'existence des privilèges instituait cette hiérarchie des rangs. La RF vient abolir ces privilèges. Cela veut dire que l'abolition des privilèges est inséparable de la proclamation de l'égalité civile, l'égalité des individus devant la loi. Ce sont des sujets de droit, libres et égaux. On se retrouve face à une communauté nationale unie par des liens formels, régis par le droit. Norbert Elias: une société d'individus, un ordre social à construire collectivement ou à faire émerger par l'action et la liberté même d'action des individus que l'on suppose plus ou moins rationnels.

        Du moment où on proclame l'égalité, on a des controverses sur le sens même de l'égalité: conditions, formes… Cela fait l'objet de conflits d'interprétation même dans le camp des révolutionnaires, selon la manière dont ils considèrent le peuple. La RF a suscité à peu près immédiatement ces 3 types de réponses aussi bien en France qu'au RU ou en Allemagne. Il y a eu une réaction que l'on pourrait qualifier de résistance et une autre de stabilisation ou institutionnalisation ainsi qu'un troisième type qui consiste à vouloir accélérer encore le progrès. Cela a donné trois types d'idéologies: conservatisme, libéralisme et socialisme (sorte de démocratisme radical, plutôt, pour éviter que des nouvelles aristocraties se créent). Ça implique aussi des visions du peuple qui sont différentes, un peuple qui est politiquement dépendant, mineur pour le conservatisme. Pour le libéralisme, le peuple serait l'ensemble des individus rationnels. Pour la version plus radicale, c'est la masse. Pour les socialistes c'est les travailleurs. Le conservatisme défend une forme d’État: la restauration, les libéraux, le gouvernement représentatif puis pour les radicaux il y a plusieurs formes de gouvernement: dictature du prolétariat, abolition de l’État, mandat impératif (le peuple peut vous révoquer si les missions qui vous ont été confiées ne sont pas accomplies).

        Chez les opposants conservateurs les plus durs, il s'agissait de reverser totalement le nouveau régime après la RF, pour les moins durs, il s'agit de limiter ce régime, de le contenir. Les forces conservatrices n'ont pas été définitivement vaincues par la Révolution car elles sont revenues au pouvoir après Napoléon. Mais ont échoué après Charles X.

        La Révolution Américaine précède la française mais indique également qu'un peuple pouvait s'émanciper d'une puissante force coloniale et impérialiste, d'où la réputation de l'Amérique du Nord d'être un pays neuf, où tout est possible. La vieille monarchie française a aidé les américains à se libérer des britanniques. Cette révolution met en cause un gouvernement représentatif qui n'est pas fondé sur le suffrage universel mais qui influence la révolution française. Les fédéralistes sont favorables à une représentation qui est une sélection par le peuple des élites éclairées qui vont guider ensuite le peuple. Alors que pour les anti-fédéralistes, les représentants doivent ressembler au peuple. Le congrès doit refléter la réalité du peuple, donc on a une représentation ressemblante, reflet du peuple.

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