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Etude clinique dc2 DEME

Dissertation : Etude clinique dc2 DEME. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  9 Avril 2019  •  Dissertation  •  2 267 Mots (10 Pages)  •  509 Vues

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        L’Association « La passerelle » est régie par la loi 1901. Créée en 2014, elle a pour but de gérer des lieux de vie et d’accueil (LVA) pour des enfants confiés aux services de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). Elle place le jeune accueilli au centre du dispositif comme le stipule la loi du 2002-2 du 02 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-social. Elle est référée dans son organisation par le Code de l’Action Sociale et des Familles. Aujourd’hui, elle compte deux LVA à dimension familiale avec un agrément d’accueil de 5 jeunes et une place d’urgence ainsi qu’un séjour de répit. Encadré par deux permanents et une coordinatrice, chaque LVA dispose de 3 assistants permanents, un animateur et une maîtresse de maison pour permettre un accompagnement adapté. Ouvertes 365 jours par an, elles prennent en charge des enfants de 12 à 17 ans avec des troubles du comportement, qui rencontrent d’importantes difficultés d’intégration et d’adaptation dans les structures dites « traditionnelles » comme les Maisons d’Enfants à Caractère Sociale ou les familles d’accueil. Ils sont confiés, selon la loi réformant la protection de l’enfance (Loi 2007-293 du 05 mars 2007) au titre d’une mesure judiciaire telle que l’Ordonnance de Placement Provisoire (OPP) ou administrative (contrat avec représentant légal).

Chaque assistant permanent est embauché à temps complet et assure par le biais de roulement un accompagnement jour et nuit pour assurer la continuité et la permanence de l’action éducative. En ce qui concerne les missions, les assistants permanents du lieu de vie doivent accueillir les jeunes dans un cadre sécurisant et contenant en élaborant un projet personnalisé et les accompagner dans les actes de la vie quotidienne individuelle et collective en lien avec les valeurs liées aux relations sociales, familiales, scolaires et citoyennes.

J’effectue des horaires entre 10 et 12 heures en continue sans les nuits de garde. J’assiste à des réunions d’équipe chaque mardi et aux analyses de la pratique une matinée tous les 15 jours. J’interviens au sein d’un binôme d’assistants permanents afin d’accompagner les jeunes dans leur quotidien, lors de rendez-vous médicaux, d’activités extra-scolaire, visites médiatisées, concertations. Je suis amenée à me rendre disponible, à l’écoute, à accueillir leurs demandes et leurs angoisses et ainsi, les soutenir, les conseiller, les informer et rappeler les règles lorsque la situation l’exige. Je participe à l’organisation quotidienne du lieu de vie (courses, repas, planning véhicule, planning de tâches, fiche hebdomadaire…), à la mise en place d’activités durant les temps libres des jeunes (soirées, mercredi, week-end et vacances scolaires), à la réflexion en équipe des projets individuels de l’enfant.

J’ai décidé de porter mon analyse sur un jeune que j’appellerai « Abdel[1] » arrivé depuis juin 2018 sur le lieu de vie. Abdel est âgé de 12 ans. Il est de corpulence moyenne et est très grand pour son âge (1m76, 56kg). C’est le plus jeune de la villa et le dernier accueilli. A mon arrivée, c’est le premier à se présenter à moi. Abdel est souriant, volontaire, il me fait visiter les différents espaces du lieu de vie. Il a un regard appuyé qui me semble charmeur et me sollicite à de nombreuses reprises. Il connaît bien les règles du lieu de vie, connait parfaitement ses tâches mais il faut tout de même le lui rappeler car il peut profiter de notre manque de vigilance pour pouvoir y échapper. Il ne s’oppose jamais à l’autorité d’un titulaire, cependant envers les stagiaires, les remplaçants, l’inverse est visible. Il sait faire face à chaque demande du permanent de manière adéquate et même dans l’excès à certains moments en se portant volontaire à d’autres tâches. Il ne supporte pas les refus et peut avoir un comportement enfantin dans ces moments à me supplier « s’il te plait, allez pour me faire plaisir… » lorsqu’il se rend compte que je ne changerai pas d’avis, il se braque totalement en boudant. Cependant, je participe volontiers à des parties de ping-pong, des sorties en extérieurs notamment des ballades en VTT. Il affectionne particulièrement cette activité, il en fait le mercredi après-midi en club. C’est un jeune qui a besoin de la présence de l’adulte, il n’arrive pas à rester seul.

Il apparait que les moments de repas sont importants pour lui. Je constate qu’Abdel a un très bon appétit et mange tout ce qu’on lui propose en finissant toujours son assiette même s’il semble ne plus avoir faim. Il me dira lors d’une conversation : « si je n’aime pas, je mange quand même ! ». Sa manière de manger me fait penser à celle d’un enfant en plein apprentissage : il fait tomber la nourriture hors de l’assiette, il est dans la précipitation. Il mange rapidement pour pouvoir se resservir systématiquement.

Lors des repas, Abdel essaye souvent de s’exprimer pour capter l’attention mais les plus anciens ne l’écoutent pas. Il a tendance alors, à rire de manières inappropriées : il se force et essaye d’embarquer ses camarades dans ce mouvement. Je retrouve ce même style de comportement lors des autres temps de collectif. Abdel est donc généralement à l’écart du groupe. Cependant, il lui arrive de s’allier aux plus anciens pour brusquer d’autres jeunes plus vulnérables. C’est le cas avec « Samantha[2] », objet de moqueries. Abdel tout comme ses camarades peut la malmener. Il l’attaque dans un premier temps sur son physique « tu as vu ton front ? », « regarde tes pieds ? ». Samantha a le syndrome de Sotos[3] et rencontre de nombreuses difficultés relationnelles (agressivité, irritabilité, crise de colère, retrait). Puis, il la provoque en lui disant « Tu vas faire quoi ? ». En voyant cela, je le reçois dans le bureau. Abdel baisse la tête, n’ose pas regarder l’adulte, adopte un comportement enfantin, avec des larmes avant même d’avoir pu commencer à dire un mot. Pendant ces temps où la parole lui est proposée, Abdel n’exprime aucun ressenti. Cependant, il répète constamment les mêmes faits. Ainsi, à la suite d’une réunion éducative à l’ITEP[4] où j’étais présente, le chef de service et sa référente ont relaté un comportement violent et un air méprisant vis-à-vis d’une éducatrice remplaçante et d’un de ses camarades de classe. À la suite du récit de ces évènements, ils ont fait un point sur son évolution et son inclusion. Abdel est scolarisé à l’ITEP et bénéficie de 3 jours en 5ème SEGPA[5]. Cette rencontre a permis de réfléchir à ses agissements et les répercutions qu’un tel comportement pourrait avoir sur son projet de scolarisation à temps plein en SEGPA. Bien qu’Abdel ait su nous exprimer son désir de renouer avec la scolarité « Un matin, je me suis réveillé en voulant aller au collège et je ne sais pas comment mais à partir de quand je l’ai pensé, j’ai pu le faire !», il n’arrive pas encore à conceptualiser les différentes étapes que suppose la réalisation d’un souhait.

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