L'UE à L'heure De Son Rendez-vous démocratique

Le timing est particulièrement approprié pour faire un état de l’Union Européenne et comprendre l’importance des élections européennes. En effet, ces dernières auront lieu entre le 22 et le 25 mai de cette année. 400 millions de citoyens européens seront appelés à désigner les 751 membres du Parlement européen ou “eurodéputés” qui les représenteront pendant cinq ans. Les partis politiques engagent une campagne électorale qui devra permettre pour la première fois aux citoyens de choisir la politique européenne qu’ils veulent.

A cette occasion, M. Alain Lamassoure, désigné tête de liste pour la circonscription Ile-de-France pour les élections européennes de 2014, nous a fait l’honneur d’exposer son point de vue sur l’importance de ces élections lors d’une conférence programmée à ce sujet.

Selon lui, l’année 2014 marque un tournant pour l’Europe. La crise de 2008 est maintenant derrière nous pour l’essentiel. De ce fait, les dirigeants européens, le Parlement européen et la Commission européenne peuvent désormais consacrer la majeure partie de leur temps à définir une orientation qui permette de recommencer à construire, investir et élaborer de nouveaux projets. D’autre part, pour la première fois, l’Europe sera quasiment pleinement démocratique. En effet, le chef de l’exécutif européen sera élu par les citoyens européens. C’est le traité de Lisbonne qui a permis ce véritable progrès démocratique. Depuis 4 ans, il a introduit de nombreux progrès : il a réparti les compétences de manière raisonnable et consensuelle entre l’Union Européenne et les Etats membres, et a mis en place des procédures de décisions nettement plus démocratiques. Désormais, le traité de Lisbonne prévoit donc que le Président de la Commission Européenne sera élu sur proposition du Conseil européen par le Parlement européen au lendemain des élections européennes et au vu des résultats de ces dernières.

Jusqu’à présent le Président de la Commission Européenne était désigné, nommé, comme un haut fonctionnaire international, comme le secrétaire général de l’ONU, le directeur général du FMI … c’est-à-dire par accord entre les dirigeants des grands pays. Quelle que soit la qualité du personnage, son autorité politique était limitée par sa légitimité. Mais ce système touche à sa fin. A l’approche des élections, les grands médias s’organisent pour mettre en place des débats et livrer à la connaissance du public les opinions des candidats. De cette façon, les citoyens européens découvriront le véritable enjeu de ces élections européennes : le choix d’une politique de l’Europe. Cela enlèvera à l’Europe son statut de bouc-émissaire. Fort de sa légitimité, le dirigeant européen assumera ses responsabilités et on ne pourra plus rejeter la faute sur l’Europe dès que quelque chose ira mal (comme cela a été fait avec la crise Grecque par exemple).

On assiste à la naissance d’un peuple européen. Auparavant, chaque pays était replié sur lui-même et chacun se préparait à la guerre contre l’autre. Quand on connaît le passé de la France et de l’Allemagne et la relation de ces deux pays aujourd’hui, on peut être optimiste quant à certaines situations actuelles comme celle entre la Palestine et Israël. D’autre part, les phénomènes de migration se sont considérablement accélérés depuis la naissance de l’Europe. Aujourd’hui, 13 000 européens vivent dans un pays européen qui n’est pas leur pays d’origine. Il est devenu nécessaire de gérer une vie européenne commune et d’achever la construction européenne comme une communauté urbaine.

Toutefois, il ne s’agit pas de construire un état commun européen. Chaque nation est profondément attachée à son indépendance et à sa culture et n’a aucune envie de les voir disparaître. Il ne s’agit donc pas ici de construire une Europe des Etats-Unis mais une Europe des nations.

Il faut donc inventer un programme européen qui permette de proposer une manière de vivre ensemble dans une communauté urbaine qui partage des valeurs communes sans pour autant dissoudre celle de chacun. Le monde n’a jamais connu une période aussi prospère que depuis une quinzaine d’années, à l’échelle de la planète. On a vu un taux de croissance atteignant les 10% en Chine et en Inde, 7% en Amérique Latine, l’Afrique tourne à 5 à 6% par an, mais l’Europe est à 1%. Pourquoi ?

Selon Alain Lamassoure, « la vraie crise proprement européenne commune à tous les pays européens – sans aucune exception, de l’Allemagne à la Grèce – reste ce taux de croissance plat et persistant qui a précédé la crise de Lehmann Brothers. » L’Europe a perdu le secret de la croissance et ceci s’explique par le vieillissement se sa population qui ne se renouvelle pas assez. Si nous ne trouvons pas le moyen de retrouver un dynamisme démographique soit par la maternité soit par l’immigration, nous ne retrouvons pas le taux de croissance que nous espérons.

De plus, dans chacun des pays européens, nous appliquons la préférence européenne en matière commerciale, de service, et de finance. En effet, nous réalisons les deux tiers de nos échanges extérieurs avec nos partenaires européens. Pourtant, en matière de circulation de personne, c’est comme si nous appliquions le contraire : une préférence non européenne.

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