Peace & Conflict Management
Rapports de Stage : Peace & Conflict Management. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 5 Décembre 2013 • 1 795 Mots (8 Pages) • 829 Vues
L’évaluation PCIA sur Madagascar cherche à établir l'effet de l'aide étrangère et des politiques de développement sur les facteurs poussant au conflit ou soutenant la paix à Madagascar. Évitant des déclarations normatives au sujet de la crise politique courante, cette étude offre des conseils sur les principaux défis faisant face aux programmes de développement ainsi que les opportunités pour renforcer les structures promouvant la paix. La recherche se concentre sur la compréhension des effets des stratégies de développement passées, présentes et futures sur la capacité institutionnelle ; la sécurité d'Etat, sociétale et humaine ; les structures et processus politiques et économiques ; ainsi que sur la (re)construction et responsabilisation sociale.
Ce n'est pas l'objectif du PCIA de suggérer des manières concrètes pour l’amélioration de l'efficacité de l'aide à Madagascar, ni d’apporter des recommandations spécifiques liées à la programmation opérationnelle. Au lieu de cela, l'étude reprend à cœur le message principal de la « Feuille de route 3C » et regarde comment un manque de cohérence, de coordination et de complémentarité de la part de la communauté des donateurs internationaux a affecté les dynamiques sociales, économiques et politiques de Madagascar. Le but du PCIA n'est pas tant de fournir aux différentes parties prenantes des solutions, mais plutôt de les inviter à penser et aborder l’environnement dans lequel ils opèrent sous différents angles, et de leur fournir de la matière aux réflexions critiques à porter sur la conception et la mise en œuvre des programmes de développement.
Depuis son indépendance en 1960, Madagascar n'a pas connu de violence à grande échelle, et le PCIA n'est pas une évaluation d'impact post-conflit. La présente étude constitue plutôt une analyse des tensions résultant des aspirations au pouvoir des chefs politiques, des aspirations économiques des entrepreneurs, et d'une variété d'autres intérêts poursuivis par une multitude de groupes et d'individus. De telles tensions sont une partie intrinsèque de la politique, et le défi posé à l’Etat et à la société est celui de développer des institutions de telle manière que les tensions émergeant normalement de la confrontation d’intérêts contradictoires soient transformées en énergie positive et productive plutôt que de devenir des facteurs de désordre et de violence. La toile de fond de cette évaluation n'est pas le conflit ayant déjà eu lieu, mais les signes inquiétants que l'absence d'un appareil d'Etat fonctionnel depuis le début de la crise politique actuelle il y a 18 mois a permis à certains acteurs prédateurs de consolider leur position sur l'île. Les ressources naturelles abondantes du pays sont en train d’être excessivement exploitées aux dépens des Malgaches et de l'écosystème fragile de l'île.
Le PCIA différencie entre les lignes de fractures sociétales, les moteurs de conflits et les amplificateurs de conflits. Ceux-ci ont été distillés au moyen d'un processus élaboré de recherche des données, de 150 entrevues d'informateurs clés, et d’un choix d’études de base commanditées. Le but n'était pas d’établir et d’évaluer une hypothèse, mais de s'engager dans un dialogue critique avec des chercheurs indépendants, des responsables de développement, des décideurs malgaches, des acteurs civils de la société et la communauté diplomatique. Pour mettre en place ce processus, il a fallu identifier et déconstruire d’un œil critique les discours communs mis en avant par nos interlocuteurs, s'engageant de ce fait dans la reformulation séquentielle de nos arguments pendant cinq mois. Le PCIA est un processus participatif, pas un outil d'évaluation, et l'apprentissage commun amorcé par cette étude est autant le produit final que le document actuel.
Les trois principales lignes de fractures identifiées sont la division entre une culture orale de l'autorité et les écrits de l'administration de l'Etat, la disjonction entre les centres économiques et la périphérie, et la séparation concomitante entre une élite principalement urbaine et des régions rurales défavorisées. Ces lignes de fractures entretiennent les conditions pour une haute concentration du pouvoir et de l'influence économique au niveau central, de ce fait affaiblissant paradoxalement la capacité de l'Etat et son action sociale en périphérie. Le cercle vicieux qui en résulte accentue et aggrave continuellement ces trois lignes de fractures.
Bien que n’entretenant pas nécessairement des relations causales avec elles, ces lignes de fractures sont liées à une série de moteurs de conflits, notamment l’exclusion sociale et la déresponsabilisation, un manque de capacité au niveau du gouvernement local, et l'état disparate du secteur de la sécurité. Plus important encore, le manque de structures du gouvernement local permet à des groupes d'élites de demeurer non réprimés. Dans les luttes de pouvoir et dans les luttes pour des avantages économiques auxquelles se livrent les élites, le mécontentement permanent parmi les exclus et les parties déresponsabilisées de la société fournit un réservoir certain de ressources utilisables pour déstabiliser et renverser un gouvernement central. L'incapacité totale des forces de sécurité malgaches à empêcher le crime, à assurer la sécurité des communautés, et à réprimer les émeutes et le malaise social d’une manière professionnelle alimente la dynamique de conflit et la volatilité de l'autorité gouvernementale.
Ces moteurs de conflits sont à leur tour amplifiés par les faiblesses du secteur des médias, caractérisés par leur teneur superficielle, un manque de formation et de protection des journalistes, et l'incapacité d'agir en tant qu'intermédiaire efficace entre les autorités étatiques et l'électorat. De plus, la forte polarisation des médias contribue activement à l’instrumentalisation par les élites des populations pauvres urbaines et rurales.
On peut retracer les
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