La Science Politique Doit-elle « considérer les faits sociaux comme des choses », Durkheim.
Documents Gratuits : La Science Politique Doit-elle « considérer les faits sociaux comme des choses », Durkheim.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar louloudec • 21 Avril 2013 • 1 972 Mots (8 Pages) • 2 015 Vues
Durkheim est le premier à avoir formulé l’affirmation selon laquelle il faut « considérer les faits sociaux comme des choses ». Elle est la première des règles à appliquer dans sa méthode sociologique. Or quelle est la fin que Durkheim se propose en cherchant à déterminer les règles de la méthode sociologique ? C'est de faire sortir la sociologie du stade préscientifique, d'aider à la constituer en une science qui se distingue de la spéculation philosophique. D'ailleurs, pour Durkheim, la sociologie est une science naturelle. Selon lui les faits sociaux "consistent en des manières d'agir, de penser et de sentir, extérieures à l'individu, et qui sont doués d'un pouvoir de coercition en vertu duquel ils s'imposent à lui." Si les faits sociaux peuvent être ainsi une simple coercition de facteurs, il est donc possibles d’étudier ceux-ci afin d’en tirer des conclusions d’ordres générale.
Pour comprendre ce à quoi peut conduire une telle proposition il faut l’inscrire dans le mouvement contemporain dans lequel celle-ci s’inscrit. C’est la science moderne qui considère la science politique comme une science au même titre que les autres, ce qui induit que celle-ci soit autonome et émancipée. Dans cette perspective, la science politique fait partie « des sciences sociales » qui se sont voulues scientifiques sur le modèle des sciences de la nature. Cette proposition vient d’abord de la sociologie (Auguste comte, Karl Marx, Émile Durkheim, Max Weber) mais dans une moindre mesure de l’économie (Adam Smith, David Ricardo, Karl Marx, Léon Walras). Mais l’application de la science moderne à la politique a été plus tardive car la tradition Grec de la politique en a fait prioritairement un sujet philosophique. La science politique moderne n’a fait que reprendre à son compte les principes développés par les autres sciences sociales et qui peuvent se résumer aux principes positivistes. C'est-à-dire que l’on ne s’intéresse plus au pourquoi mais au comment, ou seules les jugements de faits ou de réalités sont de la compétence de la science. Seulement quand on parle des faits sociaux, on parle de l’humain et nom d’objet, ceci implique que l’on puisse analyser l’humain de manière neutre et donc extérieur à soit même car la méthode scientifique est une, elle doit donc être indépendante de son objet.
On peut s’interroger sur le degré d’objectivité d’une telle démarche, pour cela nous étudierons d’abord les règles des méthodes sociologiques établies par Durkheim. Puis on s’interrogera sur les conséquences et les modalités d’application d’une telle proposition.
I. Les règles de la méthode sociologique, étudier les faits sociaux comme des choses
A) Le fait social selon Durkheim
Émile Durkheim a été le fondateur de cette transposition de la science des éléments naturels aux phénomènes sociaux. « Il faut considérer les faits sociaux comme des choses ; il faut considérer les phénomènes sociaux en eux-mêmes, détachés des sujets conscients qui se les représentent. » Une telle proposition implique que le fait social soit extérieur à l’homme, qu’il préexiste en quelque sorte à l’individu et qu’il s’impose ensuite à lui comme une contrainte. L'homme n'agit pas librement mais son comportement dépend d'un contexte social qui le fait agir. Pour Durkheim, les faits sociaux sont redevables de la même analyse que les faits naturels et sont donc des objets de science. L’intérêt c’est qu’ils peuvent alors être mesurés et testés. Dans sa célèbre étude sur le suicide de 1895, Durkheim utilise des statistiques pour établir un lien de cause à effet entre le nombre de suicides et les catégories sociales. C’est ainsi qu’il montre que le suicide, l’acte individuelle par excellence, est en fait un phénomène que l’on doit relier à d’autres phénomènes sociaux qui en sont la cause et que l’on peut chiffrer et analyser. À titre d’exemple, il va démontrer que les célibataires se suicident plus que les personnes mariés. Son approche consiste à dire que l’individu est dépendant du milieu dans lequel il vit. Il existerait donc une loi sociologique qui est dut au rapprochement entre le suicide et l’identité des groupes sociaux dans un rapport de causes à effet qu’il est alors possible de mesurer. Il a ainsi contribué au développement d’instruments scientifiques modernes tels que les statistiques ou les sondages dont l’utilisation c’est plus que démocratisé dans tous les domaines d’analyses sur lesquelles sont amenés à se porter les sciences sociales aujourd’hui. De ce point de vu, un fait est donc social dès qu'il présente une régularité statistique.
B) L’utilité d’une telle méthode en science politique
Si on considère la science politique dans une perspective scientifique, il est indispensable de se départir de l'objet de recherche. Pour un sociologue qui par définition étudie les faits sociaux mais qui n'en demeure pas moins immergé dans la société, il est nécessaire de prendre un certain recul par rapport à celle-ci. D'où l'intérêt de considérer les faits sociaux comme des choses, cela afin de mieux les appréhender et afin d'être en mesure d'énoncer certaines vérités les concernant. Cette méthode établit par Durkheim se veut objective. Avoir une vision scientifique de ceux-ci en les observant de l’extérieur, ce qui revient à affirmer que l'explication des faits sociaux ne peut être perçue directement. Ceux-ci supposent une démarche préalable d’extériorisation. Cela revient à dire que ces phénomènes, comme pour les faits physiques, ne sont pas immédiatement transparents pour l'intelligence et qu'il faut donc recourir à cette démarche en utilisant l’observation et l’expérimentation.
En somme, Durkheim ne donne plus un but social à la sociologie, mais veut la créer comme une véritable science autonome, conforme au modèle des autres sciences, dont l’objet serait le fait social. À travers les techniques mises progressivement au point à partir de cette méthode (échantillonnage, interviews, codage des données, analyses statistiques), ce qui était de l’ordre du psychique et de l’individuel devient objectivé et collectif. Sur un plan strictement pratique, les faits sociaux sont alors susceptibles
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