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De la terreur au terrorisme

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Par   •  13 Octobre 2019  •  Dissertation  •  4 668 Mots (19 Pages)  •  732 Vues

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De la terreur au terrorisme  

        L’ouvrage de Gérard Chaland et d’Arnaud Blin, Aux sources du terrorisme, propose une chronologie du terrorisme et traite des convergences et divergences entre les différents actes terroristes. Chaliand est un professeur éminent et spécialiste des problèmes politiques et stratégiques du monde contemporain, et plus particulièrement des terrorismes et des guérillas. Blin est quant-à lui spécialiste des relations internationales et des études stratégiques.

                La terreur exprime le degré supérieur de la peur. L’homme a toujours utilisé la menace et joué sur la peur de l’autre pour obtenir de lui ce qu’il vouait. Ce terme a donc toujours été utilisé couramment. On observe néanmoins qu’il est devenu un instrument politique et un moyen de gouvernement avec la révolution française. La Terreur désigne la période post-révolutionnaire, allant du 5 septembre 1793 au 27 juillet 1794. La Terreur de Robespierre a, au XX siècle, inspiré d’autres régimes, dans lesquels elle a perduré plus longtemps.

           Le terme « terrorisme » est né plus tard, bien qu’il ait existé dans la pratique dès le 1er siècle avec les zélotes et et les sicaires. L’effet psychologique était déjà redoutable car les attaques frappaient par surprise. L’appellation « sicaire » désignait le nom donné aux ennemis dans le but de les déligitimer, tout comme l’appellation terroristes aujourd’hui. On trouvait aussi déjà une dialectique entre le pouvoir et le terroriste. Il n’existe aujourd’hui pas de définition objective et universelle du terrorisme. Cela vient en partie du fait qu’il existe une multiplicité d’acteurs aux intérêts divergents sur la scène internationale. Ainsi, le terrorisme est une notion en partie nécessairement subjective, puisqu’un terroriste pour certains sera un résistant pour d’autres. C’est un concept en constante évolution, s’adaptant aux transformations des sociétés dans lesquelles il évolue. Cependant, le mot terrorisme ne reste pas indéfini. Nous pouvons en effet noter l’existence de plusieurs définitions du terrorisme au niveau des conventions spéciales des organismes des NU à vocation universelle, des conventions régionales à vocation générale, ou des codes pénaux nationaux. Il s’agit ainsi d’une forme de violence politique, et donc de mise en oeuvre de l’hostilité avec la désignation d’un ennemi. Il peut être assimilé à une forme de combat du faible contre le fort. Ce mot désigne donc la commission d’attentats ou de prises d’otages par des individus, bandes, groupuscules, réseaux. Le terrorisme comporte ainsi une dimension exorbitante du fait de la désétatisation de la violence. Selon Chaliand, le terrorisme est un moyen, une technique. Les actes terroristes sont empreints d’une idéologie, et sont employés faute de mieux, ses auteurs n’ayant pas d’autre moyen de se faire entendre. Le dictionnaire de l’académie française de 1798 décrit le phénomène de terrorisme comme « système, régime de la terreur ».

       

         On remarque que des actes de terreur ont précédé et succédé à la période historique de la Terreur. On peut alors de demander si ces actes constituent des actes terroristes. La difficulté repose alors sur la recherche d’une définition des termes de terreur et de politique terroriste. Dans notre réflexion, et comme Blin et Chaliand dans leur ouvrage, nous envisagerons la terreur comme un phénomène politique. Les dictionnaires, pour définir la terreur, l’abordent en effet sous un angle politique et en partant de la révolution française. La terreur, depuis la révolution française, est un régime politique. On pourrait même aller plus loin en la définissant comme un procédé de gouvernement lui permettant de lutter contre les résistants. Le terrorisme se rapproche donc de cette notion, dans le sens où il devient une stratégie d’intimidation des populations, avec des buts politiques. Comme le souligne Raymond Aron, la terreur comme le terrorisme se rapprochent en ce qu’ils recherchent tous deux à avoir un impact psychologique exorbitant. Pour lui, il y a acte terroriste « lorsque ses effets psychologiques sont hors de proportion avec ses résultats purement physiques ». Ils reposent en effet pareillement sur le fondement de la peur. Cependant, ils s’opposent en ce que le terrorisme est une sorte de terreur inversée. Là où la terreur est le fait d’un gouvernement ayant pour but de nier un conflit et d’éradiquer toute opposition politique pour garder l’ordre, le terrorisme cherche à créer un conflit pour créer du désordre. On a en effet longtemps considéré que la terreur appartenait à l’Etat et que le terrorisme était à l’inverse dirigé contre lui, étant l’arme de ceux qui n’ont pas le pouvoir et qui agissent clandestinement. Néanmoins aujourd’hui, des gouvernements ont recours à une violence occulte contre leurs citoyens, alors que l’on assiste au niveau international à l’apparition d’un terrorisme étatique. Nous nous intéresserons donc à voir comment la théorie est passé de la terreur au terrorisme.

          L’utilisation systématique de la peur dans les rapports politiques a-t-elle toujours été une réalité ?

        Nous traiterons dans un premier temps le la naissance et des évolutions de la terreur dans son sens politique, puis des différentes formes de terrorismes qui en découlent — de manière exhaustive.

  1. La terreur comme politique de gouvernement
  1. La Terreur française, une réponse nouvelle à une dynamique révolutionnaire

        La terreur dite moderne, ou terrorisme d’Etat, nait avec la révolution française. Le terrorisme d’Etat peut se définir selon deux acceptions. Il représente l’agression d’un Etat sur un autre, qui pas autorisée par le CSNU et qui ne répond pas non plus au principe de légitime défense. Il qualifie aussi l’oppression et la terreur qu’exerce un Etat sur sa population. Nous nous intéresserons ici à la deuxième perception de ce type de terrorisme. Patrice Gueniffey justifie cette violence politique en considérant qu’elle est « le produit de la dynamique révolutionnaire ». En plus de constituer l’acte fondateur de la terreur moderne, la Terreur permet aussi de comprendre et de définir « l’usage stratégique de la violence par l’appareil d’Etat ». C’est ainsi que la terreur se transforme en politique de gouvernement, frappant de manière injuste les citoyens français — alors que le régime politique qui l’emploi se revendique partisan de l’égalité. La terreur en tant que régime politique vise donc, par la mise à disposition de l’armée au pouvoir politique, à imposer un nouvel ordre politique, social et économique. La fin, à savoir la souveraineté populaire, justifie donc les moyens violents employés.

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