Discours de Jean Jaurès
Commentaire de texte : Discours de Jean Jaurès. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Kate Osokina • 16 Mars 2022 • Commentaire de texte • 1 543 Mots (7 Pages) • 566 Vues
Au carrefour des XIX e et XX e siècles, les adeptes du socialisme aspiraient à ce que leur vision de la
société idéale, ardemment désirée, devienne réalité. Or, leurs divers désaccords et les oppositions
externes entravaient de plus en plus cette ambition. Il est question de ces difficultés sociales et
politiques dans l’extrait du discours dit des « deux méthodes », prononcé par Jean Jaurès dans le
contexte des débats politiques avec son opposant Jules Guesde, sur lequel porte le présent
commentaire. Jaurès était un homme politique français, journaliste, professeur de philosophie. Il est
difficile de décrire son positionnement politique. Ainsi, il est possible de dire qu’il était partisan des
pensées socialistes mais avec sa propre lecture, un socialiste indépendant. En utilisant sa figure
publique, il diffusait ses idées afin d’œuvrer à l’avènement de la société idéale où régnât l’égalité.
L’une des manières d’exprimer son point de vue et de le partager était la participation aux débats.
Jules Guesde, à qui s’adresse ce discours, était un intellectuel, diplomate, journaliste qui diffusait des
idées marxistes. En 1880, il a créé le Parti Ouvrier Français (POF), un parti révolutionnaire
d’obédience marxiste, avec Paul Lafargue. Mais avant de traiter le discours et le débat avec Guesde, il
faut tracer, dans les grandes lignes, la chronologie des mouvements socialistes de l’époque et les
contextualiser. En décembre de 1899, le premier congrès des organisations socialistes françaises, le
Congrès de Japy, a eu lieu à Paris. Lors de cette réunion, un comité général des délégués des camps
socialistes a été créé. En septembre de 1900, le congrès de Wagram a de nouveau réuni les socialistes.
Cependant, il s’est passé moins sereinement en raison des vives controverses entre Jaurès et Guesde,
ce dernier ayant rompu à cette occasion. Le 3 octobre 1900 dans La Petite République Jaurès a incité à
la création d’organisations autonomes des départements français, notamment ceux du Nord et du Pas-
de-Calais, afin d’éviter d’éventuels conflits avec le POF. Il est fort probable que cet article ait
encouragé la fédération du Nord du POF à organiser des débats politiques entre Jean Jaurès et son
opposant Guesde. Le débat controversé s’est tenu dans un hippodrome à Lille le 26 novembre 1900
devant 8000 spectateurs, parmi lesquels le maire de la commune, Gustave Delory. Lille était une
grande ville ouvrière du Nord où l’influence de Guesde était forte et dont le maire était un socialiste-
guesdiste. Jaurès a été le premier à prendre parole. Ses propos ont été pris en sténographie, puis ont été
publiés et diffusés. Le document dont il est question dans le présent commentaire est un extrait du
discours prononcé par Jaurès, comprenant les réactions du public indiquées entre parenthèses. Dans
son discours, Jean Jaurès a retracé l’origine de son dissentiment avec Jules Guesde pour ensuite
montrer que la dispute, née de divergences de vues politiques, tenait à des désaccords sur les méthodes
et pratiques du Parti socialiste. D’où vient la question : en quoi l’extrait du discours des « deux
méthodes » révèle-t-il la doctrine politique de Jaurès sur le Parti socialiste à travers ses perceptions des
affaires de l’époque ? Dans un premier temps, nous nous intéresserons à l’émergence du conflit entre
Jaurès et Guesde. Dans un deuxième temps, nous tâcherons de rétablir, avec cohérence, la pensée de
Jaurès sur les aspects qui divisaient le Parti socialiste. Finalement, nous essayerons de décrire les
particularités du dessein socialiste de Jaurès par rapport au Parti socialiste.
Tout d’abord, comme l’indiquent les lignes 8-11, le désaccord entre Jaurès et Guesde remonte aux
affaires Dreyfus et Millerand, qui sont le fil rouge du discours et la pierre angulaire des débats.
Adeptes de deux camps socialistes différents, Jaurès, un révolutionnaire modéré, et Guesde, un
révolutionnaire âpre, se sont à nouveau opposés lors de ces affaires politiques. L’affaire Dreyfus a fait
suite au jugement, pour suspicion d’espionnage au profit de l’Allemagne, d’un capitaine juif : Alfred
Dreyfus. Il a été rapidement condamné, destitué, et envoyé à l’exil à perpétuité. Cette affaire a divisé
la société française en deux camps : ceux qui étaient convaincus de sa culpabilité, antidreyfusards, et
ceux qui croyaient en son innocence, les dreyfusards. Parmi ces derniers, figuraient le frère de
Dreyfus, l’écrivain Émile Zola et Jaurès. Même si, dans un premier temps, Jaurès était impressionné
qu’il n’eût pas condamné à mort, il a découvert les détails du procès judiciaire et a pris le parti des
dreyfusards. Guesde, quant à lui, a considéré qu’il était infâme pour les tenants de la lutte des classes
de s’intéresser aux affaires bourgeoises, leurs ennemis idéologiques, et encore pire, d’y participer. Par
ailleurs, Dreyfus était un militaire, ce que signifiait pour la vaste majorité des socialistes
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