L'abstention : déficit démocratique ou vitalité politique? - Anne Muxel.
Étude de cas : L'abstention : déficit démocratique ou vitalité politique? - Anne Muxel.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar rols • 18 Novembre 2016 • Étude de cas • 1 292 Mots (6 Pages) • 1 714 Vues
ANNE MUXEL, « l’abstention : déficit démocratique ou vitalité politique ? » Pouvoir 1/2007 (n°120) Pages 43-55.
Anne Muxel est docteur en sociologie, et directrice de recherche au CNRS en science politique au CEVIPOF, centre de recherches de la Fondation nationale des sciences politiques. Ses travaux sont centrés dans le domaine des attitudes et des comportements politiques, en favorisant d’une part la sociologie électorale et d’autre part les phénomènes de socialisation politique.
Ici il s’agit d’un extrait de la revue n° 120 nommé Pouvoirs paru en janvier 2007 sur électronique Caim.info pour Le seuil.
Bien que le droit de vote soit reconnu de façon étendu, le vote ne va pas de soi, donner le droit de vote ne suffit pas à faire voter. Et depuis plusieurs années on voit en France et dans de nombreuses démocraties occidentales une très nette augmentation de l’abstention sur tous les scrutins et même sur l’élection phare de la 5ème République, l’élection présidentielle qui est traditionnellement celle qui récolte le plus de mobilisation. D’après une étude de Mark N. Franklin portant sur 22 pays démocratiques, il a constaté une chute moyenne de 5.5points de participation. En France par exemple le taux d’abstention est passé de 18.6% en 1988 à 27.8% en 2002 aux élections présidentielles. Le taux d’abstention est toujours vu comme l’indicateur de l’état de santé du système démocratique.
On peut alors penser à un désintérêt de la part des citoyens alors même que la logique voudrait que l’abstention recule, notamment grâce à l’augmentation du niveau d’instruction, la montée du niveau de vie et des classes moyennes.
Mais il ne faut pas traiter l’abstention électoral uniquement sur le mode des conditions de votes, car en effet on peut considérer l’abstention électorale non pas comme un comportement négatif, mais comme un comportement politique à part entière. On peut alors chercher à mettre en évidence les logiques de l’abstention.
Il faut alors se demander quels sont les nouveaux déterminants de l’abstention électorale qui remettent en cause l’idéal type déjà consensus ? Et si l’abstention électorale devient-elle un nouveau type de comportement électoral ?
L’auteur a utilisé les données de CEVIPOF, du baromètre CIDEM 2006, et de l’INSEE en 2003 et 2004 ainsi que de l’eurobaromètre de 2004. Elle s’est aussi appuyé sur plusieurs ouvrages comme celui de Pierre Bréchon ou sur des articles de sociologues parus dans Le monde par exemple ou Presses sciences Po.
Selon certaines analyses les électeurs auraient toutes les bonnes raisons de s’abstenir plutôt que de voter, car une grande partie des abstentionnistes pensent que voter ne changera rien. Des études qui ont pu être mené sur le sens que les électeurs donnent à leur vote, montrent que seule une minorité d’électeur estime qu’elle peut exercer une influence sur les gouvernants et sur les politiques menés par le biais du vote. C’est pourtant paradoxal car 92% des français estiment que « voter est un devoir qu’il faut accomplir parce que c’est important ». C’est pourquoi encore aujourd’hui l’abstentionnisme reste en quelques sortes un tabou de la part de ceux qui la pratique, il y a une certaine honte à avouer et assumer s’être abstenue.
Le vote est un droit, donc c’est un acte libre, de ce fait l’abstention est aussi un droit dont les citoyens font usages de plus en plus souvent car le devoir de voter obéit à un impératif moral et social moins fort qu’avant. On a longtemps considéré que les abstentionnistes étaient des citoyens désintéressés mais depuis quelques temps on a fait émerger une nouvelle catégorie d’abstentionniste, de citoyens pourtant impliqué dans la politique. Les abstentionnistes ne constituent donc pas un bloc homogène.
Selon Anne MUXEL il existe deux grands types d’abstentionnistes avec différentes caractéristiques sociologiques et un différend rapport à la politique.
Dans un premier temps il y a les abstentionnistes « hors-jeu politique » qui se définissent comme des abstentionnistes pas intéressé par la politique et restant loin de toute forme de participation et d’implication politique. Ils font en majorités partis des classes sociales défavorisés et sont une catégorie avec peu de diplôme. Cette catégorie relève d’un phénomène d’auto-exclusion, ne se sentant pas concerné ou pas assez compétent pour aller voter. La part des citoyens concernés par cette catégorie n’a pas tellement augmenté depuis ces dernières années.
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