La démocratie Protestataire
Dissertation : La démocratie Protestataire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jdelagrange • 31 Mars 2013 • Dissertation • 2 568 Mots (11 Pages) • 644 Vues
Les mouvements sociaux occupent aujourd’hui une place décisive dans la vie politique Française. Si les formes classiques de la contestation collectives sont pacifiées, de nouveaux modes protestataires qui recourent à la perturbation voire à la violence ont fait leur apparition. Syndicats et grandes associations qui font partie du paysage institutionnel se voient contestées par une multiplicité de mobilisations locales ou spécialisées.
L’histoire politique récente ne manque pas de décisions politiques infléchies ou empêchées par des mobilisations d’ampleur (retrait de la loi Savary pour l’école libre en 1984, annulation de la réforme des universités d’Alain Devaquet en 1986, renoncement au CPE en 2006, et récemment le mouvement des « pigeons » en réaction au projet de loi de finances 2013 ou mobilisation contre le projet de L’aéroport de Notre Dame des Landes).
Reconnaître aux mouvement sociaux la place qui leur revient dans le paysage politique et social exige au préalable d’en dresser un portrait réaliste et lucide basé sur une étude attentive. Au delà de ce portrait, il convient aussi d’apporter des éléments de clarification de leur rôle et de leur poids réels sur la scène politique, bref de leur situation dans la vie démocratique.
La reprise de la conflictualité
La vie politique Française n’est plus seulement rythmée par la succession des élections mais également par celle des mobilisations d’ampleurs et des coups d’éclat protestataires (occupations d’églises par les sans-papiers, d’antennes de l’ANPE par les chômeurs, « Eurogrève » contre la fermeture de l’usine Renault de Vilvoorde, marches européennes contre le chômage, défilés contre la création du PACS, campagne nationale contre la double peine, menace des salariés de Cellatex de faire sauter leur usine, « fauchages volontaires » de plantes génétiquement modifiées, protestations des médecins urgentistes, mouvement contre la réforme des retraites dans la fonction publique, mobilisation contre la réforme des universités, campements des Enfants de Don Quichotte,..).
Toutes ces manifestations ne sont pas parvenues au succès, mais bon nombre d’entre elles sont parvenues à engranger des avantages substantiels et d’autres sont parvenues à imposer la reconnaissance de l’existence politique de certains groupes et de légitimité de leurs revendications.
Aujourd’hui la contestation collective semble profondément inscrite dans le paysage politique.
Le retour à la question sociale
Dans leur écrasante majorité ces mouvements expriment à un titre ou un autre une volonté de résistance à la dégradation de la situation économique et à la remise en cause d’un modèle de société.
Le constat s’impose s’agissant des mouvements directement engagés sur les terrains de l’emploi et des services publics (mobilisation des salariés contre la fermeture de leur entreprise, protestation contra la fragilisation des services publics, hôpitaux, enseignement et recherche, services postaux,..).
Il s’impose également s’agissant des mouvements menés en défense des populations économiquement vulnérables (stagiaires, chômeurs, mal-logés,..).
Mais il apparaît également pertinent s’agissant de mouvements apparemment éloignés des enjeux économiques et sociaux (mobilisation contre le sida, contre la fermeture de centres IVG, les sans papiers ou le refus des plantes OGM,..). Une des clés des mouvements altermondialistes a été de rassembler un grand nombre de ces causes en leur désignant un adversaire commun : le néolibéralisme économique.
Une posture défensive sans perte de combativité
L’esprit offensif de mai 68 s’est dissipé, laissant la place à une posture défensive. : Davantage que la revendication de nouveaux avantages, c’est la préservation devant ce qui les menace qui tend à prévaloir. (Les conflits liés à l’emploi prédominent sur ceux liés aux salaires, les revendications pour les sans papiers revendiquent des régularisations individuelles, alors qu’en 1981 elles exigeaient une régularisation généralisée).
Il convient de constater parallèlement l’affaiblissement de certains outils de lutte dont en premier lieu la grève. Le nombre de journées individuelles non travaillées (JINT) est passé de 4 millions par an dans les années 1970 à moins de 1 million par an dans les années 1990.
La disproportion entre les secteurs est elle aussi significative, le secteur public représente la majorité des JINT alors que ses effectifs sont huit fois moins importants que dans le privé.
Ce déclin peut s’expliquer par une tertiarisation de la main d’œuvre, une précarisation des conditions d’emploi, une valorisation de la négociation, une individualisation des conflits mais aussi la diminution de grandes unités de production au profit d’entreprises plus petites. Sans omettre de rappeler que la perte de revenu exerce un effet dissuasif sur les salaires les plus modestes.
Il ne faut pas pour autant en déduire un effondrement de la conflictualité dans les entreprises, d’autres pratiques protestataires se développent comme le débrayage, les grèves tournantes, les manifestations ou encore le refus d’heures complémentaires).
Des syndicats dépassés
Les formes nouvelles de mobilisation comme les comités de soutien, les collectifs,… pourraient laisser penser que les syndicats autrefois fer de lance de la conflictualité sociale, n’ont plus un rôle central.
La bureaucratisation et l’institutionnalisation des syndicats sont souvent dénoncées et les animateurs syndicaux perdent progressivement le contact avec leur base pour peupler les instances paritaires mises en œuvre par les pouvoirs publics au nom du « dialogue social ».
Il ne faut pas non plus nier que la simple présence syndicale est rendue impossible dans bon nombre d’entreprises.
La baisse de combativité des organisations syndicales dominantes pousserait alors les travailleurs à rechercher ailleurs d’autres cadres collectifs mieux adaptés à la conduite d’une lutte déterminée.
Ainsi la décennie 80 a vu l’émergence des coordinations (étudiants, infirmières, cheminots, instituteurs) dans des secteurs où le syndicats étaient soit faibles, soit contestés par leur base.
Le critique des syndicats et la prétention à vouloir se substituer à eux sont encore plus manifestes au sein des comités et autres collectifs récents. Ces collectifs se caractérisent par un refus des organisations « formelles » trop «
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