Le sacre de Pépin le Bref

Evan Cadro                                                                                         18/10/2021

TD1

                    TD Droit des Institutions : Le sacre de Pépin le Bref

________________________________________________________________________

________________________________________________________________________

        "Je t’oins pour la royauté de l’huile sanctifiée, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit". C’est de cette façon que l’archevêque s’adressait au roi qu’il sacrait. La cérémonie du sacre symbolise le lien entre Dieu et le roi. C’est la cérémonie religieuse par laquelle l’Église reconnaît à un souverain une autorité de droit divin, qui le distingue des autres laïcs. Le but de cette cérémonie est d’accroître la légitimité d’une dimension religieuse du roi sacré. Le sacre vient originellement des rois juifs qui étaient eux-même sacrés, cependant, on considère que la sacre est une innovation carolingienne. Tout commence avec les querelles entre l’Église et  l’empereur d’Orient, au début du VIIIème siècle, auxquelles la papoté s’éloigne de l’empereur. Cette papoté va alors venir trouver les rois francs, qui vont devenir les protecteurs de la papoté. En contre-partie, cette dernière va aider les carolingiens à introduire la cérémonie du sacre. Avant de mourir, en 741, Charles Martel avait organisé un partage de la Gaule Franque entre ses deux fils : Pépin à qui revient la Neustrie, la Provence, l’Aquitaine et la Bourgogne ; et à Carloman à qui revient l’Austrasie et la Thuringe. Les deux frères ne sont que les maîtres du royaume mais ne détiennent pas, pour autant, le titre royal. Le trône est vacant depuis la mort de Thierry IV en 737. Ils y installent Childéric III, en 743. Par cet acte, les deux frères on la volonté de maintenir juridiquement l’État.  Ainsi, secondé par Carloman, Pépin doit faire face à de nombreuses révoltes. Elles sont réprimées en Alsace, en Saxe, chez les Alamans de 742 à 746. Peu après, Carloman abdique en faveur de son frère pour se faire moine à l’abbaye italienne du mont Cassin en 747. Pépin reste donc l’unique maire du palais. Par la suite, Pépin pense que les conditions sont favorables pour prétendre au trône. Prudent, il demande conseil auprès du pape Zacharie, qui lui donne son approbation : « Mieux vaut appeler roi celui qui possède le pouvoir. » Childéric III est donc destitué pour incapacité. Pépin se fait alors élire roi des Francs par une assemblée des grands du royaume, au « champ de mai » de Soissons. C’est un véritable coup d’État. Le maire du Palais, Pépin le Bref, fut le premier à inaugurer la cérémonie du sacre en 754 à Soissons, par alliance avec l’Église catholique afin d’assurer sa légitimité devenant ainsi roi des Francs. Pépin est non seulement élu par le peuple, mais aussi par Dieu, par lequel il légitime alors son coup d’état en 754. Le sacre perdure durant plus d’un millénaire, jusqu’au dernier sacre du roi de France Charles X, le 29 mai 1825. Par le sacre, le roi augmente la légitimité de son pouvoir. Comment le sacre légitime-t-il le pouvoir royal ? Le sacre est source de légitimité divine (I) mais le sacre assure aussi le pouvoir royal (II).  

        I. La cérémonie du sacre a une dimension divine. En effet, lorsque Pépin le Bref, premier roi sacré, se voit recevoir l’onction, la croyance populaire de l’époque considère que le monarque reçoit de la Providence, la mission de conduire le peuple de Dieu vers la Cité éternelle. Cependant, si ce pouvoir vient du Ciel, il est confié au roi par l’intermédiaire du peuple, ainsi, pour le bien commun. Par cette action, la légitimité de Pépin est désormais établie, mais elle implique des obligations. Le souverain en devenant un personnage sacré, est tenu, en contrepartie, d’assurer la protection de l’Eglise. Par exemple, en 754, le pape Etienne II est inquiété par l’avance des Lombards sur Rome et  vient alors trouver le nouveau roi des Francs pour le supplier d’intervenir. Après avoir obtenu la promesse écrite de son intervention, le pape procède personnellement, à Saint-Denis, au renouvellement du sacre de Pépin en 754, puis au sacre de ses fils, Charles et Carloman. Le roi, comme ses descendants, est montré alors comme l’élu de Dieu. Après cette confirmation solennelle, Pépin s’occupe de sa promesse faite à l’Eglise et prend la tête de deux expéditions en Italie contre les Lombards, auxquels il libère les territoires pris par les Lombards pour les remettre à la papauté. Ces territoires libérés consolident le pouvoir temporel du pape.

...