La justice ne peut-elle s'appliquer qu'en vertu du droit naturel
Dissertation : La justice ne peut-elle s'appliquer qu'en vertu du droit naturel. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 29 Avril 2012 • Dissertation • 2 504 Mots (11 Pages) • 2 009 Vues
EXEMPLE 1
« Seul le droit naturel, produit de la Raison humaine, et peut-être d’une intuition supérieure, peut nous fournir une idée universelle et valable de la justice. », affirme Léo Strauss (Droit naturel et histoire, 1953).
Vous direz dans quelle mesure on peut souscrire à ce jugement en vous aidant des œuvres au programme.
1) MISE EN PLACE DU SUJET :
- Léo Strauss installe ici un débat classique entre le droit naturel et le droit positif. L'un et l'autre ont encore aujourd'hui leurs partisans et leurs détracteurs, tant nous sommes avec cette question au cœur d'une problématique essentielle de la justice dans ses rapports avec le droit : celui-ci est-il issu d'une norme universelle, produit de Dieu ou de la Raison ? est-il au contraire installé dans la précarité, la variabilité des sociétés humaines, comme Montaigne a pu le soutenir ? Léo Strauss se prononce clairement pour la première position, c'est-à-dire pour le droit naturel, et plutôt donc contre une vision moderne installée, elle, dans le relativisme juridique.
- Notre sujet nous convie à examiner cette position en nous demandant si l'affirmation d'un droit naturel est la condition indispensable de la justice, si, en d'autres termes, un certain abandon de la pensée au relativisme juridique exclut la possibilité de toute justice.
► PROBLÉMATIQUE : La justice ne peut-elle s'appliquer qu'en vertu du droit naturel ?
Aidez-vous des éléments suivants (des citations, utilisables dans l'une ou l'autre des trois parties, vous sont fournies dans le désordre) pour étoffer le plan :
CITATIONS
1. Il n'est pas possible que Dieu fasse jamais rien d'injuste; dès qu'on suppose qu'il voit la justice, il faut nécessairement qu'il la suive: car, comme il n'a besoin de rien, et qu'il se suffit à lui-même, il serait le plus méchant de tous les êtres, puisqu'il le serait sans intérêt. Ainsi, quand il n'y aurait pas de Dieu, nous devrions toujours aimer la justice, c'est à dire faire nos efforts pour ressembler à cet être dont nous avons une si belle idée, et qui, s'il existait, serait nécessairement juste. Libres que nous serions du joug de la religion, nous ne devrions pas l'être de celui de l'équité. Voilà (...) ce qui m'a fait penser que la justice est éternelle et ne dépend point des conventions humaines; et, quand elle en dépendrait, ce serait une vérité terrible, qu'il faudrait se dérober à soi même.
Montesquieu, De l'Esprit des lois.
2. La justice est humaine, tout humaine, rien qu'humaine. C'est lui faire tort que de la rapporter, de près ou de loin, directement ou indirectement, à un principe supérieur ou antérieur à l'humanité.
Proudhon, De la justice dans la Révolution et dans l'Eglise.
3. Ils sont plaisants, ces philosophes quand, pour donner quelque certitude aux lois, ils disent qu’il en est certaines qui sont fermes, perpétuelles, et immuables, et qu’ils nomment naturelles, qui sont inscrites dans le genre humain du fait même de leur essence propre. Et de celles-là, il en est qui en comptent trois, d’autres quatre, les uns plus, les uns moins : signe que c’est là une marque aussi douteuse que le reste ! Or ils sont si malchanceux — car comment appeler, sinon malchance, le fait que dans un nombre infini de lois, on n’en trouve même pas une seule à qui la chance et l’audace du sort aient permis d’être universellement reconnue par tous les peuples ? — ils sont si malchanceux, dis-je, que des trois ou quatre lois qu’ils ont choisies, il n’en est pas une seule qui ne soit désavouée, et pas seulement par un peuple, mais plusieurs. Et pourtant, l’approbation universelle est bien le seul critère vraisemblable sur lequel fonder l’existence de lois naturelles : car ce que la nature nous aurait vraiment ordonné, nous le suivrions sans aucun doute d’un commun accord. Et c’est non seulement tout peuple, mais tout individu qui ressentirait la force et la violence que lui ferait subir celui qui voudrait le pousser à transgresser cette loi. Qu’ils m’en présentent donc une de ce genre !
Montaigne, Essais.
4. Il y a depuis la petite enfance jusqu'à la tombe, au fond du cœur de tout être humain, quelque chose qui, malgré toute l'expérience des crimes commis, soufferts et observés, s'attend invinciblement à ce qu'on lui fasse du bien et non du mal. C'est cela avant toute chose qui est sacré en tout être humain. Le bien est la seule source de sacré. Il n'y a de sacré que le bien et ce qui est relatif au bien.
Simone Weil, Écrits de Londres et dernières lettres.
5. Ils confessent que la justice n'est pas dans ces coutumes, mais qu'elle réside dans les lois naturelles communes en tout pays. Certainement ils le soutiendraient opiniâtrement si la témérité du hasard qui a semé les lois humaines en avait rencontré au moins une qui fût universelle. Mais la plaisanterie est telle que le caprice des hommes s'est si bien diversifié qu'il n'y en a point.
Le larcin, l'inceste, le meurtre des enfants et des pères, tout a eu sa place entre les actions vertueuses. Se peut-il rien de plus plaisant qu'un homme ait droit de me tuer parce qu'il demeure au-delà de l'eau et que son prince a querelle contre le mien, quoique je n'en aie aucune avec lui ? Il y a sans doute des lois naturelles, mais cette belle raison corrompue a tout corrompu.
Pascal, Pensées.
6. Nous devons imaginer que ceux qui s'engagent dans la coopération sociale choisissent ensemble, par un seul acte collectif, les principes qui doivent fixer les droits et les devoirs de base et déterminer la répartition des avantages [...] Le choix que des êtres rationnels feraient, dans cette situation hypothétique d'égale liberté, détermine les principes de la justice.
J. Rawls, Théorie de la justice.
7. La justice est un idéal irrationnel. Si indispensable qu’elle puisse être à la volonté et à l’action, elle échappe à la connaissance rationnelle et la science
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